vendredi 16 décembre 2011

Le réel n'est pas égalitaire. Pourquoi? L'égalitarisme impliquerait que l'ensemble du réel est homogène, ce qui ne peut s'établir qu'à partir du constat de sa finitude.
La différence est l'hétérogénéité qui permet de produire la croissance (la création).

jeudi 8 décembre 2011

Le nihilisme ne comprend pas l'infini. Le transcendantalisme promeut l'infini, mais peine à le définir en tant que prolongement. D'ordinaire, les gens peinent à comprendre l'articulation entre fini et infini, entre nihilisme et transcendantalisme.

lundi 21 novembre 2011


Dieu est le lieur.
Dieu est l'unificateur.

vendredi 11 novembre 2011

Il n'y a qu'une possibilité pour  le réel : c'est un espace limité qui s'accroît et s'agrandit d'une manière régulière - convertir le contradictoire en ordre.

dimanche 6 novembre 2011

Pourquoi n'a-t-on jamais reconnu que le nihilisme était la question récurrente du non-être qui parcourt non seulement l'histoire de la philosophie, mais l'histoire de la pensée humaine, en incluant dans ce terme de pensée la question religieuse de type transcendantaliste? Parce que le nihilisme pose le problème de l'univocité et de l'homogénéité du réel. La doctrine de l'Etre, qui s'ancre dans le transcendantalisme polythéiste et accompagne le monothéisme suivant implique de facto l'homogénéité du réel, alors que le nihilisme revendique de manière irrationaliste l'hétérogénéité antagoniste du réel. Derrière l'erreur de l'antagonisme, le nihilisme pose la question cruciale : le réel est composé d'une texture hétérogène - mais non antagoniste, entre être et faire, entre l'être identifié comme fini par Aristote et le faire qui est abusivement appelé non-être en tant qu'incompréhension. C'est au néanthéisme de rétablir la correction, au sens où pour toucher la question de l'hétérogénéité complémentaire et antagoniste, il faut comprendre que le non-être ne peut exister (au sens où l'être est connoté comme le domaine de l'être, tandis que l'existence engloberait l'être et le faire), mais qu'il ne peut y avoir que du quelque chose, et pas seulement de l'être. Le nihilisme exprime la dégénérescence d'une théorie qui se bornerait à théoriser le réel à partir de son seul donné, soit du réel le plus concret et sensible. A ceci près que cette réduction du réel au donné intervient en premier, non en réaction de la théorie transcendantaliste par exemple, mais comme théorisation des sens ou théorisation immédiate.
La domination exprime la tronqure du réel.

mercredi 2 novembre 2011

L'inverse de l'être n'est pas le non-être au sens où le réel serait formé sur le mode du prolongement et de la symétrie (l'inverse). L'inverse de l'être est les contradictions, le pluriel contre le singulier, et manifeste le caractère asymétrique et discontinu du réel. L'enversion implique qu'il n'y ait pas de symétrie dans l'acte de sortir du piège de la contradiction par l'être, mais au contraire qu'il y ait dissymétrie, soit disjonction et irrégularité - de telle manière que la symétrie créerait l'identité au sens du maintien à l'identique, tandis que l'enversion crée du surplus asymétrique et non linéaire. C'est la caractéristique du faire que de créer en enversion de l'être, ce qui implique que le faire n'est pas le domaine fini non viable de la contradiction, mais qu'il contient en lui le terreau de la créativité en tant que l'incomplétude débouche sur le provisoire continu et indéfini (l'infini). Le faire permet le renouvellement de l'être. Le faire double l'être et l'englobe. Initialement, le faire serait à la fois le domaine de contradiction et l'englobant au domaine de contradiction. Puis l'être résolvant le domaine de contradiction par le domaine de non contradiction, le faire désigne surtout la possibilité de croissance néanthéiste de l'être, tandis que le non-être accolé à l'être explique la présence intime et prégnante du faire dans la structure et la composition de l'être.

mardi 18 octobre 2011

Le non-être est un terme qui signale une mauvaise compréhension ou une compréhension déformée, inférieure, dégénérée. La négativité du terme indique sa faiblesse. Le non-être peut être défini comme le faire par enversion de l'état d'être. Il convient d'ajouter à ces deux états superposables et superposés l'impulsion qui permet au faire de se rendre pérenne dans sa détermination d'être et à l'être de croître afin de se poursuivre de manière pérenne : c'est le va-et-vient du reflet en tant que mouvement dynamique, à cette précision que la dynamique est bien infinie et facteur de croissance, mais qu'elle s'opère sur le mode de l'enversion. Le faire peut aussi être défini comme le contradictoire qui trouverait sa résolution dans l'être. La résolution s'établit par le reflet qui est l'infini en ce que l'infini se déroule non pas sur le mode du prolongement homogène mais sur celui de l'enversion hétérogène. Le prolongement se ferait sur un mode linéaire, alors que la croissance implique que l'impulsion découle d'une démarche hétérogène. L'être signifie ainsi ce qui demeure en tant que résultat de la démarche dynamique de croissance. On obtient la pérennité et la viabilité par l'accroissement et non par la stabilité de l'état.
Dieu est celui qui donne du sens, soit le lieur ou le relieur. Lier ou relier au sens où son activité d'impression consiste à proposer le plus simple pour croître et accroître. Dieu est l'unificateur. Simplifier pour croître, c'est que la croissance s'obtient par l'unité : l'unité s'obtient par la croissance, sinon elle est contradictions.

lundi 17 octobre 2011

Le sens du réel consiste à s'accroître. Dans ce contexte, on ne peut savoir en tant que représentation si cette représentation est finale, mais on peut savoir qu'elle est vraie et qu'elle est sans doute transitoire. La vérité est partielle et suit cette courbe de croissance. Le rôle de l'homme dans le réel se dévoile à cette aune : l'homme contribue à accélérer la croissance du réel. C'est en ce sens que l'homme est un animal spécifique.
L'avantage du nihilisme est de permettre l'effort de définition, qui se caractérise par le progrès scientifique. L'inconvénient du nihilisme est de scléroser le progrès en le liant à la définition donnée et de réduire le progrès au scientifique. On a pu vérifier la nature de l'inconvénient avec l'aristotélisme, qui a commencé par produire un progrès scientifique important, puis qui au nom de ce progrès final et arrêté a sclérosé le principe du progrès scientifique en l'inféodant à la norme aristotélicienne donnée - vite dépassée. Norme scientifique; mais aussi norme philosophique, qui induit que la sclérose renvoie davantage aux valeurs supérieures au physique qu'au seul physique.
Toute vision proposant une définition donnée, fixe, stable, claire séduit; mais elle est fausse. Le nihilisme est ainsi une doctrine inférieure et dégénérée par rapport à la vision d'ensemble que l'on peut avoir du réel. Vision réductrice, qui implique que l'on ne conserve du réel que sa partie la plus claire pour proposer de la clarté. Le nihilisme pense que définir une partie signifie définir l'ensemble du réel. Le nihilisme est une vision dégénérée du réel au sens où la structure du réel est infinie et croissante, quand le nihilisme propose une vision tronquée, fixe.

lundi 26 septembre 2011

Le nihilisme exprime l'hétérogène dénié, soit l'homogène tronqueur. Le déni signifie la réduction de ce qu'on ne comprend pas à la catégorie claire et simpliste de l'homogène - en tant que l'homogène est compris.
Dieu est le réalisateur de la croissance. Pour croître, il faut croire.

