jeudi 28 novembre 2013

La position du nihilisme, si elle était claire et tranchée, se résumerait ainsi : l'être est l'ordre; le non-être est le domaine indéterminé du chaos et de la contradiction. Selon cette mentalité, la contradiction crée l'ordre, comme le non-être créé l'être. Si l'être est un domaine qui n'est pas bien délimité, ni authentifié, il est possible qu'il s'épanouisse dans cette incohérence. Le nihilisme ne suit pas une telle exigence de cohérence (le nihilisme ne saurait être cohérent).
Au commencement, la question qui a accouché de la position nihiliste était : comment expliquer la disparition? Ou encore : comment expliquer la traumatisme de la mort? Comment ce qui est a été? Et c’est pour expliquer cette situation dérangeante que le non-être et ses synonymes furent inventés. L’athéisme est une variante du nihilisme, qui ne lui correspond pas en tous points. L’athée peut ainsi considérer que l’absence de Dieu va de pair avec la perpétuité de l’être - ce qui est passe du fait du changement d’être. Le nihiliste ne peut prendre la question du divin au sérieux, car s’il existait, sous une forme ou sous une autre, il serait soumis au manque de pérennité, donc à un état de faiblesse qui est contraint d’admettre à ses côtés le non-être. Le nihiliste va plus loin que l’athée, parce qu’il se contente de ne pas prendre position sur le domaine qui sort de l’existence, quand l’athée décrète déjà que ce domaine n’est pas du tout.

mercredi 9 octobre 2013

La philosophie est devenue un discours rationaliste, selon deux critères : 
- selon le principal de son histoire jusqu’à présent (immanentiste et métaphysique), elle est un discours humain qui s’oppose au religieux et qui s’enorgueillit de cette humanisation; 
- selon le minoritaire, qualitativement primordial, l’ontologie, elle est un discours humain au service du religieux, qui permettrait de découvrir le sentiment religieux par les voies de la raison. 
Dans l’époque moderne, la philosophie est plutôt devenue le discours rationaliste qui concurrence le religieux, de telle sorte que la philosophie serait :
- soit le discours plus valable que le religieux, sorte de rationalisation religieuse (comme ces philosophies qui fonder le Christ rationnel et supérieur) qui remplacerait le religieux, 
- soit un discours qui serait plus valable que le religieux parce qu’il en serait l’opposé et en montrerait le caractère obsolète et superstitieux (comme Spinoza à l’époque moderne, qui fonde l'immanentisme). 
La voix de la philosophie a été bâillonnée par ces deux chemins opposés, faux les deux, issus de l'ontologie et de son concurrent la métaphysique, depuis Platon et Aristote. Le destin de la philosophie est d’incarner le discours religieux, de prolonger le discours religieux traditionnel par l’avènement du rationalisme au service du religieux, ce qui transformera la forme de la philosophie et libérera le pouvoir supérieur de la parole et du verbe, qui réside dans la créativité.
Il n’est pas question que la philosophie remplace le discours religieux de type rationaliste, suivant la rêve des esprits rationalistes, qu’on peut faire remonter à l’époque moderne à Spinoza, et dont Nietzsche donnera les accents les plus explicites et les plus délirants à la fin du dix-neuvième siècle. La folie comme terme de ce rationalisme antireligieux et seulement humain est le symptôme le plus intéressant, car il montre que l’homme ne peut vivre séparé du réel, en façonnant un monde cloisonné et clôturé qui s’oppose au réel. Cette inclination perverse, au sens littéral où elle prend le chemin à l’envers, dérive naturellement vers une alternative élitiste. La philosophie doit poursuivre l'oeuvre du religieux présent, dont la pointe est monothéiste, de telle manière que le discours philosophique constitue l’avnat-garde de remplacement du monothéisme et non son opposé. Ce changement majeur annonce que le religieux est en train de muter de la manière la plus innovante qui soit, puisque c’est son changement le plus important depuis son apparition sous forme de transcendantalisme, plus important même que le changement monothéiste. Sa particularité est de remplacer par la puissance du discours humain l’élan mystérieux et élitiste de la prophétie. Ce changement dans le religieux implique le changement de l'expression philosophique. Car si le choix du rationalisme a engendré le dévoiement (métaphysique et immanentiste) plus que le dévoilement de ce que le rationalisme comporte de supérieur au religieux transcendantaliste, de ce qui fait que le religieux à venir après le transcendantalisme sera philosophique, c’est que la raison n’exprime que la partie humaine et figée de la pensée. La philosophie en doit exprimer la fine pointe. Le religieux doit exprimer la reconnaissance que l’homme produire le religieux supérieur au révélé, et que le religieux ne vient pas d'ailleurs que de l’homme. Cette condition, loin d’impliquer que la philosophie soit matérialiste ou athée, induit plutôt que le rationalisme soit l’expression inférieure et incomprise de ce que porte le discours philosophique. Le rationalisme mène vers ces chemins et contient, s’il prend le moyen de la raison pour la fin de son discours, l’erreur méthodologique qui dénature la philosophie et la fait passer pour rationaliste. Le rationalisme comme fin comporte la coupure de l’homme avec la réalité religieuse, entendue comme ce qui permet à l’homme d’accéder à l’extérieur qui lui est supérieur et qui est malléable et extensible, ce qui fait que, dans ce cas et jusqu’à présent, la philosophie ne pouvait être religieuse, ni mener vers le religieux. Pour que la philosophie soit l'expression du sentiment religieux à venir, il faut qu’elle accède à sa forme entière, pleine, alors que le rationalisme exprime la césure de la pensée et sa réduction au rationalisme. Et cette forme c’est la créativité, entendue comme la faculté de la pensée à se connecter à la dimension malléable et extensible du réel. La raison se trouve au service de cette créativité, mais il convient de redéfinir la créativité, à partir du moment où l’on s’avise que l’on ne crée pas à partir du néant, mais que l’on comprend mal ce qu’on nomme le mécanisme de la création, ou la créativité, alors que l’on devrait l’appeler en attente d’un terme plus sûr l’inventivité, soit la faculté qui existe dans le réel et qui dénote ce qui est divin d’ajouter du réel à ce qui existe déjà et qui se trouve donné.

