jeudi 28 novembre 2013

La position du nihilisme, si elle était claire et tranchée, se résumerait ainsi : l'être est l'ordre; le non-être est le domaine indéterminé du chaos et de la contradiction. Selon cette mentalité, la contradiction crée l'ordre, comme le non-être créé l'être. Si l'être est un domaine qui n'est pas bien délimité, ni authentifié, il est possible qu'il s'épanouisse dans cette incohérence. Le nihilisme ne suit pas une telle exigence de cohérence (le nihilisme ne saurait être cohérent).
Au commencement, la question qui a accouché de la position nihiliste était : comment expliquer la disparition? Ou encore : comment expliquer la traumatisme de la mort? Comment ce qui est a été? Et c’est pour expliquer cette situation dérangeante que le non-être et ses synonymes furent inventés. L’athéisme est une variante du nihilisme, qui ne lui correspond pas en tous points. L’athée peut ainsi considérer que l’absence de Dieu va de pair avec la perpétuité de l’être - ce qui est passe du fait du changement d’être. Le nihiliste ne peut prendre la question du divin au sérieux, car s’il existait, sous une forme ou sous une autre, il serait soumis au manque de pérennité, donc à un état de faiblesse qui est contraint d’admettre à ses côtés le non-être. Le nihiliste va plus loin que l’athée, parce qu’il se contente de ne pas prendre position sur le domaine qui sort de l’existence, quand l’athée décrète déjà que ce domaine n’est pas du tout.