vendredi 29 octobre 2010

Le temps est simplement la transposition dans l'être du faire éternel, ce qui indique ce qu'est l'éternité : l'absence de temps, ou plutôt la présence du temps à l'état (préordonnée) d'explosion. La finitude est l'ordonnation. L'ordonnation implique la finitude. Elle s'exprime par le temps qui ordonne la courbe du réel. L'infini ne connaît pas le temps, car l'éternité de l'infini s'exprime dans l'incomplétude du faire et dans le reflet indéfini entre le faire et l'être. Le temps est la projection dans l'être de ce qui est explosif dans le faire : l'ordre restitue à l'état ordonné ce qui est destructeur. Le temps jour le rôle de ce qui empêche la destruction et l'explosion par le fait de séparer les éléments, de les ajouter l'un à la suite de l'autre, de les morceler, d'organiser leur défilé.
En fait, le néant n'est pas le règne du désordre, mais de la contradiction. Il y règne l'incomplétude, l'infini et le sentiment de l'impossibilité de persévérer dans cet état qui n'est pas de d'ordre au sens où il provoque nécessairement une explosion et s'il ne générait le reflet de l'être du désordre. Mais ce n'est pas le faire du néant qui est désordre; c'est le produit de ce faire. La caractéristique du néant est de ne pouvoir vivre sans la production automatique de son reflet l'être.

dimanche 24 octobre 2010

L'entropie, qui n'en est plus à un paradoxe près, est tenue de manière croissante pour un concept philosophique qui appartiendrait à la postmétaphysique. Pourtant, tout indique dans la croissance de l'univers que le fonctionnement du réel est antientropique - ou néguentropique. Dans un premier sens, les théories physiques du chaos, ou irrationalistes comme celles de l'infiniment petit (ainsi de la mécanique quantique), sont détournées sous couvert d'être prolongées - vers la métaphysique. On fait comme si l'idée physique d'entropie avait une portée métaphysique quasiment incontournable.
Non seulement toute théorie physique mérite d'être discutée; mais encore la réflexion sur le réel pousse à trouver absurde l'entropie. Toute théorie nihiliste repose sur l'absurde, ainsi que Schopenhauer l'avait compris - à ceci près qu'il entérinait ces considérations ineptes. Si l'on se reporte sur la théorie physique des atomes, au sens antique, elle est absurde (et démentie par les théories physiques modernes) en ce qu'elle est contrainte d'arrêter le cours de l'infini au stade de l'atome. Cet arbitraire est irrationnel au sens où la théorie ne tient pas la route.
Quand Aristote, qui oeuvre dans le compromis ontologique, définit le réel, c'est pour le décréter fini, ce qui rend la question de l'infini brûlante, voire intenable. Quand Descartes, qui fonctionne comme une sorte d'Aristote des temps modernes, prétend expliquer l'univers, il sépare soigneusement l'univers physique rationnel d'une autre partie qu'il reconnaîtra quant à lui (au contraire d'Aristote), mais pour mieux lui attribuer un fonctionnement miraculeux de deux ex machina.
Si l'on adoube la théorie entropique, on ne peut que se montrer nihiliste, car aucune ontologie qui reconnaît que seul quelque chose existe (quel que soit ce quelque chose) ne peut accepter que l'on se dirige vers un modèle de réel qui mène vers le néant. Telle est la théorie de l'entropie. Pourquoi présente-t-elle à travers les siècles un tel attrait? C'est qu'elle possède une part de vérité : effectivement la question du néant mérite d'être débattue, d'autant plus qu'elle est clairement déniée dans les modèles transcendantalistes.
D'un point de vue plus entropique, on constate bel et bien que les corps reviennent à la poussière, pour parodier un constat biblique (qui remonte à avant la Bible et qui n'a guère été modifié depuis, y compris par les plus brillants physiciens propagateurs de thermodynamique et d'entropie)... Mais ce constat s'appuie dans le modèle néanthéiste sur la diminution qualitative, qui provoque une croissance quantitative.
Le néant pur, qui est quelque chose, même s'il est faire et non pas être, contient une énergie invraisemblable et antagoniste qui lorsqu'elle est contactée provoque une forme de déflagration qui engendre à son tour la croissance. C'est ainsi qu'est né le réel ordonné tel que nous le connaissons, sur un modèle proche du Big Bang. C'est ainsi qu'il continue à fonctionner, car il est impossible que ce qui est aille vers ce qui n'est pas - ou qu'il retourne au modèle du faire. Le néant néanthéiste engendre nécessairement comme complément viable l'être.
A partir de ce reflet incessant et indéfini, l'être ne peut que grandir, car il n'est jamais coupé du faire et que tout contact avec le faire engendre sa croissance continue. La limite de cette croissance peut à la limité passer par des explosions successives sur le modèle du Big Bang, car il est possible que certaines limites dans l'ordonnation implique des explosions théoriques et littérales. Le modèle entropique est faux, car quelque chose ne peut jamais devenir rien.
Et si quelque chose demeure forcément quelque chose, la loi de l'immuabilité n'existe jamais à partir du moment où l'on comprend que le faire est incomplet et engendre nécessairement l'être comme envers et complément. La néguentropie nie ontologiquement ce qui peut exister physiquement (dans un processus limité et défini). Seul, le faire serait voué à la perpétuelle destruction/reconstruction de ce qui ne se détruit jamais. Mais le faire suscite l'être en complément logique et inévitable.
Du coup, cet être ne cesse de croître en tant qu'il contacte toujours le néant et qu'il est sans cesse accompagné par le néant (le néant pur engendre le néant relatif). Sans doute cette croissance trouve-t-elle une certaine limite avec les explosions qui peuvent reconfigurer l'ordre, mais il n'est jamais de néant sans ordre, jamais de rien, toujours du quelque chose - et jamais d'ordre sans croissance anti-entropique. Le passage ontologique du concept physique d'entropie révèle une fraude sémantique qui devient cohérente dans l'explicitation du modèle néanthéiste.