mardi 13 septembre 2011

Le nihilisme se trouve mû par le principe de réalité maximale (réalisme en ce sens), au sens où il érige une définition maximale et condensée du réel en suivant le principe de la définition - qui est la délimitation ou la finitude. C'est selon cette réalité maximale finie que le nihilisme trouve de l'attrait et du crédit auprès des savants, en particulier des scientifiques : le plus du nihilisme consiste à proposer un espace plus dense en réel qui équivaudrait à son expression archétypale et paroxystique - alors que l'idéalisme platonicien, emblème de l'ontologie antique, dissout le principe de réalité dans l'Etre indéfinissable. C'est l'avantage du nihilisme (notamment sa supériorité pratique en sciences) : l'illusion de réalité et de réalisme qu'il procure.
Le nihilisme se réclame du principe de réalité par l'état fixe et fini qu'il crée, mais cet état, cette définition de la réalité, l'illusion qu'il exprime mieux le réel que l'ontologie par les résultats scientifiques efficaces qu'il produit, ne doivent pas faire oublier que cette réalité dense créée et vantée s'obtient en contrepartie du non-être environnant et majoritaire. La création du néant au sens de non-être est entièrement négative et suinte la farce dans l'effort de réflexion : le non-être renvoie plus qu'à l'indéfinissable, au commode et opportun moyen de créer quelque chose en détruisant en contrepartie ce que l'on vient de créer. Définition du rien : la destruction. Du coup, la question du réel est définie en résolvant la question de la totalité impossible (la complétude du même tonneau) par la poubelle du non-être...
Le principe de réalité cher aux nihilistes repose sur la création antagoniste et indéfinie du non-être, tel qu'il apparaît dans cette appellation intégralement négative de non-être. La structure du réel n'est pas objectivable, mais définissable - au sens où il faut échapper à la définition selon la chose pour passer à la définition selon le reflet (la définition selon la dynamique). Le principe de réalité maximale dissout la réalité maximale fixe dans le non-être, alors qu'il accusait précisément l'idéalisme ontologique de perpétrer la dissolution du sensible dans l'Etre. Le nihilisme sent que la texture du réel n'est pas homogène, mais il répond à cette intuition riche par deux erreurs magistrales :
1) l'antagonisme qui détruit le réel au lieu de l'expliquer de manière constructive;
2) le non-être qui est un pot-pourri de tous les problèmes que pose la définition restrictive et fausse du donné fixe et réifié.
Le nihilisme accroît les problèmes plus qu'il ne les résout. De ce fait :
- la définition du réel en antagonisme est fausse;
- la définition du réel en fixisme/immobilisme est fausse;
- la définition du réel en finitude est fausse.
La définition du réel n'est possible qu'en intégrant l'infini par le décalage et la différence : l'hétérogénéité de la matière réel. La fascination délirante pour le nihilisme provient du fait que le nihilisme propose une définition simple et concrète (maximale en ce sens) du réel, isole le réel, délimite le réel. L'attrait du nihilisme se fonde sur l'obtention d'un quelque chose partiel. Le nihilisme séduit parce qu'il propose quelque chose partiel, même limité et peu étendu. Mieux vaut quelque chose que rien. Cette manière de raisonner repose sur la réduction (typiquement nihiliste) au sens où le principe de réalité maximale s'obtient grâce à l'incomplétude et la partiellité.
Le maximal est en fait le lacunaire, l'inachevé, le manquant. L'obtention d'un réel maximal par le fixisme partiel signifie que la structure du réel ne s'ordonne pas autour du fini et du fixe et que ce recours illusoire à la définition facile et simpliste produit du non-être au sens où ce qui n'est pas de l'être émarge dans la catégorie de ce qui existe en n'étant pas - défini. La définition fixe de ce qui est définit l'être comme le fini et admet du coup que cette définition parcellaire manque la partie du réel majoritaire désignée sous le terme impropre et déficient de non-être, soit que le réel n'est pas réductible au fini/fixe.
La production de non-être ne traduit pas seulement à quel point la définition fixe et fini se révèle impropre et déficiente (lacunaire et inachevée). Elle montre que le réel ne s'ordonne pas autour de l'immobilité et du fini, mais que sa caractéristique est au contraire de produire le réel à partir du fini et d fixe. C'est cette production que le raisonnement nihiliste désigne sous le terme de non-être et qu'il se montre incapable de reconnaître. Le nihilisme prend la partie pour le tout au sens où l'état devient le réel.
Le nihilisme n'est pas capable d'admettre que le réel se déploie sur un plan d'hétérogénéité duel qui est positive. Le nihilisme reconnaîtrait certes que le réel est différent, mais au sens d'antagonisme : le positif de l'être s'oppose au négatif du non-être. Le problème du nihilisme tient dans sa compréhension du positif : pour lui le positif est le statique, le fixe, l'immobile. Or l'immobile crée la partialité au sens du partiel. La complétude est comprise comme l'immobile. Pourquoi l'immobile est-il le partiel?
Parce que le propre du réel est de suivre la dynamique de l'enversion. La dynamique homogène telle qu'elle se trouve diagnostiquée par le transcendantalisme est fasse. Le nihilisme a affirmé l'hétérogénéité antagoniste; par réaction et pour conjurer le péril de la destruction (le non-être), le transcendantalisme oppose à l'antagonisme l'homogénéité. L'homogénéité parvient à prolonger le réel positif et à le compléter avec du quelque chose contrairement au nihilisme, parce que l'on propose qu'une dynamique transcende la contradiction.
La faiblesse du transcendantalisme tient dans la qualité de l'homogénéité qui demeure assez confuse, voire indéfinissable (Heidegger en fin de course métaphysique ne parviendra jamais à la définition de l'Etre, fourvoyé dans son option métaphysique terminale et définitive). La difficulté tient au fait que le réel doit surmonter la contradiction (le transcendantalisme implique cette compréhension), tout en parvenant à définir ce qui surmonte la contradiction.
La contradiction en tant que telle est finie, mais ce qui produit le dépassement de la contradiction ne peut qu'être infini. La définition s'attache à caractériser ce qui est fini. D'où le problème : ce qui est définissable n'est pas le réel, mais la réduction du réel au fini. Et ce qui est fini n'est pas le réel en intégralité, mais une partie du réel, au sens où le réel n'est pas stable et homogène, mais hétérogène et surtout que sa structure dynamique se produit en enversion, par en prolongement/englobement. Le non-être désigne de manière imparfaite et faussée le reflet.
La négativité du non-être indique une imperfection dans la définition, alors que le reflet est une valeur positive. Le reflet est l'infini qui assure la jonction entre les deux états (l'être et le non-être); le non-être ne parvient à définir cette jonction (ce lien) entre les deux états et ne retient qu'eux. Elle serait une déformation et une dégénérescence de la conception cherchant à expliquer l'infini dans le quelque chose si elle n'était première et si elle ne trahissait plutôt l'égarement au moins passager (quoique perdurant) que l'homme entretient en accordant sa confiance aux sens.
La représentation partielle du réel provient de la volonté de complétude. La complétude est une arnaque qui fige le réel. Le principe de réalité cher au nihilisme débouche sur la négation du réel, comme le réalisme maximal que cette position entend défendre aboutit au minimalisme réducteur et passablement ridicule. Vouloir tout dire en ne le disant qu'en partie signifie simplement que l'on commet une erreur monumentale, même s'il s'agit d'une erreur partielle et non d'une erreur totale. Le nihilisme ne manque pas l'ensemble du réel, une bonne part de sa critique est fondée, ce qui explique sa longévité au fil des époques et des cultures.
On peut davantage parler d'erreur partielle que de vérité partielle parce que l'aspect partielle repose quand même sur une déviation fondamentale : l'explication par le non-être de l'inobservance du reflet (de l'infini). Autant dire que la pertinence du nihilisme (l'Etre est critiqué au nom du non-être) va de pair avec la pire des impérities et l'expression caractérisée de la bêtise : ne retenir du réel que le fini et le fixe.
Quant à la question fondamentale, elle devrait davantage s'occuper et s'intéresser de la méthode à suivre pour que le langage qui définit de manière finie puisse aussi définir l'infini. Le nihilisme ne retient du réel que ce qui est fini, c'est-à-dire qu'il postule que le langage ne peut dire l'infini. Wittgenstein le répétera après Gorgias : même si l'Etre existait, on ne peut le signifier. L'Etre pourrait se trouver remplacé à bon droit par l'infini. Pour contredire cette vision, il s'agit d'aller au-delà de la théologie négative et au-delà du platonisme qui considère que c'est par des méthodes pratiques et pragmatiques que l'on peut établir l'Etre théoriquement indéfini (et indéfinissable) : la dialectique toujours ouverte, la liberté ou le religieux.
La théologie ajouterait à cette liste partielle les révélations et les prophéties, soit tout cet aspect du religieux qui renvoie à des phénomènes surnaturels et supérieurs à ce que la raison humaine (sensible) peut concevoir (ce qui ne veut pas dire que la raison soit l'apanage de l'homme engoncé dans le sensible, mais qu'il existe une jonction entre la raison sensible et la raison divine). Les néo-platoniciens et les Pères de l'Eglise se sont risqués à imaginer un néant/Un supérieur à l'Etre, mais ce faisant ils donnent des arguments aux négativistes, puisqu'ils ne définissent pas ce Néant et qu'ils prennent même le risque de le différencier du non-être inférieur de la matière.
Dans le sillage des chrétiens autour de Saint-Jean, on peut affirmer de manière assez mystique (dans un sens noble) qu'au départ était le Verbe et relier ce Verbe johannique au Logos platonicien. Mais force aussi est de constater qu'une fois encore sur des fondements et des principes, le monothéisme au sens large (regroupant le religieux et l'ontologie) sont incapables de prouver ce qu'ils avancent, tout du moins d'un point de vue théorique, puisque les rationalistes avancent non sans faiblesse des preuves pratiques et que les religieux se réclament de miracles contestables, voire invérifiables.
Il convient de dépasser le pragmatisme pour parvenir au théorique dans la définition de l'infini. Il n'est pas possible d'envisager ce progrès dans le cadre monothéiste/ontologique. Comment dire l'Etre alors que l'Etre n'est pas définissable? C'est que la définition par prolongement ne fonctionne pas et que ce qui est ne peut pas non plus être ce qui Est (d'une manière essentielle et absolue, sans qu'on sache bien à quoi recourent ces termes, sauf à rappeler que par l'expérience l'infini existe). L'enversion dans le néanthéisme poursuit sur la lancée du quelque chose universel et intégral, mais considère que le réel n'est pas homogène. Il est hétérogène et se produit selon l'enversion.
Dire selon l'enversion signifie que l'on se délivre du problème de la tautologie consistant à répéter que ce qui est est, avec un prolongement tautologique qui aurait une portée aussi absurde que mystique (cette fois dans un sens confus et illuminé). C'est autour de la catégorie de l'interprétation que se noue le problème de la manière de dire l'infini. Le langage pourrait se subdiviser en deux grandes catégories : il dit les faits et il interprète. Les faits rapportent le langage à l'être fini et à la problématique nihiliste; mais l'interprétation montre la limite de cette position et le fait que le nihilisme est (justement) une interprétation fausse, réductrice et bornée. Sans quoi l'interprétation n'existerai pas et le langage se limiterait au factualisme précis et rigoureux.
Tandis que l'interprétation oblige à considérer que la position du nihilisme au sens large est fausse, puisqu'il existe à côté d'elle un langage qui considère que l'on ne peut dire sans interpréter, soit sans dépasser le stade du fini et de l'être statique. L'interprétation recoupe le reflet plus que l'Etre au sens où elle diffère du factualisme et qu'elle ne le prolonge pas. Comment se fait-il que le fait soit irréfutable tandis que l'interprétation est discutable? Dans la conception transcendantaliste (au sens d'un Platon), la discutabilité de l'interprétation, son flottement antifigé si l'on peut dire, demeure assez peu accessible, puisqu'elle fait appel au fait que l'Etre pour ainsi dire fixé serait si inexplicable que le flottement interprétatif du sens serait une expression flirtant dangereusement avec l'irrationalisme.
L'interprétation n'est flottante et insaisissable que parce qu'elle instaure la dynamique du reflet, le va-et-vient, et qu'elle exprime le principe de réalisation (plus que de réalité) s'incarnant dans le langage. La thématique johannique du langage relié au divin et faisant le réel, y compris le plus concret (le Verbe se faisant chair), signifie que le langage a une fonction qui n'est pas seulement propédeutique à l'action ou secondaire par rapport à l'action. Au contraire, le langage en disant exprime plus que l'action, puisqu'il s'adresse aussi par-delà le temps au reflet et à Dieu, soit à ce qui instaure et institue le temps et qui n'est pas circonscrit seulement dans le temps à l'instant.
La spécificité de l'interprétation, la création, est plus aisément accessible avec la dimension du reflet, qui appréhende l'Etre dans sa clé de voûte dynamique, au lieu de faire de la dynamique un succédané et une conséquence de l'Etre fondamental et indéfini. L'interprétation créatrice est l'expression du va-et-vient, soit l'idée que le langage peut saisir l'infini dans sa spécificité structurelle et ontologique.
Dieu en tant que reflet : Dieu réalise par le reflet - en créant le reflet, Dieu est l'accroisseur, l'augmentateur, le définisseur, l'inspirateur. En langage physique, c'est une force (comme l'a bien vu Leibniz); en langage néanthéiste, c'est une croissance.