lundi 23 septembre 2013

Il est temps que la philosophie s’empare du religieux et délaisse l’artistique. L’art est l'application du religieux dans des formes d'expression, et quand le religieux s’effondre, comme c’est le cas du monothéisme, l’art s’effondre d’une manière arrogante : au lieu de disparaître, il prétend s’affranchir et devenir indépendant, supérieur. Mais la philosophie est appelée à rendre obsolètes les formes artistiques. A partir du moment où le religieux de type transcendantaliste disparaît au profit du néanthéisme, les formes dérivées vont peu devenir secondaires. Celles qui expriment un rapport au réel qui n’est pas transcendant vont subir de profondes modifications. Je pense à la musique.
Le chaos ne signifie pas que l’on puisse parvenir au néant au sens où il existerait l’état néant dans un certain espace et un certain temps, ou même en dehors, bien que le fait ne soit ni imaginable, ni pensable d’une autre manière. La contradiction recèle en son sein la possibilité de l’être au point qu’il n’est pas de contradiction sans être - finalement que seul l’être contient la contradiction. Qu’appelle-t-on le chaos si ce terme et ses synonymes expriment la mauvaise formulation du problème crucial qui nous empêche de comprendre la structure du réel (pour le moment, car il se peut que plus tard ce soit une formulation supérieure qui prenne le pas sur celle actuelle, qui n’est pas encore reconnue à son juste titre)? Possible et chaos relèvent du même domaine. Dans la contradiction existe déjà le possible, au sens où le positif ne s’obtient pas à partir du négatif, mais constitue une positivité, non pas existante, mais potentielle. Qu’est-ce que le possible? Le possible est ce qui suscite l‘être. Le possible ne peut exister, mais il n’est pas différent du contradictoire. Le problème du possible, c’est qu’il est perçu du point de vue de l’existence, comme moindre existant, proche de l’illusoire; alors qu’il constitue ce qui façonne l’être et qui indique la nature du chaos : non pas ce qui s’oppose à l’être, mais ce qui le fonde. Tout ça parce que l’être n’est pas l’antagonisme du non-être, mais parce qu’il en est la continuation. La négativité est une dégradation de la positivité, pas son contraire. Tout ce qui se présente comme positif part du principe de son extensibilité/malléabilité, tandis que le négatif conçoit le reél en terme de découpage d'une extension (de l’extensibilité). L’extension signifie plutôt que le réel est extensible, et que l’opposition n’y est pas possible. Le réel n’a pas d’opposition à surmonter, même comme étape au sens où Hegel entendait.