samedi 16 octobre 2010

Contrairement à une idée répandue, le néant ne rime pas avec le désordre et la confusion. La fusion, peut-être. Le bouillonnement? Le choc. Si l'on est d'accord avec l'idée que l'être signifie l'ordre; et que le réel comprenant l'être et le néant n'est pas intégralement composé d'être; si l'autre partie complémentaire est le néant; si le néant occupe avec l'être le reflet comme figure ontologique, alors le principe de l'être est complémentaire (l'inverse est le complément) avec le faire. Le néant est le faire. Le principe qui engendre l'ordre est le faire. C'est une idée inverse de l'idée selon laquelle le chaos est indétermination et confusion.
Le chaos est ce qui détermine tout en étant incomplet. Le néant est le déterminé au sens où il fait, accomplit, agit. Le chaos fait au sens où il fait l'être comme complément à son incomplétude invivable. Le néant est l'insécable et l'unifié : plus que l'unique, il est l'unifié, soit ce qui n'est pas morcelé. Le néant est l'inverse. On comprend le néant par rapport à l'être par le rapport d'enversion. Le néant seul se détruirait car il est l'unifié incomplet. Il suscite en reflet d'enversion le morcelé incomplet. Le néant est ce qui à la fois ne peut se suffire à lui-même sans se détruire (disparaître); et qui est l'unifié en mesure de faire. La création désigne cet endroit où l'on crée à partir du néant - à partir du faire.
Que serait le néant sans l'être? Peut-on définir le néant sans recourir à des purs inverses et des purs négatifs? Peut-on dire l'envers de l'être? Oui, à condition de partir du faire et de comprendre que le néant fait dans la mesure où il est confusion. Cette incomplétude n'est possible que si l'on définit le néant comme l'explosion - d'où l'être en complément. Depuis l'être, on diminue pour rentrer en contact avec le néant et cette diminution qualitative engendre l'augmentation quantitative. D'où : la diminution par enversion signale que le néant est cet insécable bouillonnant et infime qui crée à tout moment au sens où il est le faire. Créer, c'est sortir de la confusion et du bouillonnement autodestructeur. Créer, c'est faire.
Pour reprendre en le modifiant le schéma des platoniciens et des néo-platoniciens, il est deux sortes de néant : le néant pur et le néant mâtiné d'être. D'un côté, il existe une forme qui forme avec l'être le complément au réel. De l'autre, le néant accompagne l'être dans sa formation, ce qui fait du néant un complément de l'être - en plus du néant qui existe de manière indépendante. On mesure l'erreur nihiliste : avoir senti l'existence du néant, tout en lui conférant une positivité fausse - au sens où leur définition du néant propose une réalité antagoniste du réel (où deux contraires s'affrontent).
Le néant est cet éther (ce vide) qui partout accompagne comme en complément l'ordre à condition de comprendre que l'accompagnement implique la préexistence d'une forme de néant pur qui est insécable et qui engendre le faire. C'est de ce néant que découle l'ordre, car le néant n'est pas complet et ne peut demeurer seul, tel un être sans complément en miroir. Au contraire, le néant est l'un des deux reflets. Il suscite le mouvement éternel du reflet.
Quant à la diminution, elle signale que l'insécable est l'infime. L'infime est une véritable boule d'incompatibilité qui génère des tensions telles qu'il provoque la naissance en reflet de l'ordre réel et fini. D'un côté l'infini, de l'autre le fini; d'un côté le morcelé, de l'autre l'insécable; d'un côté le faire, de l'autre, l'être; les couples sont formés sur le modèle de l'enversion (du reflet). L'envers (reflet) de l'être, c'est le faire. L'envers connote le passage d'un reflet à un autre, d'une incomplétude à une autre, le jeu entre deux ordres complémentaires : l'être et le faire.