mardi 19 juillet 2011

En quoi le flux de densité énergétique est-il particulièrement faible dans un système fini? L'énergie produite dans un système fini tend à préserver la stabilité, la permanence et l'immuabilité du fini. L'énergie est au service de la sauvegarde du système. L'écologie ne prétend pas autre chose, elle qui entend préserver la Nature. La Nature signifie ici le fini (on retrouve le deus sive natura de Spinoza, soit la Nature immanentiste d'ordre nécessairement fini). L'énergie en tant que processus est dynamique : elle appréhende le réel en tant qu'infini. C'est seulement dans un système infini qu'elle peut se poursuivre et se pérenniser; tandis que dans le fini, la quête de stabilité l'amène à l'entropie physique, dans un sens plus encore ontologique que physique.

jeudi 14 juillet 2011

Qu'est-ce que le néant? Soit que le rien existe - de manière paradoxale; soit la contradiction. Si l'on opte pour la contradiction, c'est que le néant engendre le changement et travaille pour le changement. Alors que les oligarques entendent imposer l'immobilisme et le fixisme, leur influence la plus brutale et prédominante survient au moment où le changement qualitatif se produit. Autant dire que de manière ironique et involontaire, la soif d'immobilisme oligarchique qui est fondée sur le néant accélère et précipite le changement en prétendant le bloquer et l'empêcher.
Le sacrifice classique (polythéiste) est censé rendre favorable le changement par l'intervention du divin. On sacrifie ce qu'on a de plus cher (intime, son fils, ou un agneau pour le berger) pour payer le prix au changement propice du cours du réel. On sacrifie quand le cours du réel est défavorable. Le sacrifice se produit de sa manière la plus fréquente sous le polythéisme - il tend à s'abolir par le monothéisme, notamment chrétien. Le polythéisme envisage l'immobilisme du divin comme modèle en estimant que l'on peut parvenir à l'immobilisme en rendant favorable le changement, comme si le changement favorable menait au stade supérieur et immobile du réel (le changement dénotant une dégradation de l'immobile supérieur, que figure le panthéon des dieux); alors que le monothéisme, en retournant la définition même/autre, envisage le changement comme le propre du divin (le divin change de manière divine, donc positive, le sensible qui est devenu le même).
Le monothéisme va vers un allégement considérable du sacrifice, voire une suppression définitive du sacrifice dans le christianisme (après le sacrifice suprême du Christ), car dans une conception où le divin est le changement, l'action du sacrifice dans le sensible devient superflue. Elle répéterait de manière inférieure le changement, par rapport au changement divin et supérieur. Le nihiliste serait plus proche du polythéisme que du monothéisme, au sens où le polythéisme propose un schéma théorique du divin proche du Même. Raison pour laquelle unNietzsche promeut le polythéisme par rapport au monothéisme (et le monothéisme musulman qui permet un certain sacrifice rituel et animal sur le christianisme). Mais Nietzsche préfère (on le comprend dans son optique) les pratiques étranges, violentes et étrangères du dionysiaque sur le polythéisme institutionnalisé.
Avec des nuances d'importance, qui expliquent pourquoi le dionysiaque nietzschéen n'est qu'une inspiration et subirait en cas de réussite du projet immanentiste de Surhomme des inflexions capitales : le nihilisme parie sur un être minoritaire, miraculeux et inexpliqué (inexplicable), aussi fini qu'immobile, dont le changement serait occasionné par l'introduction de non-être dans l'être (la théorie du sacrifice transcendantaliste est gratuite et inexplicable dans le nihilisme). Le changement serait provoqué par le non-être, sans qu'on sache bien pour quelles raisons cette collision être/non-être a lieu. Le changement se trouve prêté à l'action du non-être, qui ne peut subir la divinisation; et l'être immobile est unique et (lui aussi) sans valeur divine.
Le projet de tout nihiliste est d'opérer le changement qui l'avantage définitivement, soit qui installe une bonne fois pour toutes l'oligarchie - suite à quoi tout changement sera banni - et le projet nihiliste d'immobilisme statique et fixe (le fixisme) serait promu de manière définitive par les oligarques au pouvoir. Jusqu'à présent, les différentes oligarchies ont échoué dans ce projet inquiétant où l'on substitue au divin l'homme pour n'avoir jamais réussi à définir l'être de manière précise. Aristote va le plus loin dans le nihilisme avant l'immanentisme, qui énonce que le réel est le fini, mais cette définition demeure indéfinie à son tour. Qu'est-ce que le fini?
C'est encore trop vague. La révolution de l'immanentisme est radicalisation du nihilisme, au sens où elle apporte une définition précise du fini : la complétude du désir. L'immanentisme fixe (dans tous les sens du terme) le fini sur le désir. C'est précis. Qu'est-ce que le rationnel? Peut-être faudrait-il partir de ce terme pour comprendre de manière atavique ce qui se produit avec la mentalité nihiliste - en quoi toute mentalité qui perdure est sincère, même quand elle se trompe et qu'elle trompe.
La raison désigne ce qui mesure, soit ce qui rend sécable et fini. Deux manière d'entendre le rationnel : une manière est de considérer que le rationnel peut dire l'infini; l'autre que le rationnel ne peut dire que le fini. La première débouche sur les théories transcendantalistesqui sont des réponses au nihilisme; la seconde engendre deux interprétions : l'interprétation intermédiaire de la théologie négative, selon laquelle on ne peut pas dire ce qui est; l'interprétation contraire selon laquelle le réel est fini. En réalité, la distinction entre théologie négative et nihilisme est des plus ténue, puisqu'un philosophe nihiliste antique de premier plan comme Démocrite pense que l'être existe, mais ne peut se dire (Gorgias lui répondra de manière désinvolte).
La différence est que le théologien négatif estime que le non-être n'existe pas, alors que le nihiliste parie sur l'existence du non-être, soit le fait que le non-être diffère radicalement de l'être. Le théologien négatif estime que l'être est fait de manière inférieure sur le mode del'Etre. Le théologien négatif ose un pari rationnel des plus audacieux, voire incertains, puisqu'on voit mal en quoi la différence essentielle se situerait entre l'être et l'Etre. Le théologie naturel croit vraiment aux miracles.
Le nihiliste est plus conséquent, puisqu'il estime que la disjonction obéit à la différence. Mais il ne parvient pas à définir la différence. Pour lui, tout changement se fait dans la collision entre le néant et l'être, sans autre précision. Le sacrifice sert à changer le cours du réel quand il est défavorable aux plus forts, puisque la loi du plus fort prédomine. Le schéma nihiliste est le suivant : le changement fait suite à la collision nécessaire et hasardeuse entre le non-être et l'être et provoque des changements qui sont favorables aux plus forts. Plus on provoque de changement, plus le phénomène de changement est favorable aux plus forts.
L'erreur de cette conception, c'est qu'elle part du principe que le réel est favorable aux plus forts, alors que dans les faits, le sacrifice et la loi du plus fort ne marchent pas en faveur des oligarques du moment. Le transcendantalisme considère que le sacrifice permet de rendre favorable le changement contre la loi du plus fort. La connexion entre la loi du plus fort et le nihilisme rend fausses ces deux conceptions et permet de définir le néant en tant que contradiction et chaos comme la théorie dont l'application es la loi du plus fort.

mercredi 13 juillet 2011

Le principe de cohérence : que le réel continue à être et qu'il ne disparaisse pas. Que le réel soit croissant - et non entropique. Le principe d'anthropomorphisme que dénonce un Spinoza n'est pas très pertinent, car s'il est certain que l'homme est le réel (l'homme en est une partie), il est aussi certain que l'homme est à l'image de la structure réelle - comme le définit le monothéisme, avec sa célèbre formule : l'homme à l'image de Dieu.
Le mythe de la complétude, de la finitude renvoie à la stabilité. On peut se demander si Nietzsche croit vraiment que ce sont les ontologues avec à leur tête Parménide qui refusent le changement du devenir et adorent en lieu et place l'immobilisme puéril. Ce changement, ce devenir revoient au changement provoqué par la rencontre des contraires, selon la théorie d'Héraclite (l'être tient et subsiste du fait de l'opposition des contraires). Qu'Héraclite soit tenu pour le grand chantre du changement, on comprend pourquoi - puisque tel est ce changement.
Le fait que le réel soit tronqué et que le nihilisme soit contraint d'invoquer l'existence paradoxale, indémontrable et injustifiable du non-être - qui plus est dénié, constitue le signe que l'approche nihiliste repose sur l'erreur. L'impossibilité de définir l'infini est l'autre moyen d'approcher de l'erreur monumentale et fondamentale dans la compréhension du réel. Le néant est un mot creux, une poubelle sémantique commode et aberrante, qui ne possède aucun sens positif : il est formulé de manière entièrement négative (d'où l'attrait des théoriciens nihilistes pour la théologie négative qui présente le mérite d'approcher du nihilisme par l'aspect du négatif reconnu indépassable); il repose sur l'idée selon laquelle le langage ne peut définir ce qui n'est pas.
Le langage n'aurait pas accès à la partie majoritaire du réel et ne pourrait que s'attacher à comprendre le réel qui est. Comment savoir que ce qui n'est pas est d'une manière limitée et paradoxale, si notre seul moyen de connaître, le langage, ne peut pas le connaître - justement? C'est l'un des moyens irrationnels invoqués, qui permettent d'écarter l'irrationalisme non pas comme une limite posée à la connaissance et au rationnel; mais comme l'introduction de la possibilité contradictoire dans le lieu du rationnel - le langage.
Idem avec la complétude ou la finitude, qui passe à côté du réel en invoquant l'irrationnel du non-être, alors que l'irrationnel tout comme le non-être sont deux mots-valises entièrement négatifs (des positifs rationnel et être). Que cache le non-être? Quand un mot est dénué de sens, comme c'est le cas du non-être, il ne peut qu'évoquer quelque chose - s'il n'exprimait rien, on rétablirait le non-être avec usure et déni. Dès lors, le recours au non-être ne cache pas l'irrationnel, l'absurde et autres joyeusetés invraisemblables, mais porte sur la structure du réel. Si l'on rétablit derrière la dégradation la théorie envisageable : le réel n'est pas formé en mode homogène, mais en enversion.
Le reflet évoque cette idée d'infini en constant mouvement. L'infini, c'est le mouvement. On notera que les philosophes de l'Antiquité comme les Eléates qui se penchent sur la définition du mouvement ne parviennent jamais à définir le mouvement - pas davantage que l'Etre, le langage et tous les fondements de l'ontologie. Le réel, c'est le mouvement, le reflet. Le changement n'est que la conséquence de ce mouvement perpétuel du reflet. Il est imprécis de définir le réel comme le changement, bien que les néo-platoniciens aient proposé cette définition avec profondeur (osant surtout, contre la doxa platonicienne, proposer que le Non-Etre se situe au-dessus de l'Etre, le différenciant du non-être de la matière inférieure dans le champ du sensible).
Quand on comprend que la structure du réel se pose en enversion et que le propre du réel est de changer en mouvement, selon le va-et-vient du reflet, la stabilité est une quête dénuée de sens te renvoyant à l'erreur. L'erreur est stable. L'erreur consiste à stabiliser un objet dans un réel en constant changement. Mais le changement n'aboutit pas à la stabilité, comme chez Héraclite, mais à la création. D'où le fait que le réel croît constamment, quand la stabilité aboutit ne mode de changement et d'infini à la destruction (soit la décroissance).
L'erreur détruit parce qu'elle se veut stable. De même que l'erreur est inférieure à la vérité, de même la stabilité est inférieure à la croissance et au changement. La théorie la plus réelle est la théorie supérieure. Le propre de ce qui est supérieur est d'être ne mouvement. Que l'on ne puisse définir le changement indique que le changement est le propre du réel, non pas que l'indéfinissable soit le propre de ce qui est réel (au sens de divin), mais que le langage ne peut accéder à l'infini que de manière toujours partielle et indéfinie.

