mardi 19 juillet 2011

En quoi le flux de densité énergétique est-il particulièrement faible dans un système fini? L'énergie produite dans un système fini tend à préserver la stabilité, la permanence et l'immuabilité du fini. L'énergie est au service de la sauvegarde du système. L'écologie ne prétend pas autre chose, elle qui entend préserver la Nature. La Nature signifie ici le fini (on retrouve le deus sive natura de Spinoza, soit la Nature immanentiste d'ordre nécessairement fini). L'énergie en tant que processus est dynamique : elle appréhende le réel en tant qu'infini. C'est seulement dans un système infini qu'elle peut se poursuivre et se pérenniser; tandis que dans le fini, la quête de stabilité l'amène à l'entropie physique, dans un sens plus encore ontologique que physique.

jeudi 14 juillet 2011

Qu'est-ce que le néant? Soit que le rien existe - de manière paradoxale; soit la contradiction. Si l'on opte pour la contradiction, c'est que le néant engendre le changement et travaille pour le changement. Alors que les oligarques entendent imposer l'immobilisme et le fixisme, leur influence la plus brutale et prédominante survient au moment où le changement qualitatif se produit. Autant dire que de manière ironique et involontaire, la soif d'immobilisme oligarchique qui est fondée sur le néant accélère et précipite le changement en prétendant le bloquer et l'empêcher.
Le sacrifice classique (polythéiste) est censé rendre favorable le changement par l'intervention du divin. On sacrifie ce qu'on a de plus cher (intime, son fils, ou un agneau pour le berger) pour payer le prix au changement propice du cours du réel. On sacrifie quand le cours du réel est défavorable. Le sacrifice se produit de sa manière la plus fréquente sous le polythéisme - il tend à s'abolir par le monothéisme, notamment chrétien. Le polythéisme envisage l'immobilisme du divin comme modèle en estimant que l'on peut parvenir à l'immobilisme en rendant favorable le changement, comme si le changement favorable menait au stade supérieur et immobile du réel (le changement dénotant une dégradation de l'immobile supérieur, que figure le panthéon des dieux); alors que le monothéisme, en retournant la définition même/autre, envisage le changement comme le propre du divin (le divin change de manière divine, donc positive, le sensible qui est devenu le même).
Le monothéisme va vers un allégement considérable du sacrifice, voire une suppression définitive du sacrifice dans le christianisme (après le sacrifice suprême du Christ), car dans une conception où le divin est le changement, l'action du sacrifice dans le sensible devient superflue. Elle répéterait de manière inférieure le changement, par rapport au changement divin et supérieur. Le nihiliste serait plus proche du polythéisme que du monothéisme, au sens où le polythéisme propose un schéma théorique du divin proche du Même. Raison pour laquelle unNietzsche promeut le polythéisme par rapport au monothéisme (et le monothéisme musulman qui permet un certain sacrifice rituel et animal sur le christianisme). Mais Nietzsche préfère (on le comprend dans son optique) les pratiques étranges, violentes et étrangères du dionysiaque sur le polythéisme institutionnalisé.
Avec des nuances d'importance, qui expliquent pourquoi le dionysiaque nietzschéen n'est qu'une inspiration et subirait en cas de réussite du projet immanentiste de Surhomme des inflexions capitales : le nihilisme parie sur un être minoritaire, miraculeux et inexpliqué (inexplicable), aussi fini qu'immobile, dont le changement serait occasionné par l'introduction de non-être dans l'être (la théorie du sacrifice transcendantaliste est gratuite et inexplicable dans le nihilisme). Le changement serait provoqué par le non-être, sans qu'on sache bien pour quelles raisons cette collision être/non-être a lieu. Le changement se trouve prêté à l'action du non-être, qui ne peut subir la divinisation; et l'être immobile est unique et (lui aussi) sans valeur divine.