mercredi 13 octobre 2010

Si l'on peine encore à définir le néant non nihiliste, soit un néant pas reconnu, il reste une méthode qui permet de cerner la raison du choix du néant néanthéiste en lieu et place de l'Etre et contre le néant nihiliste : c'est le mécanisme de l'enversion. Quelle rupture nous annonce et nous enseigne l'enversion? Le transcendantalisme fonctionne sur le mode de l'englobement. Cet englobement de l'être dans l'Être se produit à partir du prolongement, ce qui peut paraître un mécanisme bien incertain, mais un mécanisme qui demeure le seul viable dans l'histoire - sur des millénaires. L'englobement répond à l'erreur nihiliste atavique, selon laquelle c'est l'antagonisme qui explique le réel (réel/néant).
La caducité de la méthode transcendantaliste a permis (paradoxalement) de réhabiliter le nihilisme sous une forme moderne et accrue (radicale) : l'immanentisme. L'examen sommaire du nihilisme indique que toute forme de nihilisme est fausse, quelles que soient ses spécificités et ses corrections. Quant à la caducité du transcendantalisme, elle survient suite à l'effondrement de la définition du sensible, qui rend encore plus douteuse la représentation par prolongement de l'idéal.
Au lieu de suivre un raisonnement bizarre selon lequel l'effondrement de quelque chose réhabiliterait le chaos, il convient de comprendre que le transcendantalisme a besoin d'un prolongement historique et que ce prolongement lui est offert par le néanthéisme. Le néanthéisme fonctionne à partir d'un constat : dans le système transcendantaliste, le néant est le grand absent. Le grand dénié. On dénie ce dont on ne peut accepter l'existence. Le transcendantalisme ne peut accepter l'existence du néant parce que dans sa méthode de prolongement sensible/idéal, le néant est une forme incompatible.
Mais la persistance de l'existence du nihilisme indique qu'il manque quelque chose dans la représentation transcendantaliste. Cette exigence s'est encore accrue avec l'effondrement du transcendantalisme. Si bien qu'on peut dire que si le nihilisme propose la bien mauvaise réponse, il pose la bonne question. Aujourd'hui l'on découvre la teneur de ce manque : c'est la limite physique de la Terre en tant qu'expérience sensible indépassable pour la conscience transcendantaliste.
La question que pose le nihilisme, c'est : peut-on expliquer l'incomplétude du sensible par l'englobement de l'Etre? Ne peut-on pas plutôt inférer de l'incomplétude sensible que le manque est complété de manière invraisemblable certes par le néant? Le néant contre l'Etre signifie que le réel n'est pas entièrement composé de la même composante, ce qui est un débat capital. Car si les nihilistes apportent une réponse mauvaise, irrationnelle et inexplicable, le mythe du néant pur, les ontologues de type transcendantaliste n'ont pu soutenir leur assertion de l'Etre intégral qu'au prix de la censure et du rejet de la question du néant, soit d'un réel qui est composé au final d'une texture différente et non uniforme.
Au moment de la crise monothéiste, la question du néant ressort parce que le polythéisme l'avait résolue en instaurant la pluralité des formes sensibles. Du coup, le néant devenait inféodé à cette différence. Platon s'en est souvenu qui identifie explicitement le néant à l'autre (et seulement en un second sens au faux). Sans doute escompte-t-il couper l'herbe sous le pied des revendications nihilistes (principalement des sophistes) avec cette définition du néant.
Platon est le plus grand philosophe de son temps et il choisit de tirer l'ontologie rationnelle vers le religieux monothéiste en comprenant que le ver est dans le fruit, soit que l'ontologie est d'expression humaine dans la mesure où cette revendication abrite le nihilisme qui profite de la crise monothéiste.
Platon est un réformateur transcendantaliste qui fait de l'ontologie une expression monothéiste de manière durable, mais qui en même temps indique que le passage du polythéisme au monothéisme ne se fait pas sans un coup de force : le remplacement du nihilisme par l'adjonction du rationalisme humain au monothéisme. C'est dire que le monothéisme pour réussir sa transition est contraint d'ajouter l'ontologie rationaliste.