mercredi 6 juillet 2011

Qu'est-ce que la mort? On parle de Phénix et autres symboles de résurrection pour évoquer la mort. Et si la mort est le moyen nécessaire trouvé par Dieu pour subsister? Et si le Phénix désignait le moyen, non de braver la mort, ou d'y échapper, - mais de renaître de ses cendres en mourant? La mort est la disparition d'un certain état et son prolongement dans un état anti-entropique et dynamique supérieur et changeant. La résurrection est le fait de participer à la forme supérieure de l'état. Quant à la vie éternelle, elle indiquerait que ce qui est n'a pas été puis n'es plus, mais est à jamais emmagasiné dans le rapport de reflet, ce qui implique que l'être est immuable et éternel de par la relation de reflet qu'il suscite et qu'il a échappé de ce fait à la contradiction de son état initial et insuffisant. L'être dynamique supplémentaire crée en plus provient de la contraction de la contradiction qui crée de l'être par reflet et pour échapper au non-être de son état de contradiction.

L'être et le non-être se superposent. Ils sont reliés dans un rapport d'enversion par le reflet, qui est le signe de l'infini. Quand disparaît l'état subsiste le reflet, ce qui indique que, selon la simultanéité de l'éternité, ce que nous vivons en ce moment n'est qu'une partie de ce qui est réel, l'autre demeurant invisible par la relation d'enversion. Quand l'état disparaît, non seulement l'être ayant surmonté la contradiction rejoint l'état de reflet, mais il le rejoint à l'état d'intégralité, si bien que la persistance du reflet par-delà la mort de l'être (et de son corollaire inférieur le non-être quasi superposé) implique que subsiste aussi l'état en même temps que le reflet.

dimanche 26 juin 2011

La difficulté à intégrer le causalisme signifie que la nécessité est un schéma explicatif de la causalité faux et que par rapport à une causalité (multiple) le but n'est jamais écrit à l'avance, mais reste à proposer. Le réel en d'autres termes est malléable.
L'explication au morcellement constaté dans l'être : il correspond à l'application quasi superposée du principe de contradiction existant dans l'état (non viable) du non-être - appliqué à l'état d'être suscité par reflet coexistant et correspondant..

mercredi 8 juin 2011

Le principe des contraires définit l'état du non-être ou du chaos, qui en se résout par le reflet qu'en la production viable d'être. Les trois formes, les deux états d'être et de non-être plus le reflet de structure différente, produisent l'Un. Outre qu'Héraclite et son statu quo se trouve invalidé par sa propre théorie de la stabilité grâce aux contraires, c'est surtout dans l'époque moderne la théorie physique explicitement nihiliste et biaisée en théorie ontologique de l'entropie propose que le réel conduise vers la destruction. Non plus le maintien, mais la décroissance. Les deux états se superpose grâce au lien du reflet. Telle est l'unité. Dernier détail : le reflet n'est pas de même composition que les deux états. Voilà qui explique la complétude différente du prolongement ontologique de facture transcendantaliste. La complétude uniforme ou homogène n'est pas possible. Elle rend impossible la liberté, car on ne peut être libre que dans l'incomplétude. Mais l'incomplétude est l'expression négative de la complétude. Elle indique que la complétude homogène est fausse et que la seule complétude viable est de facture différente et hétérogène. Du coup, le reflet devient compatible avec la liberté au sens où il instaure une complétude différente de la structure des états. L'enversion est la complétude différente.
Il est tout à fait possible et envisageable que l'opposition de départ d'Aristote contre Platon parte non pas de la croyance dans le non-être ou de la recherche d'un principe de réel maximal - mais du constat selon lequel Platon peine à concilier la liberté et l'Etre comme prolongement de l'être.

samedi 30 avril 2011

La mort indique que l'incomplétude de l'état fini fait surgir un complément d'une autre texture (ou tessiture) par rapport à l'état fini présent. La mort signifie la disparition de l'état, mais on peut être certain que perdure ce qui relie l'état au restant réel. Quelle est cette disparition de l'état fini? A partir du moment où cet état n'est que la partie visible (au sens figuré) de l'intégralité du réel, dont nous est masquée la part en enversion - et le reflet, il y a fort à parier que l'état qui disparaît peut tout à fait demeurer sous une forme d'existence dans le processus du reflet et conserver des traces dans l'état de non-être ou de chaos. Le thème de la résurrection chrétienne, qui préexistait au christianisme dans d'autres traditions religieuses, en particulier polythéistes, pourrait trouver une correspondance avec cette idée que le reflet, surtout avec la forme en enversion du réel, empêche la disparition de ce qui est ou de ce qui n'est pas, au sens où ce qui n'est pas est de manière contradictoire et impossible.
La résurrection exprime l'idée selon laquelle les formes finies vivront de nouveau à la fin des temps, sans qu'on sache bien l'état auquel correspond cette fin des temps. Infini reprenant le fini ou infini différant du fini? Pour qu'il y ait résurrection, encore convient-il que ce qui est mort d'une certaine manière ne soit pas tout à fait mort et survive de manière éternelle, de telle sorte que ce qui est non seulement est, mais est tout à fait. Dans le schéma néanthéiste, la résurrection correspond à l'idée selon laquelle l'état fini accède à l'éternité en tant qu'état fini, ce qui constitue l'acmé de l'affirmation selon laquelle ce qui est est. Par contre, cette fin des temps signifie que l'état au sens ontologique est révolu et se trouve remplacé par l'éternité absolue et nouvelle, un ordre parfait imposé par Dieu (en langage monothéiste).
Mais si l'on vit mal comment le fini en tant que fini pourrait devenir infini et fini, ce qui constituerait à la limite une contradiction dans les termes, voire du nihilisme de forme impossible et contradictoire; par contre, il est plausible que les états demeurent à jamais enregistrés dans le processus dynamique de reflet et que l'éternité désigne cet infini de reflet. Quant à la nature de cette résurrection, il semblerait qu'il convienne de privilégier l'idée selon laquelle l'état vient s'additionner à tous les états au sein du reflet, soit qu'il ne s'agit pas de résurrection au sens monothéiste, mais d'enversion (addition des contraires au sein du processus d'infini).

dimanche 17 avril 2011

Le changement pose problème, car l'on cherche un fondement stable pour expliquer le réel, non pas le changement en tant que principe explicatif et finaliste. Pourtant, l'on pourrait énoncer de manière pseudo mathématique que :
Changement = croissance (néguentropie) + incomplétude.
Si les néoplatoniciens ont promu le changement comme définition du néant subsumant l'Etre (dans un sens plotinien), c'est parce qu'ils se rendent compte que le réel est mû par la dynamique et que la stabilité ne se retrouve nulle part, nulle part non seulement dans l'expérience, mais surtout dans les principes. Nul principe stable. Mais ce changement que l'on remarque dans l'observation ontologique se réduplique dans l'observation de la néguentropie (anti-entropie) physique qui implique que la dynamique du réel contredise la dimension figée du réel et que le réel soit en constante croissance.
Au passage, c'est un démenti cuisant pour tous ceux qui aimeraient tant transposer une loi physique de la thermodynamique en loi ontologique, alors que l'on sait très bien que les application physiques sont particulières au réel, pas universelles (ontologiques), et qu'elles sont appelées comme tout principe scientifique à évoluer. De quelle manière l'évolution scientifique se manifeste-t-elle? De manière entropique, c'est-à-dire que la nouvelle théorie scientifique explique un prisme du réel de plus en plus élargi, mais néanmoins toujours particulier.
Autant dire que la théorie de la thermodynamique est promise à évoluer, à changer, à croître. Cependant toujours scientifiquement. Seul le scientisme le plus explicite caractérise la tentation de conférer à une théorie physique une teneur ontologique. Dans ce contexte scientiste et néo-positiviste, il convient de distinguer dans la théorie entropique adaptée à l'ontologie, non pas une théorie ontologique au sens où l'ontologie est la science de l'Etre, mais une théorie méontologique (selon le néologisme forgé par Démocrite d'Abdère).
L'entropie méontologique réfutée en tant qu'expression du nihilisme de facture immanentiste (terminale), il convient de préciser ce qui constitue la carence explicite de l'ontologie : l'indéfinition de l'Etre. Autrement dit, l'ontologie ne peut définir sa clé de voûte parce qu'elle la tient pour l'expression de la complétude. Mais si l'on réfute le mythe de la complétude? Si l'on préfère l'incomplétude à la complétude? Si l'on comprend que l'unité n'a pas besoin de la complétude, mais s'accommode de l'incomplétude? Le reflet explique cette incomplétude compatible avec l'Un.
Car l'Un n'est plus un état fixe (l'Etre). C'est un va-et-vient, une dynamique qui explique que le réel ne soit pas formé en structure de prolongement, mais en structure d'enversion. Sans doute la dimension ontologique la plus importante du va-et-vient réside-t-elle dans le fait que le va-et-vient exprime un mouvement constant entre deux états finis. D'où la difficulté à cerner le changement et à prendre la mesure de l'infini. Pour définir le changement, il convient d'introduire l'idée d'hétérogénéité (ou de différence).

