dimanche 24 octobre 2010

L'entropie, qui n'en est plus à un paradoxe près, est tenue de manière croissante pour un concept philosophique qui appartiendrait à la postmétaphysique. Pourtant, tout indique dans la croissance de l'univers que le fonctionnement du réel est antientropique - ou néguentropique. Dans un premier sens, les théories physiques du chaos, ou irrationalistes comme celles de l'infiniment petit (ainsi de la mécanique quantique), sont détournées sous couvert d'être prolongées - vers la métaphysique. On fait comme si l'idée physique d'entropie avait une portée métaphysique quasiment incontournable.
Non seulement toute théorie physique mérite d'être discutée; mais encore la réflexion sur le réel pousse à trouver absurde l'entropie. Toute théorie nihiliste repose sur l'absurde, ainsi que Schopenhauer l'avait compris - à ceci près qu'il entérinait ces considérations ineptes. Si l'on se reporte sur la théorie physique des atomes, au sens antique, elle est absurde (et démentie par les théories physiques modernes) en ce qu'elle est contrainte d'arrêter le cours de l'infini au stade de l'atome. Cet arbitraire est irrationnel au sens où la théorie ne tient pas la route.
Quand Aristote, qui oeuvre dans le compromis ontologique, définit le réel, c'est pour le décréter fini, ce qui rend la question de l'infini brûlante, voire intenable. Quand Descartes, qui fonctionne comme une sorte d'Aristote des temps modernes, prétend expliquer l'univers, il sépare soigneusement l'univers physique rationnel d'une autre partie qu'il reconnaîtra quant à lui (au contraire d'Aristote), mais pour mieux lui attribuer un fonctionnement miraculeux de deux ex machina.
Si l'on adoube la théorie entropique, on ne peut que se montrer nihiliste, car aucune ontologie qui reconnaît que seul quelque chose existe (quel que soit ce quelque chose) ne peut accepter que l'on se dirige vers un modèle de réel qui mène vers le néant. Telle est la théorie de l'entropie. Pourquoi présente-t-elle à travers les siècles un tel attrait? C'est qu'elle possède une part de vérité : effectivement la question du néant mérite d'être débattue, d'autant plus qu'elle est clairement déniée dans les modèles transcendantalistes.
D'un point de vue plus entropique, on constate bel et bien que les corps reviennent à la poussière, pour parodier un constat biblique (qui remonte à avant la Bible et qui n'a guère été modifié depuis, y compris par les plus brillants physiciens propagateurs de thermodynamique et d'entropie)... Mais ce constat s'appuie dans le modèle néanthéiste sur la diminution qualitative, qui provoque une croissance quantitative.
Le néant pur, qui est quelque chose, même s'il est faire et non pas être, contient une énergie invraisemblable et antagoniste qui lorsqu'elle est contactée provoque une forme de déflagration qui engendre à son tour la croissance. C'est ainsi qu'est né le réel ordonné tel que nous le connaissons, sur un modèle proche du Big Bang. C'est ainsi qu'il continue à fonctionner, car il est impossible que ce qui est aille vers ce qui n'est pas - ou qu'il retourne au modèle du faire. Le néant néanthéiste engendre nécessairement comme complément viable l'être.
A partir de ce reflet incessant et indéfini, l'être ne peut que grandir, car il n'est jamais coupé du faire et que tout contact avec le faire engendre sa croissance continue. La limite de cette croissance peut à la limité passer par des explosions successives sur le modèle du Big Bang, car il est possible que certaines limites dans l'ordonnation implique des explosions théoriques et littérales. Le modèle entropique est faux, car quelque chose ne peut jamais devenir rien.
Et si quelque chose demeure forcément quelque chose, la loi de l'immuabilité n'existe jamais à partir du moment où l'on comprend que le faire est incomplet et engendre nécessairement l'être comme envers et complément. La néguentropie nie ontologiquement ce qui peut exister physiquement (dans un processus limité et défini). Seul, le faire serait voué à la perpétuelle destruction/reconstruction de ce qui ne se détruit jamais. Mais le faire suscite l'être en complément logique et inévitable.
Du coup, cet être ne cesse de croître en tant qu'il contacte toujours le néant et qu'il est sans cesse accompagné par le néant (le néant pur engendre le néant relatif). Sans doute cette croissance trouve-t-elle une certaine limite avec les explosions qui peuvent reconfigurer l'ordre, mais il n'est jamais de néant sans ordre, jamais de rien, toujours du quelque chose - et jamais d'ordre sans croissance anti-entropique. Le passage ontologique du concept physique d'entropie révèle une fraude sémantique qui devient cohérente dans l'explicitation du modèle néanthéiste.

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