Le projet de tout nihiliste est d'opérer le changement qui l'avantage définitivement, soit qui installe une bonne fois pour toutes l'oligarchie - suite à quoi tout changement sera banni - et le projet nihiliste d'immobilisme statique et fixe (le fixisme) serait promu de manière définitive par les oligarques au pouvoir. Jusqu'à présent, les différentes oligarchies ont échoué dans ce projet inquiétant où l'on substitue au divin l'homme pour n'avoir jamais réussi à définir l'être de manière précise. Aristote va le plus loin dans le nihilisme avant l'immanentisme, qui énonce que le réel est le fini, mais cette définition demeure indéfinie à son tour. Qu'est-ce que le fini?
C'est encore trop vague. La révolution de l'immanentisme est radicalisation du nihilisme, au sens où elle apporte une définition précise du fini : la complétude du désir. L'immanentisme fixe (dans tous les sens du terme) le fini sur le désir. C'est précis. Qu'est-ce que le rationnel? Peut-être faudrait-il partir de ce terme pour comprendre de manière atavique ce qui se produit avec la mentalité nihiliste - en quoi toute mentalité qui perdure est sincère, même quand elle se trompe et qu'elle trompe.
La raison désigne ce qui mesure, soit ce qui rend sécable et fini. Deux manière d'entendre le rationnel : une manière est de considérer que le rationnel peut dire l'infini; l'autre que le rationnel ne peut dire que le fini. La première débouche sur les théories transcendantalistesqui sont des réponses au nihilisme; la seconde engendre deux interprétions : l'interprétation intermédiaire de la théologie négative, selon laquelle on ne peut pas dire ce qui est; l'interprétation contraire selon laquelle le réel est fini. En réalité, la distinction entre théologie négative et nihilisme est des plus ténue, puisqu'un philosophe nihiliste antique de premier plan comme Démocrite pense que l'être existe, mais ne peut se dire (Gorgias lui répondra de manière désinvolte).
La différence est que le théologien négatif estime que le non-être n'existe pas, alors que le nihiliste parie sur l'existence du non-être, soit le fait que le non-être diffère radicalement de l'être. Le théologien négatif estime que l'être est fait de manière inférieure sur le mode del'Etre. Le théologien négatif ose un pari rationnel des plus audacieux, voire incertains, puisqu'on voit mal en quoi la différence essentielle se situerait entre l'être et l'Etre. Le théologie naturel croit vraiment aux miracles.
Le nihiliste est plus conséquent, puisqu'il estime que la disjonction obéit à la différence. Mais il ne parvient pas à définir la différence. Pour lui, tout changement se fait dans la collision entre le néant et l'être, sans autre précision. Le sacrifice sert à changer le cours du réel quand il est défavorable aux plus forts, puisque la loi du plus fort prédomine. Le schéma nihiliste est le suivant : le changement fait suite à la collision nécessaire et hasardeuse entre le non-être et l'être et provoque des changements qui sont favorables aux plus forts. Plus on provoque de changement, plus le phénomène de changement est favorable aux plus forts.
L'erreur de cette conception, c'est qu'elle part du principe que le réel est favorable aux plus forts, alors que dans les faits, le sacrifice et la loi du plus fort ne marchent pas en faveur des oligarques du moment. Le transcendantalisme considère que le sacrifice permet de rendre favorable le changement contre la loi du plus fort. La connexion entre la loi du plus fort et le nihilisme rend fausses ces deux conceptions et permet de définir le néant en tant que contradiction et chaos comme la théorie dont l'application es la loi du plus fort.