samedi 16 avril 2011

L'antagonisme du nihilisme définir la lutte de deux forces opposées. Le problème de l'antagonisme, c'est qu'il crée un conflit au coeur du réel que l'on ne parvient ni à expliquer ni à résoudre. Le conflit permanent de l'être et du non-être est irrationnel et insoluble. Le modèle du réel en tant qu'opposition relève de la gageure impossible. Cette erreur de modèle provient de l'erreur initiale de l'état, soit du réel fixiste. L'immobilisme engendre l'antagonisme. Pour une raison : l'immobilisme rend impossible la complétude. Pour combler le manque, l'adjonction du néant se révèle obligatoire. La complétude s'obtient au prix d'une impossibilité de définition de l'immobilisme (du fixisme). Le néant se voudrait le complément de l'être - nihiliste. Tout comme l'être, c'est un état, mais la supercherie logique tient au fait qu'il complète dans la mesure où il est indéfini.
N.B. : la théorie d'Héraclite pourrait sembler ingénieuse en ce qu'elle échappe à l'ontologie comme au nihilisme. Il n'en est rien. Elle penche dangereusement du côté du nihilisme en se débarrassant du problème des contraires livrés à eux-mêmes : qu'en opposant le contraire, on parvient au statu quo du réel signifie que l'on adhère au principe de stabilité du nihilisme.
Le nihilisme : comment parvient-il à trouver un écho qui perdure, voire une fascination récurrente? Le nihilisme en promettant le néant et la destruction (son visage premier et effectif) ne présenterait rien d'attrayant ni de positif. Le caractère attrayant du nihilisme tient à son identification de l'état. C'est le nihilisme qui réalise le rêve de l'ontologie de proposer un état fixe et immuable; à ceci près que le résultat de l'ontologie est l'Etre, quand le résultat du nihilisme est le rien, le néant - ou le vide (le terme physique de vide réduit la question ontologique à la représentation physique). Comment le nihilisme parvient-il à isoler l'état? Son erreur consiste précisément à isoler l'état. Car il n'y parvient qu'au prix de l'adjonction du néant irrationnel et inexplicable. La structure du réel se délivre ici, dans cette remarque antinihiliste. Alors que le transcendantalisme, quelles que soient ses propres approximations, sent que l'état n'est qu'une approximation faussée du réel et que le réel ne correspond pas à la définition de l'état, mais à la dynamique qui lui échappe. D'où la définition fausse du nihilisme concernant le réel, qui correspond à un fantasme de définir de manière fixiste au niveau ultime et suprême (fondamental). Du coup, comme le réel n'est pas fixiste, cette définition sclérosante aboutit à créer un manque qu'il convient de réparer de manière désespérée, voire désinvolte, par la production irrationaliste du vide. La fascination du nihilisme est de proposer l'état simple et palpable. Ce qui fait que la fascination perdure malgré l'erreur manifeste et intenable du schéma théorique, c'est que le nihilisme part de l'intuition selon laquelle le réel n'est pas uniforme ni homogène; mais protéiforme - hétérogène. Problème : le nihilisme parvient à isoler le réel en lui adjoignant le néant. L'erreur du nihilisme consiste moins à postuler l'existence paradoxale du néant, cohérente avec la définition de l'état, que l'existence expérimentable (par les sens) de l'état, avec en outre une universalisation paradoxale de l'état : car l'état ne se trouve pas agrandi, mais complet. D'où le fait que l'état n'est pas complet puisqu'il en l'est qu'avec l'adjonction inavouable du néant et que le nihilisme ne parvient jamais à dépasser le deux antagonismes.
Si le temps existe dans l'état de finitude, c'est la preuve irréfutable de l'hétérogénéité du réel et du fait qu'il existe autre chose que l'état fini (le sensible). Sans quoi l'état serait gouverné par l'immuabilité. Le temps indique que l'état fini se trouve changé par un autre état ou par la rencontre de l'infini (le va-et-vient).
Le réel est un, mais incomplet, d'où l'erreur de la nécessité qui prétend réunir l'un et la complétude avec son antériorité. Selon l'optique de la nécessité, le développement de ce qui est existe depuis son commencement, est prévu depuis son commencement. Mais de manière aveugle et hasardeuse : pas de téléologie ou de providence absolues, un mécanisme froid et implacable. Du coup, les plus grands partisans de la complétude ne sont pas les transcendantalistes, mais les nihilistes; tout comme les plus grands soutiens du dualisme ne sont pas les transcendantalistes (n'en déplaise à Nietzsche), mais les nihilistes. L'incomplétude permet d'expliquer la liberté et l'unité, tandis que la nécessité se révèle incapable de faire face au changement et à l'infini.

dimanche 10 avril 2011

Transcender la contradiction n'est pas prolonger le réel dans une structure être/Être (Heidegger dirait : étants/Être). L'état initial de contradiction, de néant et de chaos ne peut être surmonté et résolu que par l'usage du reflet. Le reflet crée en enversion un état complémentaire de non contradiction : l'identité, par l'opération de complémentarité entre le domaine fini de la contradiction et la production du domaine fini de la non contradiction. La résolution de la non contradiction ne peut s'envisager et se produire que par l'augmentation de l'être, ce qui implique que la croissance de l'être provienne d'une diminution du non-être et que le reflet soit le mouvement trouvé pour proposer un équilibre, soit une pérennité au réel en tant qu'unité. Ce qui résout la contradiction est le reflet. Ce qui produit l'identité est le reflet. Raison pour laquelle depuis le reflet l'on en puisse comprendre l'enversion du reflet et que l'on aboutisse à l'identité quais tautologique de l'être. Entre diminution quantitative et augmentation quantitative, on parvient à une stabilité qualitative, mais cette stabilité qui est la définition du réel et la condition de l'Un n'est pas un état figé et fixe. C'est un reflet structuré en enversion.

jeudi 31 mars 2011

Comment peut-on être Un et incomplet? L'Uncomplet est-il l'Un? Qu'est-ce que cet incomplétude qui délivre un vide manifeste hors de son incomplétude? On ne résout le problème qu'en quittant la déformation à l'intérieur de l'état. Le problème est le fixisme né de l'état. L'état fini, notamment. L'incomplétude va de pair avec le reflet : si le réel était état, son incomplétude serait indéchiffrable; mais si le reflet est la figure qui caractérise l'infini, alors l'unité est incomplétude du fait du va-et-vient entre deux états incomplets : l'être fini et le non-être fini. C'est le reflet qui est infini et qui permet cette incomplétude. Corollaire important : l'incomplétude par reflet est le seul moyen d'expliquer rationnellement la liberté. Tant qu'on fonde la liberté de manière inexpliquée et inexplicable sur l'Etre, on prend le risque de laisser ressurgir par temps de crise la nécessité) ce qui advient en c e moment de crise profonde. Quant à l'Un, il est significatif dans le reflet. Si le réel est un, c'est qu'il fonctionne par reflet et que toutes ses parties se trouvent interconnectées.

dimanche 20 mars 2011

Le reflet crée l'un, alors que j'en étais arrivé à la conclusion que le réel s'arrêtait au deux. Ce que le nihilisme apporte par rapport au transcendantalisme, c'est la notion d'état. Soit le fait que le réel parvient à créer deux état antithétiques et jumeaux, l'être et le non-être. Le deux s'arrête à la notion d'état. Deux états : l'être et le non-être. Longtemps, l'interprétation transcendantaliste a achoppé à propos de la question de l'infini. Car si le transcendantalisme reconnaît l'infini de quelque chose, au contraire du nihilisme d'Aristote, le plus abouti de l'Antiquité, selon lequel l'être est fini, quand le non-être multiple est infini d'une manière assez paradoxale (par le vide et l'inexplicable); ce même transcendantalisme connaît les pires peines à définir l'infini en connexion avec l'Etre, quand le fini se définit assez clairement en connexion avec l'étant (selon le vocabulaire heideggerrien inspiré des Grecs).
Dans le schéma néanthéiste, l'infini correspond au reflet. L'Un est le reflet. L'Un n'est pas un état et c'est le détail (significatif et majeur) qui égare, tant pour le transcendantaliste qui y voit l'Etre (notion finalement assez vague, puisque indéfinissable) - que pour le nihiliste qui y discerne le néant de manière tout aussi vague (le néant et l'infini étant peu compatibles, si tant est que l'infini désigne une réalité). Si l'on considère que le réel est un état, on ne distingue pas l'existence du reflet. Le réel n'est pas formé sur une texture homogène et unique, mais sur une hétérogénéité ou une discursivité.
L'Etre était l'Un, mais Un indéfini et assez vague, car c'était un Etat supérieur à l'état. Plotin ne s'y est pas trompé, qui proposa que l'Un corresponde au néant supérieur à l'Etre. Le reflet permet en introduisant l'idée d'hétérogénéité du réel d'échapper à ce point théorique contestable du transcendantalisme. Le reflet est l'Un en ce qu'il n'est pas un état, mais un processus.