vendredi 20 septembre 2013

L'erreur exprime la forme du mécanisme d'enversion. Elle empêche de lier de manière homogène les parties du réel.
L'erreur existe bien en ce qu'elle constitue la figure de l'enversion. Elle est erreur par rapport à l’être. Elle possède son utilité par rapport à l'enversion en ce qu'elle est l'étape qui, suivant la contradiction, mène à l'être.
Le principe de non-contradiction est une condition nécessaire, mas non suffisante de l'être, en ce que le réel est à la fin extensible, ce que ledit principe ne rend pas suffisamment.
La philosophie en est arrivée au moment où son histoire va lui donner le premier rôle : le religieux. Jusqu’alors, elle tenait un personnage trop abscons, abstrait, insaisissable. Elle se trouvait reléguée au rang de démonstration, elle avait pour expression dominante la métaphysique. Si elle lorgnait vers le religieux, c’était avec deux conceptions divergentes : l’ontologie la voulait comme religion élitiste et complémentaire du monothéisme de l’Etre; la métaphysique comme religion antireligieuse (au sens de centrée sur le monde de l’homme) de la raison. Dans les deux cas, le langage philosophique était difficile d’accès, comme si la réalité était difficile d’accès. Mais la réalité était seulement difficile d’accès pour l’optique philosophique, du fait de son dévoiement méthodologique. Pourquoi la démarche religieuse est-elle simple quand celle philosophique deveniat complexe, voire compliquée? Pourquoi cette difficulté à trouver le sens, qui va en croissant avec le temps (Kant, Hegel, Heidegger, Wittgenstein...)? Non parce que la technique philosophique serait difficile mais juste, ce qui impliquerait que le réel soit façonné selon le mode tortueux, mais parce que cette technique réclame une faculté mal conçue : la raison - et s’applique à quelque chose de faux : le fini. La philosophie recèle dans sa démarche une spécificité qui a été mal comprise au moment de sa venue, quand le monothéisme ébroue le polythéisme déclinant. Les philosophes ont cru que la philosophie signait la forme cultivée du monothéisme (et pas que le platonisme) ou qu’elle permettait une alternative au religieux commun par la production élitiste de rationalisme. Dans le premier cas, la philosophie serait une expression monothéiste; dans le second, elle serait l’expression du nihilisme. Mais la philosophie survient comme l’expression du religieux qui est au-delà du transcendantalisme.

