jeudi 31 mars 2011

Comment peut-on être Un et incomplet? L'Uncomplet est-il l'Un? Qu'est-ce que cet incomplétude qui délivre un vide manifeste hors de son incomplétude? On ne résout le problème qu'en quittant la déformation à l'intérieur de l'état. Le problème est le fixisme né de l'état. L'état fini, notamment. L'incomplétude va de pair avec le reflet : si le réel était état, son incomplétude serait indéchiffrable; mais si le reflet est la figure qui caractérise l'infini, alors l'unité est incomplétude du fait du va-et-vient entre deux états incomplets : l'être fini et le non-être fini. C'est le reflet qui est infini et qui permet cette incomplétude. Corollaire important : l'incomplétude par reflet est le seul moyen d'expliquer rationnellement la liberté. Tant qu'on fonde la liberté de manière inexpliquée et inexplicable sur l'Etre, on prend le risque de laisser ressurgir par temps de crise la nécessité) ce qui advient en c e moment de crise profonde. Quant à l'Un, il est significatif dans le reflet. Si le réel est un, c'est qu'il fonctionne par reflet et que toutes ses parties se trouvent interconnectées.

dimanche 20 mars 2011

Le reflet crée l'un, alors que j'en étais arrivé à la conclusion que le réel s'arrêtait au deux. Ce que le nihilisme apporte par rapport au transcendantalisme, c'est la notion d'état. Soit le fait que le réel parvient à créer deux état antithétiques et jumeaux, l'être et le non-être. Le deux s'arrête à la notion d'état. Deux états : l'être et le non-être. Longtemps, l'interprétation transcendantaliste a achoppé à propos de la question de l'infini. Car si le transcendantalisme reconnaît l'infini de quelque chose, au contraire du nihilisme d'Aristote, le plus abouti de l'Antiquité, selon lequel l'être est fini, quand le non-être multiple est infini d'une manière assez paradoxale (par le vide et l'inexplicable); ce même transcendantalisme connaît les pires peines à définir l'infini en connexion avec l'Etre, quand le fini se définit assez clairement en connexion avec l'étant (selon le vocabulaire heideggerrien inspiré des Grecs).
Dans le schéma néanthéiste, l'infini correspond au reflet. L'Un est le reflet. L'Un n'est pas un état et c'est le détail (significatif et majeur) qui égare, tant pour le transcendantaliste qui y voit l'Etre (notion finalement assez vague, puisque indéfinissable) - que pour le nihiliste qui y discerne le néant de manière tout aussi vague (le néant et l'infini étant peu compatibles, si tant est que l'infini désigne une réalité). Si l'on considère que le réel est un état, on ne distingue pas l'existence du reflet. Le réel n'est pas formé sur une texture homogène et unique, mais sur une hétérogénéité ou une discursivité.
L'Etre était l'Un, mais Un indéfini et assez vague, car c'était un Etat supérieur à l'état. Plotin ne s'y est pas trompé, qui proposa que l'Un corresponde au néant supérieur à l'Etre. Le reflet permet en introduisant l'idée d'hétérogénéité du réel d'échapper à ce point théorique contestable du transcendantalisme. Le reflet est l'Un en ce qu'il n'est pas un état, mais un processus.