samedi 19 mars 2011

L'ontologie n'est pas la dégénérescence du religieux, comme je l'estimais plutôt au départ de ce blog (non sans confusion); ou plutôt : si cette dégénérescence ontologique est palpable dès les prémisses de l'histoire ontologique (avec un Aristote), le propre de la création ontologique comme excroissance rationaliste du religieux monothéiste n'est pas d'être une dégénérescence, mais d'être l'expression avant-gardiste des nouvelles formes religieuses, les religions posttranscendantalistes, néanthéistes.
L'ontologie et la philosophie incarnent dès le monothéisme l'avant-garde du transcendantalisme comme nouvelle forme religieuse. Car le néanthéisme est découvert dès les formes ontologiques du monothéisme. Question posée en particulier par Platon, qui définit le néant comme l'autre. Platon ne fait que reprendre un débat qui est présent dans toute la pensée de l'Antiquité, au point que les sophistes et les atomistes incarnent un mouvement réactif typiquement nihiliste. Question perfectionnée par les néo-platoniciens, en particulier par Plotin : lui propose que le néant désigne deux réalités. La plus basse des réalités, la matière; mais la plus haute des réalités, qui se tiendrait au-dessus de l'Etre platonicien.
Deux définitions (complémentaires) du néant chez Plotin, surtout la reconnaissance que la question du néant est indissociable de la question de l'Etre. La réponse qu'en donnent les nihilistes est aberrante, depuis les nihilistes ataviques et polythéistes jusqu'aux nihilistes monothéistes - les nihilistes polythéistes recouperaient une forme théorique proche de Démocrite; quand les nihilistes monothéistes innoveraient dans le nihilisme avec la logique d'Aristote.
Mais la réponse que proposeront tous les ontologues, aussi ingénieuse soit-elle (dans les cas de Platon ou de Plotin), est clairement insuffisante, puisqu'après Platon, la correction majeure de Plotin indique que l'ingénieuse alternative de Platon ne résout pas le problème fondamental du nihilisme, et après Potin, la question du nihilisme reste une question assez débattue par les philosophes du christianisme et de la modernité, au point qu'on peut s'aviser de la relative sclérose de la pensée en examinant la réponse qu'ils apportent : que le non-être ne se dit pas et ne se pense pas, voire qu'il s'agit d'un faux problème ou d'un problème illusoire.
Quelle est cette insuffisance de l'ontologie? L'ontologie choisit un terme fondamental et essentiel, l'Etre, et ne le définit jamais. Absence si criante dès les prémisses qu'elle devient intenable chez un Heidegger (terminus de l'ontologie?), un des derniers ontologues du courant lancé par Pythagore et d'autres en Grèce antique. Heidegger procède par cercles concentriques à partir d'un fondement qu'il ne définit jamais : l'Etre. Drame de Heidegger qui utilise un logiciel dont l'obsolescence est devenue au fil du temps criante.
Qu'est-ce qui manque à l'Etre? Ne proposer que l'univocité et l'unilatéralité du réel, comme si l'Etre était le moteur unique du réel. Coince le problème que soulève le nihilisme : que le réel est trop inconnaissable pour être univoque et homogène. Les ontologues rétorqueront que l'Etre n'est jamais définitivement connaissable, mais dans ce cas, comment être certain de son existence s'il n'est pas connaissable? Ce point faible de la doctrine platonicienne par exemple ne sera jamais complètement exploré et résolu.
On comprend la démarche d'un Aristote et les tentatives de Descartes, Kant et des immanentistes pour résoudre le problème en tentant à la suite d'Aristote un compromis entre l'ontologie et la méontologie. C'est parce que la démarche rationaliste ontologique laisse le plus apparaître le problème du néant que le néanthéisme exprime la nouvelle forme de religiosité en utilisant l'ontologie. Quand on constate l'évolution historique de la philosophie depuis les présocratiques, on se trouve confronté à une forme de décroissance au sens où la philosophie n'a pas su ou pu se renouveler.
En particulier depuis la fin de la scolastique et avec le prétendu renouveau de la philosophie moderne amorcée par Descartes, la philosophie devient de plus en plus absconse et verbeuse au détriment de la production d'un discours rénové (adapté en particulier à l'innovation physique de la science expérimentale). Depuis Platon en gros, la philosophie n'a rien inventé, ce qui indique son nihilisme. La boutade du logicien Whitehead est lucide : pour que la philosophie moderne avance, il aurait fallu qu'elle sache définir l'Etre et le néant. Or, au lieu de cette modernisation de l'appareil classique, nous avons une exténuation progressive, mais implacable de la philosophie, qui se retrouve avec Heidegger à ressasser des réflexions concentriques autour de l'Etre sans jamais le définir.
Le propre de l'ontologie, c'est de libérer le chemin vers la nouvelle religiosité : le néanthéisme - en posant la question du néant, soit, quand cette question ne se trouve pas déformée par le nihilisme, de l'homogénéité et de l'hétérogénéité du réel. Le futur du religieux passe par l'expression philosophique, soit par la découverte progressive, déjà amorcée par Platon et les successeurs (en particulier néo-platoniciens), que la découverte de Dieu ne passe plus par la révélation de nature transcendantaliste, mais par la réflexion d'innovation néanthéiste.

mercredi 2 février 2011

Pourquoi autant parler du nihilisme alors que c'est un mouvement historique récent, intéressant, quoique mineur? Quand on parle de mineur, on parle d'une reconnaissance qui est officielle, c'est-à-dire qui existe de manière reconnue et apparente. Le critère principal de la reconnaissance tient à la conscience de soi, soit au fait que la reconnaissance implique que c'est à la conscience de se reconnaître elle-même. Principe d'auto-reconnaissance, qui fait qu'on considère qu'une identité est vraie quand elle est reconnue (endossée) par certains. Plus l'idée est reconnue, plus elle est importante. Selon ce critère, le nihilisme est une idée mineure.
Cette manière de considérer les choses peut poser un problème de cohérence si l'on s'avise que la doctrine principale religieuse de par le monde, le transcendantalisme, fonctionne sur l'idée selon laquelle le principe du monde (que les monothéistes nomment Dieu) est caché et invisible, du moins selon les critères de la reconnaissance. Par ailleurs, le fait selon lequel l'homme découvre de nouvelles idées continuellement, au fil de son histoire, implique que la structure du réel ne soit pas donnée une bonne fois pour toutes. Sinon, l'histoire des idées se clôturerait avec son fondateur et la création d'idées serait impossible. L'histoire du divin, pour s'en tenir à cette hypothèse explicative majeure, nous indique que le critère d'autoreconnaissance n'est pas suffisant et qu'au contraire le réel est formé de telle manière qu'il n'est jamais constitué une bonne fois pour toutes - de manière complète et définitive, ouverte et claire, homogène, unilatérale.
"Le réel n'est pas défini" implique que le réel n'est pas définissable. L'idée selon laquelle on peut juger de la valeur d'une idée en fonction de sa représentativité historique, de sa reconnaissance, est fausse, car elle nie le principe de découverte et le principe d'explication. Elle nie tout bonnement le principe de réel selon lequel le réel n'est pas formé sur un modèle fini et défini, homogène et linéaire. Le réel est formé selon un modèle d'enversion, soit d'hétérogénéité. L'histoire comme phénomène du changement n'est pas possible selon ce modèle. Non seulement on ne peut nier que le caché soit la part qualitative la plus importante du réel, mais l'argument selon lequel le nihilisme serait un mouvement mineur n'est valable que si on lui accorde justement la valeur exclusive de ce qui est visible, reconnu et historique.
Si l'on se souvient que Dieu est caché, il faut en conclure que ce qui est important n'est pas visible en tant que tel, que le visible souffre d'imperfection et de changement - surtout que le réel demande à être explicite par opposition au visible explicite. Quand une découverte se produit, surtout dans un domaine sectorisé comme une branche scientifique, on se rend compte qu'un aspect fondamental du réel n'avait pas été aperçu, alors qu'il s'agit d'une certaine réalité simple et évidente. La découverte d'Einstein pourrait être résumée ainsi d'un point de vue ontologique : que l'espace et le temps n'existent pas a priori.
Ce serait verser dans le préjugé que d'estimer que la découverte physique d'Einstein est définitive. Au contraire, elle est provisoire et sera un jour révisée - comme Einstein révisa la découverte physique attribuée à Newton et Kepler. Cette idée de découverte provisoire et en progrès implique que le réel ne délivre jamais son sens définitif, mais qu'au contraire, il soit dans sa structure incomplet. Du coup, ce qui existe n'est pas l'ensemble du réel, tant s'en faut; et ce qui n'existe pas ne concorde pas avec ce qui est caché (le moteur de ce qui est caché).
Quelle est la différence entre l'illusoire et le caché? L'illusoire est ce qui n'existera jamais, quand le caché est ce qui existe sans reconnaissance et qui peut advenir à la reconnaissance. La parenté structurelle entre l'illusoire et le caché indique l'importance ontologique du caché. Qu'il puisse y avoir de l'illusoire en plus du caché exprime que la structure du réel n'est pas uni, ni homogène. Quant à la différence entre l'illusoire et le caché, c'est que le caché existe quand l'illusoire n'existera jamais.
Cette manière de penser n'implique pas que l'on tienne ce qui n'existe pas pour l'existant, car la différence est notable entre le domaine du caché et celui du faux (au sens aristotélicien). Selon cette définition somme toute classique, le nihilisme peut tout à fait être une manière de considérer le réel aussi importante qu'encore non perçue (encore cachée). Ce n'est pas un argument pertinent que d'objecter que le nihilisme se résume à ses productions visibles - à ce que les hommes reconnaissent de lui.
Qui plus est, la définition du nihilisme consiste à s'appuyer sur le déni. Le déni définit l'inclination à refuser que le réel soit tel qu'il est. Le nihilisme désignerait le refus du réel tel qu'il est (en enversion) pour privilégier le réel tel qu'il apparaît (uni et homogène). Si le réel était immuable et stable, cette inclination au déni régresserait petit à petit - aurait disparu depuis longtemps - pour disparaître tout à fait. Le déni tend à dénier la part de changement qui fait surface dans le réel, soit à ne pas prendre en considération le réel dans sa dimension fondamentale de changement. Le déni refuse le changement au sens où l'aspiration métaphysique (mésontologique) du nihilisme consiste à promouvoir le même tout en cherchant à supprimer le changement, à l'expulser du monde de l'homme.
Si l'on se penche sur la démarche décisive et emblématique d'Aristote, on se rend compte :
1) qu'Aristote parle très peu du néant (ou du non-être);
2) qu'Aristote accorde pourtant une place fondamentale au non-être puisqu'il explique l'être par le non-être.
Cette attitude paradoxale d'Aristote (le non-être est aussi indicible que capital) illustre ce qu'est le nihilisme et pourquoi le nihilisme repose sur le déni. Si Aristote parle très peu du néant alors qu'il lui accorde une place essentielle, c'est parce qu'il considère qu'il n'y a rien à en dire. Rien à dire du rien. Le rien existe, mais d'un type de mésexistence qui néantise tout type d'existence et tout type de discours. Il n'y aurait rien à objecter à cette approche d'Aristote si elle ne reposait sur l'impossibilité logique : impossible en effet de promouvoir la contradiction au sein du réel. Impossible de promouvoir la destruction.
C'est pourtant à ces résultats calamiteux que court tout nihilisme et c'est la raison pour laquelle Aristote propose une stratégie qui confère au nihilisme une cohérence de discours limité à l'être. Il suffira de repousser l'incohérence d'un cran - dans le non-être. Cette position qui peut sembler très prometteuse de prime abord n'est pas tenable puisqu'elle propose un schéma du réel intenable. Toute l'oeuvre d'Arsitote corrobore le non-être comme non-dit. Non pas qu'Aristote considère que la question du non-être est secondaire, mais qu'il tient le nihilisme pour indicible.
Comme le dira Wittgenstein après lui, dans une veine assez proche de la sienne, puisque Wittgenstein défend une conception des idées mathématiques antiplatoniciennes et opposée au néoplatonisme fervent de Gödel, ce dont on ne peut parler, il faut le taire (il faut le parer). La question est : ne parle-t-on pas du non-être parce qu'il n'est pas important (secondaire) - ou n'en parle-t-on pas parce qu'il n'y a rien à en dire? La réponse coule de source quand on se rend compte qu'Aristote explique la multiplicité de l'être par la multiplicité (incohérente et indémontrable) du non-être. L'importance du nihilisme repose sur le déni du nihilisme - son non-dit.
Aristote rend le nihilisme compatible avec le standard ontologique platonicien, qui détruit les mésontologies des sophistes ou des atomistes. Ne nous y trompons pas : il le rend compatible avec la mutation du polythéisme vers le monothéisme. L'histoire de l'aristotélisme mâtiné de christianisme démontre ce rapprochement. Mais de même que l'hypothèse capitale de Dieu repose sur le caché, de même l'hypothèse majeure du nihilisme repose sur le déni et le non-dit. Si l'on ne parle pas du nihilisme ou si on lui accorde une importance historique intéressante quoique secondaire, c'est parce qu'on définit mal le nihilisme.
Si le nihilisme se résume à une attitude de désenchantement et de détestation du monde, alors ce nihilisme n'est pas du nihilisme, mais du pessimisme. Le nihilisme correspond souvent à une forme d'hédonisme qui veut se donner un genre social moins repoussant. Mais si le nihilisme exprime le déni du réel hétérogène, et l'approche du réel homogène et incomplet, alors cette attitude est bien plus ancienne - et elle se révèle atavique. Contrairement à l'idée selon laquelle la première inclination serait religieuse dans un sens classique (transcendantaliste), il appert que le nihilisme est la première réaction de l'homme face au scandale du mystère du réel.
L'homme originel découvre avec effroi qu'il ne sait pas ce qu'est le réel et que la connaissance sera longue et pénible. L'homme est désespéré de découvrir que le savoir sera laborieux. Raison pour laquelle l'attitude courante consiste à verser dans l'obscurantisme (le culte de l'ignorance) et que la réaction versant dans le culte du savoir est une opposition reposant sur le même fondement : la validation du réel fini et fixe.
Quand on ne sait pas, il est tentant de souscrire au réel fixe et fini parce qu'elle délivre la connaissance du réel. Tel est le mouvement explicatif du nihilisme et l'opposition au nihilisme ainsi défini n'est que seconde. C'est le religieux au sens classique qui se manifeste de façon transcendantaliste et qui reprend une communauté de vue du mythe biblique de la Genèse jusqu'à Platon et au christianisme (puis au monothéisme islamique). Selon cette conception, le nihilisme n'est plus du tout un mouvement assez contemporain et secondaire; c'est l'origine même de la pensée humaine. Il se retrouve assez facilement chez Aristote, caché sous la finitude du réel et le non-dit du non-être; ou chez Spinoza, enrobé sous l'incréation non définie ou la complétude centrale du désir (rendant superfétatoire tout autre recherche de type ontologique).