L'expression religieuse a réduit. Ce n'est pas forcément un pur inconvénient si l'on s'avise que le déni du néant grandit encore sous le monothéisme à mesure que le néant opère son retour croissant avec la crise monothéiste et la mue transcendantaliste du polythéisme vers le monothéisme. Car la croissance de la part nihiliste déniée dans le monothéisme (avec le tabou platonicien de type religieux) implique que le retour de la question du néant, soit l'option qui agit l'effondrement du transcendantalisme.
Ce que le transcendantalisme ne veut pas savoir, c'est qu'il est condamné à s'effondrer avec la fin de la conquête terrestre. Cette limite géographique trouve sa correspondance ontologique dans le refus du néant. Le sens qui refuse le néant s'arrête à l'espace, car l'espace signale la texture différente du réel, que l'on peut très bien assimiler à du néant. Raison pour laquelle les immanentistes refusent d'aller découvrir et conquérir l'espace : dans leur système l'espace est assimilé à l'antagoniste, à l'incompréhensible. Pour faire sauter le verrou, ni le nihilisme ni le transcendantalisme ne sont envisageables car l'un comme l'autre refusent d'envisager la question du néant.
Les transcendantalistes refusent le néant car c'est l'Etre qui prend la place manquante. Au mieux, le néant occupe la portion congrue. Dans le système platonicien, il est l'autre. Le néant ou le vide n'existent jamais à l'état positif ou brut, mais sont intégrés en tant qu'ils sont d'une certaine manière de l'être. Le non-être indique que l'Etre prend des formes parfois déroutantes pour laisser place à l'autre. Le point faible cardinale du transcendantalisme tient à mal expliquer (ou pas du tout) pourquoi l'Etre donne lieu à l'être et surtout pourquoi l'Etre donne lieu au changement.
Cela, Platon l'explique peu, et ses suivants les néo-platoniciens, en prétendant, avec Plotin, que l'Un est non-être ne font que reculer le problème et surtout diffèrent ce Non-Etre originel et absolu du non-être platonicien, qui ressortit de l'être, quoique de manière alambiquée. Le non-être est non-dit. Telle est la raison principale de l'effondrement du transcendantalisme. Le schéma transcendantaliste montre sa face erronée par rapport à son explication de l'englobement, qu'il tire par prolongement.
La réalisation des schémas humains repose le plus souvent sur des élaborations simples. Le prolongement qui débouche sur l'englobement est une proposition simple. Tellement simple qu'elle s'effondre brutalement quand le nihilisme moderne, l'immanentisme, découvre que le schéma repose sur l'erreur. Comment prolonger quand le point de référence se révèle faux? On prolonge sur un mensonge qui est contenu dans le terme même de prolonge-ment?
Toujours est-il que le nihilisme pose le bon problème (du néant) et lui apporte la mauvaise réponse. Effectivement, le problème tient au déni du néant. Mais la réponse nihiliste est mauvaise : le nihilisme antagoniste, soit le schéma antagoniste. Au lieu que le néanthéisme substitue au schéma transcendantaliste caduc un schéma qui intègre le néant tout en réfutant le néant pur de type antagoniste.
Le schéma néanthéiste se définit par l'enversion, soit par la prise en compte que le réel n'est pas constitué d'une matière uniforme, mais d'une complémentarité qui s'explicite par le reflet. Dans ce schéma, le néant n'est plus inféodé à la notion d'Etre découlant de l'être, ni composé d'une structure antagoniste d'un Non-Etre pur et inexplicable. Si le nihilisme repose sur un schéma pire que l'erreur transcendantaliste, le transcendantalisme a besoin d'un bon coup de peinture.
Plus que de rafraîchir sa texture, ce que des Platon ont déjà fait avec l'opération monothéiste et son corollaire ontologico-rationaliste, le transcendantalisme ne peut que se prolonger sur une nouvelle forme. Cette forme repose sur le mécanisme de l'enversion, soit d'un néant qui est quelque chose, mais qui n'est pas au sens de l'être. Une forme complémentaire au réel et non antagoniste, tout à fait explicable et définissable. A bientôt.