vendredi 30 août 2013

Nous avons tendance à dissocier notre monde fini d’un hypothétique monde infini, que nous avons du mal à localiser, et qui serait lui le lieu de notre béatitude et de notre réalisation parfaite. Mais il serait plus juste de relier les deux mondes, de nous dire que ce que nous vivons est en relation étroite avec ce qui lui manque. Il n’y a pas lieu de décréter que tout le réel est ici et maintenant, alors que tout indique que le fini exprime la réalité manquante. Le fini serait relié à une autre dimension de la réalité, qui viendrait le compléter. Mais alors :
1) il faut que les deux facettes soient finies et que l’infini n’existe pas;
2) pourquoi ne pouvons-nous contacter depuis notre existence ce complément? 
Parce qu’il est inaccessible en ligne directe, parce qu’il existe sous la forme de la distorsion, en enversion. De ce fait, la mort est la limite qui n’est pas compréhensible depuis notre point de vue, parce que l’événement sanctionne la nécessaire fin de l’existence finie, tout en étant connecté avec un autre point de vue qui se tient en distorsion et qui de ce fait ne peut être appréhendé. Ce que nous tenons pour mystérieux et inexplicable s’explique par le mécanisme de l’enversion. L’éternité qui est la grande révélation des religions tiendrait à cette alliance des deux compléments structurés en distorsion. Il n’existe pas d’éternité au sens d’un état qui existerait indépendamment de l’existence et qui serait parfait. Cet état serait inexplicable : comment expliquer que l’éternité existe indépendamment du fini? On peut expliquer l’existence d’autre chose par l’incomplétude de l’existence. L’autre état ne peut qu’être l’initial, puisque notre existence vient surmonter le principe de contradiction. L’existence en tant que principe de non-contradiction ne constitue pas la résolution de la contradiction originelle. Elle n’est que la tentative constamment renouvelée pour conférer une tentative de résolution à la contradiction. 
Dans cette dialectique en enversion, qui rompt avec la dialectique classique (platonicienne ou hégélienne), la contradiction pure ne serait pas à caractériser par de l’existence, puisque l’existence qu’elle crée provient de sa résolution nécessaire : la contradiction ne peut engendrer d’autodestruction. Mais l’existence créée peut-elle cesser d’exister? Ce qui a été peut-il ne plus être? Dans ce cas, où l’être devenu obsolète serait-il - passé? Cette question dévoile la contradiction autant qu’elle rappelle la première règle du réel : tout ce qui est existe sous quelque façon; avec cette seconde constante : tout ce qui est dicible est possible. La création d’existence implique que ce qui a existé existe encore sous quelque manière, non seulement dans son influence sur l’existence présente, mais aussi dans la nécessité de sa persistance. Seulement cette persistance s’opposerait à l’éternité en ce que l’éternité implique l’infini (terme négatif, non défini) parfait et complet (état de félicité absolu et définitif), tandis que le schéma de l’enversion tend à dénier l’existence de l’éternité au nom de l’incompréhension de la réalité qu’elle désigne et qui signifie que le réel oscille entre deux mécanismes : la contradiction et la non-contradiction, qui est le domaine de l’être. Les deux sont finis, ce qui induit que leur addition n’engendre l'éternité. Cette dialectique de l’enversion crée un troisième terme, le côté de l’être, qui tendrait vers l’infini ou l’éternité, s’il ne se révélait à son tour fini. L’être donc regroupe déjà deux termes : le présent et le passé, tandis que le futur reste ouvert du fait que la propriété essentielle (au sens où elle prend la place de l’essence et demeure incomprise) du réel et de son inextinguible parenté avec le donné : le malléable. Le malléable serait quelque chose comme les limbes de l’être. Il s’articule en tant que propriété constitutive du réel, qui permet sa résolution vers l’être et qui explique l’enversion. Non seulement il