mardi 25 janvier 2011

L'idée est le fondement du transcendantalisme. Platon en a fait le cœur de sa philosophie et comme le reconnaît un philosophe analytique (comparse de l'idéologue impérialiste plus que philosophe Russell), Platon est le cœur de l'ontologie occidentale de type transcendantaliste. Aujourd'hui que nous vivons en plein marasme immanentiste, on essaye de faire d'Aristote le maître des philosophes antiques, mais c'est Platon qui occupe cette place.
L'idée représente la clé de voûte explicative du transcendantalisme, soit le prolongement et l'englobement. L'idée signifie la forme du réel qui préexiste au fini, soit le lien entre le fini et l'infini. Selon Platon, les idées préexistent au fini et désignent l'origine du monde idéal. L'idée considère que l'infini est défini (contradiction dans les termes) par l'englobement et le prolongement.
Ce sont ces deux idées qui se sont révélées de plus en plus défaillantes avec le temps : l'on se rend compte que le sensible n'est pas englobé par l'idéal (l'Être) et que le prolongement révèle une mauvaise technique de représentation passant par la projection (l'obsession anthropomorphique stigmatisée notamment par Spinoza, le zélateur inconditionnel du désir, qui plus est complet). Les nihilistes en ont retiré l'idée immanentiste que seul le sensible évoquait le réel complet (laissant le soin au néant déni de reboucher les trous béants de l'incréé vague).
Si la représentation du sensible explose sous les vérifications de buttoir de la science expérimentale moderne, alors la technique du prolongement est fausse. Catastrophique : car le prolongement est la clé de voûte de l'englobement. Du coup, le schéma transcendantaliste s'effondre sans qu'il soit remplacé. La dernière partie de la phrase est à méditer tout particulièrement, car l'essor invraisemblable de la science expérimentale et de la mentalité nihiliste qui la sous-tend et n'est jamais révélée (le nihilsime véritable repose sur le déni) repose sur le préjugé selon lequel la destruction de l'idole Être (pour parler à la manière de Nietzsche) implique son remplacement.
Par quoi? Par - rien? C'est pourtant le triste constat qui se produit. L'hypothèse transcendantaliste est remplacée par une hypothèse qui loin d'être révolutionnaire et géniale se révèle rebattue et originelle : le nihilisme sous une forme certes modernisée - l'immanentisme. Si l'absence d'hypothèse de substitution s'explique très bien dans le cadre du nihilisme (instaurer rien en guise de quelque chose est l'anti-idée vieille comme le monde), il convient dans l'optique d'une viabilité et d'une validité de l'homme de proposer une hypothèse supérieure au transcendantalisme qui dépasse sa contradiction désormais insurmontable et qui permette non la perfection, mais la néguentropie ontologique.
Cette hypothèse qualitativement supérieure se nomme réflexion, en tant que contraction de l'idée et de la réflection ontologique. La réflexion apporte la nuance selon laquelle on n'obtient pas de complément par prolongement, mais par reflet. La réflexion est au néanthéisme ce que l'idée fut au transcendantalisme. Elle procède par reflet et enversion comme l'idée se caractérisait par le prolongement et l'englobement. Elle propose un infini qui soit qualitativement supérieur au transcendantalisme et qui échappe au nihilisme fondé sur la destruction de toute faculté cognitive supérieure de l'homme et son rabaissement au niveau du désir (ou, selon les inflexions, de la volonté).
Le réel est ce qui est infini et incomplet. Le mérite du nihilisme et son tort conjoint sont d'estimer que le néant est en n'étant pas. Mérite : révéler l'existence du néant, soit d'une réalité différente de l'être; tort : privilégier le principe de contradiction (ou l'irrationnel). Le nihilisme antique exprime le courant dissident du transcendantalisme. Sans doute ce courant s'ancre sur l'idée que le réel est le fini et que le fini n'est explicable que si l'on nie l'infini. Le nihilisme provient de l'idée que l'infini, c'est le néant. Son intuition profonde, c'est que le quelque chose est articulé sur une réalité qui n'est pas univoque ni homogène. A partir de là, il enchaîne sur un raisonnement (contradictoire et irrationnel) selon lequel l'infini, c'est le néant pur.
Autrement dit, les transcendantalistes présentent le néant comme l'Etre. Le seul moyen d'admettre le réel est que le réel soit fini. Selon cette conception, l'infini n'existe pas. C'est le néant. Le seul moyen de parvenir à la connaissance du réel est de postuler que le réel est fini et qu'il coexiste avec le néant. L'intuition de départ provient peut-être d'un savoir dégénéré portant sur l'épineuse question de l'infini (amalgame du réel et du fini) ou tout simplement d'une véritable intuition : que le réel est fini parce que l'expérience est finie, ainsi que l'explique crûment un Aristote. Le savoir d'Aristote provient du savoir perse, soit d'une tradition oligarchique d'expression mésopotamienne qui trouve son essor à partir de certaines traditions de l'Inde antique, bien avant les dix mille ans avant notre ère.
L'intuition selon laquelle le réel est fini s'articule à partir de la coexistence du fini avec le néant (soit la négation de l'infini de l'Etre). Cette coexistence est capitale : s'il est facile d'expliquer le néant pur comme le substitut irrationnel de l'Etre, le lien entre le néant et le fini est aussi assez évident : d'un côté, seule la finitude est compatible avec le néant (l'infini n'est pas compatible); de l'autre, le fini présente l'avantage épistémologique d'être connaissable, et même connaissable assez rapidement (un Aristote qui surgit juste après Platon oppose à l'infini dynamique l'idée selon laquelle il peut presque prétendre maîtriser l'ensemble du savoir humai, vu que le réel est fini).
Ce lien entre connaissance et réel fini est l'explication première au surgissement originel du nihilisme : face au scandale de la connaissance pénible et incertaine, le nihilisme propose une explication qui débouchez sur la certitude du savoir. Le principe d'incertitude rejoint le principe de contradiction : qu'il y ait contradiction explique pourquoi il y a incertitude. Le réel nihiliste est un réel dans lequel un Hegel réussirait à surmonter les contradictions, puisque ces contradictions s'expliquent par le chaos. Il suffit de surmonter le chaos et cette capacité pratique adoube (de manière initiatique selon un Nietzsche) les plus forts, dans un sens moins littéraliste que nietzcshéen.
La loi du plus fort est certes dépeinte par Platon, mais Platon est un satiriste qui montre quelle signification se trouve attachée à la loi du plus fort : le plus fort est le salaud de l'histoire. Mais cette loi du plus fort ne se présente jamais comme Platon l'a démasquée. La manière dont Nietzsche parle des plus forts en les associant aux artistes et aux créateurs est une manière plus séduisante (dans un sens sophiste et typiquement rhétorique) d'enrober l'implacable domination sous la forme de la création.
Cependant, pour parvenir à la certitude, on en vient à l'incertitude maximale. Le nihilisme ne parvient pas à lever la principale difficulté ontologique qui gît sous les principes de contradiction et d'incertitude : le fait que le réel ne se limite pas à ce qui est fini. L'incertitude désigne le caractère incomplet du réel comme ce qui n'est justement pas fini.
Le certain est le fini; l'incertain est l'infini. L'infini demeure énigmatique tant qu'on ne le relie pas à l'incomplet. D'une certaine manière, l'infini est même l'expression de l'incomplet. Quant à la contradiction, elle désigne précisément ce qui est fini. Dans la doctrine d'Aristote, les choses sont multiples et différentes, précisément parce qu'elles proviennent du chaos. Quand Aristote appelle de manière très savante à respecter le principe de non contradiction, il ne le fait pas pour suivre l'infini - vu qu'il réfute l'infini.
Il le fait pour conférer au fini une méthode logique qui ne se déploie qu'à l'intérieur du fini. La logique est l'expression du savoir qui dépasse la contradiction par la domination. Dans la mentalité nihiliste, il ne s'agit jamais d'abolir le principe de contradiction, puisque le nihilisme suit le donné : le réel est donné comme l'être fini, le néant pur est donné comme l'explication à l'infini.
Il s'agit de dominer le principe de contradiction par la production de l'incohérence (du néant). On ne domine que dans l'aire finie. L'erreur théorique ontologique du nihilisme tient à estimer que le réel est univoque et homogène. Selon cette mentalité (seulement), on en arrive à estimer que l'apparence est le réel, que le réel est connaissable, que la certitude est envisageable, etc. Le transcendantalisme consiste à répondre aux allégations premières du nihilisme que le réel n'est ni univoque ni homogène, mais qu'il est englobant.