mercredi 13 juillet 2011

Le principe de cohérence : que le réel continue à être et qu'il ne disparaisse pas. Que le réel soit croissant - et non entropique. Le principe d'anthropomorphisme que dénonce un Spinoza n'est pas très pertinent, car s'il est certain que l'homme est le réel (l'homme en est une partie), il est aussi certain que l'homme est à l'image de la structure réelle - comme le définit le monothéisme, avec sa célèbre formule : l'homme à l'image de Dieu.
Le mythe de la complétude, de la finitude renvoie à la stabilité. On peut se demander si Nietzsche croit vraiment que ce sont les ontologues avec à leur tête Parménide qui refusent le changement du devenir et adorent en lieu et place l'immobilisme puéril. Ce changement, ce devenir revoient au changement provoqué par la rencontre des contraires, selon la théorie d'Héraclite (l'être tient et subsiste du fait de l'opposition des contraires). Qu'Héraclite soit tenu pour le grand chantre du changement, on comprend pourquoi - puisque tel est ce changement.
Le fait que le réel soit tronqué et que le nihilisme soit contraint d'invoquer l'existence paradoxale, indémontrable et injustifiable du non-être - qui plus est dénié, constitue le signe que l'approche nihiliste repose sur l'erreur. L'impossibilité de définir l'infini est l'autre moyen d'approcher de l'erreur monumentale et fondamentale dans la compréhension du réel. Le néant est un mot creux, une poubelle sémantique commode et aberrante, qui ne possède aucun sens positif : il est formulé de manière entièrement négative (d'où l'attrait des théoriciens nihilistes pour la théologie négative qui présente le mérite d'approcher du nihilisme par l'aspect du négatif reconnu indépassable); il repose sur l'idée selon laquelle le langage ne peut définir ce qui n'est pas.
Le langage n'aurait pas accès à la partie majoritaire du réel et ne pourrait que s'attacher à comprendre le réel qui est. Comment savoir que ce qui n'est pas est d'une manière limitée et paradoxale, si notre seul moyen de connaître, le langage, ne peut pas le connaître - justement? C'est l'un des moyens irrationnels invoqués, qui permettent d'écarter l'irrationalisme non pas comme une limite posée à la connaissance et au rationnel; mais comme l'introduction de la possibilité contradictoire dans le lieu du rationnel - le langage.
Idem avec la complétude ou la finitude, qui passe à côté du réel en invoquant l'irrationnel du non-être, alors que l'irrationnel tout comme le non-être sont deux mots-valises entièrement négatifs (des positifs rationnel et être). Que cache le non-être? Quand un mot est dénué de sens, comme c'est le cas du non-être, il ne peut qu'évoquer quelque chose - s'il n'exprimait rien, on rétablirait le non-être avec usure et déni. Dès lors, le recours au non-être ne cache pas l'irrationnel, l'absurde et autres joyeusetés invraisemblables, mais porte sur la structure du réel. Si l'on rétablit derrière la dégradation la théorie envisageable : le réel n'est pas formé en mode homogène, mais en enversion.
Le reflet évoque cette idée d'infini en constant mouvement. L'infini, c'est le mouvement. On notera que les philosophes de l'Antiquité comme les Eléates qui se penchent sur la définition du mouvement ne parviennent jamais à définir le mouvement - pas davantage que l'Etre, le langage et tous les fondements de l'ontologie. Le réel, c'est le mouvement, le reflet. Le changement n'est que la conséquence de ce mouvement perpétuel du reflet. Il est imprécis de définir le réel comme le changement, bien que les néo-platoniciens aient proposé cette définition avec profondeur (osant surtout, contre la doxa platonicienne, proposer que le Non-Etre se situe au-dessus de l'Etre, le différenciant du non-être de la matière inférieure dans le champ du sensible).
Quand on comprend que la structure du réel se pose en enversion et que le propre du réel est de changer en mouvement, selon le va-et-vient du reflet, la stabilité est une quête dénuée de sens te renvoyant à l'erreur. L'erreur est stable. L'erreur consiste à stabiliser un objet dans un réel en constant changement. Mais le changement n'aboutit pas à la stabilité, comme chez Héraclite, mais à la création. D'où le fait que le réel croît constamment, quand la stabilité aboutit ne mode de changement et d'infini à la destruction (soit la décroissance).
L'erreur détruit parce qu'elle se veut stable. De même que l'erreur est inférieure à la vérité, de même la stabilité est inférieure à la croissance et au changement. La théorie la plus réelle est la théorie supérieure. Le propre de ce qui est supérieur est d'être ne mouvement. Que l'on ne puisse définir le changement indique que le changement est le propre du réel, non pas que l'indéfinissable soit le propre de ce qui est réel (au sens de divin), mais que le langage ne peut accéder à l'infini que de manière toujours partielle et indéfinie.

mercredi 6 juillet 2011

Qu'est-ce que la mort? On parle de Phénix et autres symboles de résurrection pour évoquer la mort. Et si la mort est le moyen nécessaire trouvé par Dieu pour subsister? Et si le Phénix désignait le moyen, non de braver la mort, ou d'y échapper, - mais de renaître de ses cendres en mourant? La mort est la disparition d'un certain état et son prolongement dans un état anti-entropique et dynamique supérieur et changeant. La résurrection est le fait de participer à la forme supérieure de l'état. Quant à la vie éternelle, elle indiquerait que ce qui est n'a pas été puis n'es plus, mais est à jamais emmagasiné dans le rapport de reflet, ce qui implique que l'être est immuable et éternel de par la relation de reflet qu'il suscite et qu'il a échappé de ce fait à la contradiction de son état initial et insuffisant. L'être dynamique supplémentaire crée en plus provient de la contraction de la contradiction qui crée de l'être par reflet et pour échapper au non-être de son état de contradiction.

L'être et le non-être se superposent. Ils sont reliés dans un rapport d'enversion par le reflet, qui est le signe de l'infini. Quand disparaît l'état subsiste le reflet, ce qui indique que, selon la simultanéité de l'éternité, ce que nous vivons en ce moment n'est qu'une partie de ce qui est réel, l'autre demeurant invisible par la relation d'enversion. Quand l'état disparaît, non seulement l'être ayant surmonté la contradiction rejoint l'état de reflet, mais il le rejoint à l'état d'intégralité, si bien que la persistance du reflet par-delà la mort de l'être (et de son corollaire inférieur le non-être quasi superposé) implique que subsiste aussi l'état en même temps que le reflet.