dimanche 13 janvier 2013

Dieu complète le cercle vicieux du donné. Tout donné est contradictoire et chaotique. La contradiction est incomplète puisqu'elle mène à l'autodestruction. En instituant le reflet par enversion gradatoire, Dieu complète. Il est le compléteur, mais il ne complète pas de manière définitive le réel. Il complète de manière provisoire le donné. Ce que l'observateur engoncé dans sa représentation finie prendrait pour du définitif est en réalité du provisoire, de l'incomplet, de l'inachevé. C'est l'erreur du nihilisme que de s'en tenir aux bornes du fini et de juger qu'à cette aune le réel est tel. Le raisonnement pourrait être : nous devons nous concentrer sur ce que nous pouvons connaître. Ce qui est connaissable est fini et de ce fait peut être connu. La variante spinoziste consiste à feindre que l'on reconnaît l'infini, tout en s'en désintéressant, pour se concentrer sur le désir connaissable - accessible. Quand l'infini est inconnaissable, il revient au non-être, qui lui est inconnaissable et se trouve déniée par la métaphysique moderne (de Descartes à Bergson). L'infini est connaissable. Cela signifie que la connaissance est en progrès sur le modèle de Dieu. Dieu n'est pas complet, et s'il complète le donné, c'est la preuve de l'incomplétude : ce qu'on nomme complétude est ce qui complète le fini.

mardi 8 janvier 2013

Il n'y aurait de possible que le réel, le possible existant a posteriori et étant une illusion rétroactive du réel. Cette thèse, défendue par Bergson au vingtième siècle, est l'adaptation contemporaine de la vieille thèse nihiliste, que les métaphysiciens ont toujours fait leur (il n'est qu'à penser à l'actualisation chère à Aristote et à la puissance). Bergson se montre encore moins clair, puisqu'il n'explique pas vraiment pourquoi le réel est et qu'il est si le possible n'existe pas, Aristote ayant au moins le mérite d'établir une zone-tampon, entre l'être multiple et le non-être multiple, à charge pour lui de nous expliciter ce qu'est cette mystérieuse puissance et son articulation entre être et non-être. Bersgon nous entretient de l'illusion du possible, illusion rétroactive? Fort bien, mais cela ne nous explique nullement la création de l'être, sauf à reprendre le dogme spinoziste de l'incréé. Dans l'enversion, on peut s'aviser que le possible s'apparente au contradictoire se distinguant de la contradiction ce qu'il contient les éléments de la croissance et l'impossibilité de l'anéantissement. Le possible désigne ce qui précède la constitution en être, mais qui relève de la réalisation. Le possible n'est pas de l'être et s'en distingue par son aspect contradictoire et moins fini. Le fini est bien ce qui est fini dans tous les sens du terme : il est ce qui finit le contradictoire et permet au réel d'être achevé provisoirement. Le possible existe bien comme la pluralité des contradictions desquelles sort un seul être, qui est le possible le plus achevé. Mais le possible n'est ni une illusion rétroactive, comme le prétend Bergson, ni un élément à part entière de l'Etre, qui le placerait sur le même plan que l'être et qui de ce fait introduit une homogénéité inexistante et illusoire - selon le schéma de Leibniz, qui distingue dans le réel les vérités contingentes des vérités nécessaires.
Le contradictoire contient en son sein sa pérennité : sa croissance en enversion. Le contradictoire ne constitue pas l'étape initiale, au sens où il n'existe pas d'étape initiale, mais où l'initial serait la reconstitution chronologique et a posteriori, la scène primitive et fantasmatique de ce qui est antérieur, non seulement au temps, mais à l'espace : le réel. Le réel est ce qui ne peut disparaître, mais cette nécessité (ne pas disparaître) contient la supériorité à la nécessité, la liberté, en même temps. Ce qui ne peut disparaître serait l'aiguillon, mais instaure la limite de notre entendement. Nous ne pouvons comprendre ce qui se situe en-deçà d'un point de vue logique et chronologique de l'être. L'enversion constitue la limite, qui nous permet de dire qu'en-deçà de l'enversion existerait un monde de chaos, de contradictions, mais dont la particularité serait de déboucher sur quelque chose d'être. Il est du faire qui débouche sur l'être. Ce que l'on nomme divin propose un mélange désarmant de nécessité et de liberté. Il serait nihiliste de chercher à définir le divin, soit à emprisonner le divin dans les rets du donné et de la nécessité. Le divin à cet égard constitue un aiguillon incessant, de l'ordre du malléable. Il est l'adaptable constant, qui à partir de l'adaptation crée les conditions de l'espace/temps. Autrement dit, il adapte l'espace à sa cohérence, avec cette idée qu'il a toujours besoin de recourir à l'enversion et au changement pour ne pas disparaître. L'enversion est le moyen trouvé par le divin pour ne pas disparaître. La structure du donné est incomplète et ne correspond pas à la structure du réel. Elle n'en constitue que la partie la plus visible (d'où l'erreur réductrice du nihilisme.

dimanche 6 janvier 2013

La mort engendre le désespoir lucide du donné; sinon, elle constitue la bonne nouvelle du renouveau.
La fin de l'art en tant que fin signifie que l'art ne peut être la fin, mais qu'il est l'expression du symbolisme humain dans le religieux. C'est un sous-religieux au sens où il recourt à une faculté d'expression qui est secondaire (ce qui ne signifie pas qu'elle ne soit pas profonde). La faculté principale est l'intelligence. C'est une faculté en progrès constant, au sens où la définition de l'intelligence s'épure au fur et à mesure qu'elle gagne en précision.