mardi 4 janvier 2011

En ce moment, nous entendons la mélopée sirupeuse et de plus en plus pressante d'un refrain qui semblerait exclusivement économique : il n'existe qu'une seule solution face à la crise, celle que nous proposent sans distinction politique ou idéologique nos élites dirigeantes, de gauche comme de droite. Autrement dit : renflouer les organismes bancaires sur le dos des peuples. Mais cette antienne politique actuelle, consensuelle, ne se limite pas à l'horizon de notre stratégie actuelle. Elle exprime un air bien connu, une rengaine à la mode, qui ressortit du discours philosophique : en gros, que le réel est la nécessité. Ou : qu'il n'existe qu'une seule alternative au réel, puisque de toute manière, le réel est déjà écrit.
L'acmé du discours postmoderne vantant la nécessité et l'unicité ontologique est exprimée chez Rosset dans la Logique du pire. Rosset reprend les théories ontologiques de Spinoza et de Nietzsche. Il y ajoute sa radicalité d'immanentiste plus schopenhauérien et spinoziste que nietzschéen, lui qui déclare que l'existence est si nécessaire qu'on n'a d'autre choix libre dans l'existence que de se suicider. Peut-être est-ce la raison pour laquelle son complice Jaccard, éditeur influent de la place parisienne (prétendant faire oeuvre de diariste nihiliste), clama son intention incessante et toujours repoussée d'en finir au plus vite - avec la vie (?).
Enfin : se montrer libre dans le donné programmé et nécessaire. Dans cette conception, il n'existe qu'une seule possibilité de réel, la nécessité, et cette réalisation est déjà inscrite à l'avance. La seule possibilité logique pour légitimer la nécessité une est qu'elle soit inscrite à l'avance, dans une forme d'être déterminé et seulement mécanique. Un réel quasi cartésien en somme, à ceci près que l'univers cartésien physique et fini se trouve mû par un deux ex machina irrationnel (ou arationnel pour les bobos laïques).
L'explication au fait que le réel unique soit nécessairement préétabli tient au caractère fini du réel, dans lequel le développement ultérieur de l'être est tout entier contenu dès les limbes programmatiques du Premier Moteur. Entre Aristote et Descartes, le grand changement porte sur la conception du divin. Pour Aristote, le Premier Moteur n'explique rien, puisque la cause première ne fait que repousser le problème de la causalité physique, en particulier l'idée selon laquelle il existe quelque chose avant le Premier Moteur.
Soit c'est l'être - ou Dieu; soit c'est le néant. Aristote parie pour la deuxième option (c'est ce qui explique son opposition taiseuse à Platon). Quant à Descartes, s'il propose un autre modèle de divin que le modèle contestable d'Aristote, son deus ex machina échappe à toute rationalité. Du coup, le caractère miraculeux de Dieu le rend aussi impossible que tout-puissant. Le deus ex machina ne change pas grand chose à l'incohérence aristotélicienne. Descartes s'engage sur la voie de l'aristotélisme, qu'il révise notablement, mais dont il privilégie la piste essentielle de l'irrationalisme.
Mais c'est le saint fondateur de l'immanentisme, d'ailleurs un cartésien initial radical, le marrane Spinoza, qui définit le plus adéquatement la nécessité moderne en fondant l'immanentisme. L'immanentisme est la radicalisation du projet nihiliste antique de type aristotélicien qui amorce déjà la prudence en proposant le compromis et l'apparente modernité. Spinoza reprend l'idée de prudence aristotélicienne, déjà soutenue par son mentor de jeunesse Descartes, en radicalisant le projet nihiliste de finitude pour le resserrer autour du désir.
Le réel devient le désir, en gros. Spinoza affirme que la liberté désigne la puissance. Être libre, c'est accroître sa puissance personnelle, ce qui revient, non pas à fonder une définition nouvelle et supérieure de la liberté, comme aimeraient à le faire accroire les commentateurs immanentistes modernes, mais à revenir à la loi du plus fort dénoncée par Platon et défendue dans les écrits platoniciens par Calliclès, Gorgias et d'autres.
L'option selon laquelle il n'est qu'une possibilité dans le devenir (l'unicité ontologique chère à Démocrite notamment durant l'Antiquité)) s'explique seulement dans un format fini et figé (fixe). Dans cette option théorique, l'unicité nécessaire est même évidence. Problème : ce schéma théorique se fait carcan si l'on s'avise que le réel est tout sauf fini - et même qu'il coule de source qu'il est infini. Ce n'est pas parce que les immanentistes ont produit des théories ontologiques finies et figées qu'ils ont eu raison. On en trouve une illustration caricaturale avec le marxisme, qui d'une théorie philosophique essentiellement idéologique a trouvé de multiples applications politiques.
La catastrophe des applications marxistes montrerait que la théorie marxiste est fausse, comme se plurent à le dénoncer les partisans inconditionnels du libéralisme. Malheureusement pour le libéralisme, moribond vingt ans après le communisme, la raison pour laquelle le marxisme est faux ne repose pas sur l'égalitarisme, soit une mauvaise définition de la liberté, mais sur le fixisme, cette propension théorique curieuse consistant à réduire le réel et à le déformer gravement.
Si Marx s'est trompé, c'est parce qu'il a voulu corriger les erreurs du libéralisme à partir d'un fondement libéral indiscuté. On comprend dès lors et l'aveuglement libéral - et l'erreur de Marx. Dans un schéma de réel fini et fixiste, la seule alternative est aussi l'alternative fausse. Ne reste plus qu'à rejeter la nécessité spinoziste (et aristotélicienne). Et à comprendre que le réel étant toujours incomplet, il reste toujours à faire.
On restaure la fameuse liberté classique, celle du libre arbitre, qui consiste non à décréter que l'homme n'est déterminé par rien, mais que l'homme malgré ces déterminations demeure libre - qu'il conserve une part de liberté au sein de son existence. L'homme n'est pas juste libre de se suicider. L'homme est libre parce que le réel est incomplet; cette incomplétude ruine définitivement le schéma de la nécessité, soutenu par les immanentistes avec une véhémence qui a de quoi étonner : comment savent-ils avec tant de certitude que le réel est fini?
Le coup de force théorique en dit long sur leur mauvaise foi - et qui explique leur virulence. Au final, la restauration de la liberté - consécutive de la caducité de la nécessité de type spinoziste - propose un modèle légèrement différent et supérieur du modèle de la nécessité. Le modèle nécessaire était unique - sans doute le principal argument inavouable qui expliquait pourquoi l'on privilégiait cette unicité nécessaire : du fait de sa simplicité avouée, un peu comme quand Rosset se vante d'être clair (comme si cette simplicité était gage de vérité ou de lucidité).
Dans le schéma de la liberté, on pourrait estimer qu'à l'unicité du possible nécessaire s'oppose la multitude des possibles libres. Si l'on est libre d'agir, du moins pour une bonne part, en sus des déterminations, c'est qu'on dispose d'une infinité de choix. A y bien regarder, le schéma ontologique délivre un verdict sensiblement différent (plus nuancé) : on dispose de deux grands choix, soit le choix nihiliste (réduit à l'unique choix au nom de la nécessité bienvenue); et le choix supplémentaire (ignoré par le nihilisme) qui instaure le libre-arbitre - et nie la nécessité prédéterminée.
C'est à l'intérieur de ce choix duel (double) que l'on dispose d'une multiplicité de choix, puisqu'il est faux de considérer qu'il existe un seul choix nécessaire. Il existe une multitude de sous-choix à l'intérieur du choix nihiliste comme du choix constructeur (créatif). Il est tout simplement simpliste et réducteur de réduire le choix nihiliste au seul choix. L'existence de deux grands choix opposés se manifeste avec acuité lors des crises graves, où l'ensemble des sous-choix multiples se trouve réduit aux deux grandes tendances principielles : soit construire; soit détruire.
C'est le cas à l'heure actuelle, où les deux grandes tendances sont présentes quasiment à l'état pur et où tout le jeu (la ruse sardonique) des nihilistes consiste à faire croire que leur solution est certes douloureuse et pénible, mais inévitable et nécessaire. Grand mensonge qui peut aussi se révéler grand aveuglement - car il est possible de croire sincèrement à une erreur manifeste. La réduction des possibles indique la destruction comme mode de vie, soit le fait que le resserrement du réel coïncide avec la destruction.
Plus le réel est détruit, plus il est réduit, plus on avance l'explication hypocrite de l'unicité nécessaire. L'idée de la dualité du réel s'explique adéquatement (comme dirait Spinoza, quoique dans un sens opposé) par la structure du réel qui suit le cours de l'enversion et du reflet. Autrement dit, le réel n'est pas englobé (l'être dans l'Etre), mais il est structuré en envers, passant sans cesse du néant pur fini à l'être pur fini (d'où le reflet).
Dès le départ, le réel est duel, avec une infinité de nuance entre les deux pôles de l'être et du faire. Ce nuancier est exprimé par le mouvement du reflet. Plus le réel se trouve en situation de croissance harmonieuse et luxuriante, plus les possibles augmentent, au point qu'on oublie qu'ils augmentent à partir d'un fondement duel. Quand surgissent des périodes de crise, cette dualité apparaît tellement dénudée, tellement formelle et pure, que les tenants du parti nihiliste tentent de faire croire qu'ils expriment seulement la voie de la nécessité et, partant, de la lucidité.