ouvre la résolution de la contradiction par autre chose (une autre explication) que le donné infini de nature contradictoire et indéfinissable (la pensée du transcendantalisme, et la raison pour laquelle il ne parvient à définir l’infini, l’Etre ou le divin), mais il donne les clés pour comprendre que ce qui est passé soit encore : ce qui est passé n’est pas trépassé (contrairement à ce qu’estiment les matérialistes avec Epicure ou Zola); il est ce qui confère au réel sa continuité; il fait que les formes passées n’ont pas disparu dans le néant. Le néant est l’expression paresseuse et inadéquate de cet état qui est articulé avec l’être de l’existence. L’éternité ou l’infini en sont deux autres définitions, différentes radicalement en ce qu’elles placent l’état du côté de ce qui est, quand le non-être verse dans le positionnement absurde. La notion d’existence de cet état diffère de l’ordonnation morcelée, singulière et finie qui caractérise l’être. Ce que nous prenons pour l’éternité dépeint un état de béatitude, au sens où le bonheur résiderait dans la communion des êtres morcelés. Le propre du malléable est de permettre cette réunion sans laquelle les êtres morcelés continueraient à s’ébattre dans leur finitude. Ce ne serait pas un avantage que d’allier éternité et singularité, mais une pensée contradictoire : le singulier peut seulement exister sous la forme qu’on lui connaît dans la finitude. A l’être et le non-être s'ajoute un troisième état : le malléable, qui se manifeste par la réunion des états précédents et le lien qu’il instaure entre ce qui est et ce qui n’est pas via ce qui peut permettre le changement. Contrairement à ce qu’estimait Platon, le changement n’est pas une conséquence de l’Etre, pas davantage qu’il n’est l’Etre selon les néo-platoniciens (comme Plotin). Le changement, c’est l’expression d’une autre dimension que ce qu’on nomme l’être. C’est le lien entre deux données qui se tiennent sur le même plan d’identité, quoiqu’elles soient incompatibles : l’être et le non-être. La mort ne signifie pas l’accession à cet état, car cela signifierait que l’existence est un état indépendant, coupé des autres états : la mort serait alors un sas. La mort signale que l’être est un état fini, qui est articulé avec les deux autres états. Si l’on articule ces trois états ensemble, l’on obtient ce que l’on nommerait Dieu : si la conscience n’a pas conscience d’être autre chose que ce qu’elle est, le réel implique autre chose que la vie. Mais cette autre chose ne débouche pas sur un état de supériorité qui dénote généralement ce que l’on entend par Dieu et qui implique un état supérieur (d'ordre transcendant). L’identité implique le renouvellement de ce qui est par le changement de ce qui a été. De telle sorte que ce qui est est le produit de ce qui a été et qui existe toujours et se trouve articulé avec ce qui est contradictoire. Y a-t-il un endroit où les points de vue partiels ne soient pas morcelés et incomplets? Le point de vue de l’être est incomplet; celui du non-être en tant que contradictoire l’est tout autant. Le malléable serait l’état de changement qui en tant que sa fonction de lien et de liant est informé se trouve au courant de la réalité des différents états du réel. Mais nous n’avons plus d’état parfait, éternel, omniscient, juste un état de lien qui peut définir le sens de Dieu (terme qui ne veut rien dire de précis). Raison pour laquelle la perception de l'entendement ne comprend pas le réel, mais seulement l’être. L’erreur provient non de l’insuffisance en être de la partie sur un plan d’ensemble qui se tiendrait néanmoins de manière linéaire sur l’Etre, mais sur la difficulté importante d’accès à l’hétérogénéité du réel, et sur le fait que l'entendement engoncé dans l’être a tendance à réduire le réel à l’être (les transcendantalistes substituent l’Etre au réel, ce qui reconnaît que le réel n’est pas le fini, mais qui déforme de manière incompréhensible l’infini en puissance d’homogénéité).