samedi 19 mars 2011

L'ontologie n'est pas la dégénérescence du religieux, comme je l'estimais plutôt au départ de ce blog (non sans confusion); ou plutôt : si cette dégénérescence ontologique est palpable dès les prémisses de l'histoire ontologique (avec un Aristote), le propre de la création ontologique comme excroissance rationaliste du religieux monothéiste n'est pas d'être une dégénérescence, mais d'être l'expression avant-gardiste des nouvelles formes religieuses, les religions posttranscendantalistes, néanthéistes.
L'ontologie et la philosophie incarnent dès le monothéisme l'avant-garde du transcendantalisme comme nouvelle forme religieuse. Car le néanthéisme est découvert dès les formes ontologiques du monothéisme. Question posée en particulier par Platon, qui définit le néant comme l'autre. Platon ne fait que reprendre un débat qui est présent dans toute la pensée de l'Antiquité, au point que les sophistes et les atomistes incarnent un mouvement réactif typiquement nihiliste. Question perfectionnée par les néo-platoniciens, en particulier par Plotin : lui propose que le néant désigne deux réalités. La plus basse des réalités, la matière; mais la plus haute des réalités, qui se tiendrait au-dessus de l'Etre platonicien.
Deux définitions (complémentaires) du néant chez Plotin, surtout la reconnaissance que la question du néant est indissociable de la question de l'Etre. La réponse qu'en donnent les nihilistes est aberrante, depuis les nihilistes ataviques et polythéistes jusqu'aux nihilistes monothéistes - les nihilistes polythéistes recouperaient une forme théorique proche de Démocrite; quand les nihilistes monothéistes innoveraient dans le nihilisme avec la logique d'Aristote.
Mais la réponse que proposeront tous les ontologues, aussi ingénieuse soit-elle (dans les cas de Platon ou de Plotin), est clairement insuffisante, puisqu'après Platon, la correction majeure de Plotin indique que l'ingénieuse alternative de Platon ne résout pas le problème fondamental du nihilisme, et après Potin, la question du nihilisme reste une question assez débattue par les philosophes du christianisme et de la modernité, au point qu'on peut s'aviser de la relative sclérose de la pensée en examinant la réponse qu'ils apportent : que le non-être ne se dit pas et ne se pense pas, voire qu'il s'agit d'un faux problème ou d'un problème illusoire.
Quelle est cette insuffisance de l'ontologie? L'ontologie choisit un terme fondamental et essentiel, l'Etre, et ne le définit jamais. Absence si criante dès les prémisses qu'elle devient intenable chez un Heidegger (terminus de l'ontologie?), un des derniers ontologues du courant lancé par Pythagore et d'autres en Grèce antique. Heidegger procède par cercles concentriques à partir d'un fondement qu'il ne définit jamais : l'Etre. Drame de Heidegger qui utilise un logiciel dont l'obsolescence est devenue au fil du temps criante.
Qu'est-ce qui manque à l'Etre? Ne proposer que l'univocité et l'unilatéralité du réel, comme si l'Etre était le moteur unique du réel. Coince le problème que soulève le nihilisme : que le réel est trop inconnaissable pour être univoque et homogène. Les ontologues rétorqueront que l'Etre n'est jamais définitivement connaissable, mais dans ce cas, comment être certain de son existence s'il n'est pas connaissable? Ce point faible de la doctrine platonicienne par exemple ne sera jamais complètement exploré et résolu.
On comprend la démarche d'un Aristote et les tentatives de Descartes, Kant et des immanentistes pour résoudre le problème en tentant à la suite d'Aristote un compromis entre l'ontologie et la méontologie. C'est parce que la démarche rationaliste ontologique laisse le plus apparaître le problème du néant que le néanthéisme exprime la nouvelle forme de religiosité en utilisant l'ontologie. Quand on constate l'évolution historique de la philosophie depuis les présocratiques, on se trouve confronté à une forme de décroissance au sens où la philosophie n'a pas su ou pu se renouveler.
En particulier depuis la fin de la scolastique et avec le prétendu renouveau de la philosophie moderne amorcée par Descartes, la philosophie devient de plus en plus absconse et verbeuse au détriment de la production d'un discours rénové (adapté en particulier à l'innovation physique de la science expérimentale). Depuis Platon en gros, la philosophie n'a rien inventé, ce qui indique son nihilisme. La boutade du logicien Whitehead est lucide : pour que la philosophie moderne avance, il aurait fallu qu'elle sache définir l'Etre et le néant. Or, au lieu de cette modernisation de l'appareil classique, nous avons une exténuation progressive, mais implacable de la philosophie, qui se retrouve avec Heidegger à ressasser des réflexions concentriques autour de l'Etre sans jamais le définir.
Le propre de l'ontologie, c'est de libérer le chemin vers la nouvelle religiosité : le néanthéisme - en posant la question du néant, soit, quand cette question ne se trouve pas déformée par le nihilisme, de l'homogénéité et de l'hétérogénéité du réel. Le futur du religieux passe par l'expression philosophique, soit par la découverte progressive, déjà amorcée par Platon et les successeurs (en particulier néo-platoniciens), que la découverte de Dieu ne passe plus par la révélation de nature transcendantaliste, mais par la réflexion d'innovation néanthéiste.