dimanche 11 août 2013

Je connais deux types de conceptions qui guident nos actions et qui sont les deux explicables par le même mouvement qui meut le réel. Le réel est mû par la quête de sens. Réaliser c’est faire sens. Mais cette sensitivité comprend deux sensibilités : soit la circularité, qui considère que faire sens, c'est cerner un sens qui ne peut être que circulaire; soit l’authentique progressisme qui désigne la croissance. La confusion entre circularité et croissance vient du fait que la résolution ne s'effectue pas de manière éliminatoire, mais de manière progressive et provisoire, avec la caractéristique de conserver l’inférieur pour former le supérieur. Le supérieur pour être définitif impliquerait que le réel soit fini au sens de terminé. Dès lors, le réel présente une version inférieure et l’autre supérieure, l’inférieure étant la césure du supérieur et y menant (comme la circularité mène vers la croissance).

jeudi 11 juillet 2013

Quand on dit : rien n’est à coté de ce qui est, on sous-entend néanmoins que rien possède une positivité paradoxale ou que ce qui n’est pas est d’une certaine manière (selon le constat de Platon); en même temps, il faut avouer que notre manière de réfléchir est conditionnée par les formes de l’être et que si nous pensons que l’être n’est pas tout le réel, nous ne pouvons accéder à l’idée de totalité sans qu’elle soit jumelée au néant. La totalité est une notion qui procède de la mentalité de l’être. La totalité contient une contradiction logique : comment penser le tout sans lui adjoindre la présupposition du non-être? Penser le réel dans son ensemble implique ainsi de penser l’ensemble sans le total, presque l’ensemble sans l’ensmeble. Et le seul moyen de cerner ce paradoxe consiste à estimer que ce qui est réel est étroitement imbriqué de deux états liés entre eux : l’être et le malléable. L’un ne va pas sans l’autre, car l’être en pourrait perdurer s’il n’était associé au malléable, tandis que ce qui est malléable trouve sa forme dans l’être. Le malléable explique que le réel ne soit pas totalité, ni qu’il ne contienne de non-être. En lieu et place, il faut penser que le réel est l’adaptable, qu’il présente une faculté couvrante qui remplace la manière erronée de penser le réel en termes statiques et qui supprime l’exigence nécessaire de non-être à côté de l’être. Si l’être est un tout, le non-être n’est remplaçable que s’il signifie que le réel possède dans son déploiement une autre faculté que l’être, une faculté d’adaptation qui le pousse à recouvrir l’ensemble de ce qu’il est et qui se révèle si modifiable qu’elle empêche que du non-être puisse exister au sein du réel, bien que cette réalité n’ait aucun sens. De ce fait, l’intuition du non-être en signifie pas que le non-être existe positivement, ce qui n’a aucun sens, mais que le non-être soit l’approximation langagière qui désigne en fait cette propriété inconnue et malléable, dont la caractéristique d’adaptabilité permet d’expliquer que le réel puisse être dénué de tout, et exclure le non-être - que le non-être soit la mauvaise définition du malléable recouvrable.

samedi 6 juillet 2013

Nihilisme et réalité

Le nihilisme intervient quand on estime que l’on conçoit du réel à partir du non-être. D’où la conséquence politique : le chaos constructeur.

vendredi 28 juin 2013

La métaphysique prend peu à peu la place de la philosophie. Son projet apparaît fort clairement avec Kant : faire en sorte que la philosophie dispose des mêmes fondements clairs et certains que la physique. Le projet de Démocrite énonce et recoupe le nihilisme : trouver un langage physique à la philosophie - faire en sorte que la physique devienne un vocabulaire philosophique, de telle sorte que le réel soit rapporté à une vision physique. Dans cette optique, la révolution expérimentale donne l'espoir qu'en prolongeant la méthode physique, l'on édicte la méthode philosophique. Mais cette vision de la philosophie est seulement métaphysique. elle consiste à appréhender le réel avec l'exigence de certitude et de cohérence et explique pourquoi selon Aristote le réel est fini. Parce qu'il est objectivable au sens scientifique.

mercredi 12 juin 2013

Le fait que l’homme ne parvienne à comprendre ce qu’est le réel, ce qu’illustre la multiplicité des théories sur le genre, religieuses ou sagesses, voire philosophiques, ne peut s’expliquer si l’on en reste à une représentation du réel qui soit en prolongement, qui soit homogène, comme l’illustre la méthode dialectique de Platon, consistant à utiliser sa raison pour partir de parties divisées du réel et découvrir ce que peuvent être les valeurs de l’Etre.

jeudi 30 mai 2013

L’erreur du nihilisme consiste à chercher la totalité du réel, sa finitude ou sa complétude. Du coup, il en arrive à formuler l’erreur que transmet Descartes : le réel est forcément l’antérieur, puisqu’il est donné. S’il a été donné, ce qui compte est ce qui est antérieur au donné : Dieu. Cette conception du réel et de Dieu fonde l’erreur du nihilisme. L’erreur de la métaphysique revient à estimer que l’on peut théoriser ce donné, en cherchant la perfection dans la cause.

jeudi 23 mai 2013

Le réel est enveloppant au sens où à la différence de la créature qui est stable et fixe, le réel est doté du pouvoir et de la faculté d’extensibilité et de plasticité. L’entreprise de Descartes est faussée par l’optique métaphysique : se réfugier dans l’intériorité et rendre l’extériorité aussi indéfinissable que certaine. Tout le problème de Descartes provient d’une déformation métaphysique qui omet la propriété d’extensibilité et de plasticité du reél. On comprend que Pascal ait pu déclarer : Descartes inutile et incertain.

lundi 13 mai 2013

Le problème du cogito c'est qu'il cherche l'indépendance comme fondement du réel et qu'il abandonne l'unité : la stabilité au lieu de l'extensibilité. Descartes veut initier une démarche qui aille de l'intérieur vers l'extérieur. C'est sa méthode pour trouver la certitude. Il oublie que l'on ne peut disséquer le réel sans le déformer ni le réduire.

mercredi 8 mai 2013

La question de l'origine du réel est une problématique enfermée dans le fini. Le fini a une origine autant qu'une fin. Il n'est pas possible de comprendre le réel à partir de l’optique finie, car cela supposerait que le réel soit façonné de manière homogène, comme Platon l’y entend, tandis que cette manière de penser se heurte à des contradictions logiques, exhibées avec la satire de l'oeuf et de la poule. La contradiction indique que le raisonnement s'en tient au donné, sans prendre en compte la faculté malléable du réel, qui est extérieure au problème de l'origine. L'origine constitue la déformation de ce qui constitue la texture du réel. Pour qu'une origine soit édictée, il faut opérer un découpage artificiel. C'est ainsi que l'on forme le fini et qu’il se montre kaléidoscopique, multiple : la théorie des multivers s'explique par cette déformation du réel.
Cette tendance est déboussolée, en ce qu'elle inverse dans sa chronologie biaisée l'avant et l'après, confondant l'avant et la propriété malléable "atemporelle". Du coup, on prend l'après pour l'avant : l'origine est la conséquence de la malléabilité, instaurant le mécanisme de l'indéfini (reculer pour mieux sauter), en lieu et place de la mauvaise compréhension que dénote le terme infini. L'indéfini signalerait qu'il faut butter contre le fini en guise d'infini, ce qu’évoque chez Nietzsche la proposition de l'Eternel Retour. L'infini implique par son négativisme -in que le réel ne soit pas fini, mais soit formé sur le modèle fini, qu'il conviendrait d'étendre et de prolonger, en obtenant des résultats absurdes, comme la question de l'origine.
Si l'on veut restaurer la disjonctivité du réel, il faudrait oser que l'origine se dégage du malléable. Le malléable n'est pas le premier, car le premier est une question posée à partir du prisme de l'être. Pour comprendre le réel, la question à poser est : qu'est-ce qui se trouve en complément de l'être, une fois que l'on a mesuré que la complétude est fausse? Le complément est le malléable. Encore convient-il de préciser que le complément ne se situe pas à côté, mais est imbriqué dans l'être.
Le schéma de l'enversion est disjonctif, au sens où il repart sans cesse du point 0 pour construire son extensibilité, selon le schéma de l’enversion. L'existence du 0 dans le système mathématique indique que l'on ne peut former une suite numérique sans le complément du 0. Le 0 n'est pas placé à côté de la suite totale, mais il en fait partie intégrante. Les multivers se constituent de manière indéfinie (plus qu’infinie), à partir du moment où l'on enlève le 0 de la comptabilité. Le 0 est le facteur d'unité et de stabilité de la suite.
L’être se construit grâce au 0.

dimanche 28 avril 2013

A partir du développement du développement de sa conscience, l’enfant se rend compte de l’expérience de la mort. La finitude l’étreint. Il se montre capable de dépasser ce stade de la finitude. Mais ce n’est pas la raison qui permet ce dépassement. La raison, comme Platon le montre par le déploiement de la dialectique et de son personnage transcendantal Socrate, est une faculté qui décortique le fini et qui a pour caractéristique de découvrir l’infini à partir d’un petit domaine de finitude. Du coup, on aboutit à la déformation transcendantaliste : le prolongement. Par la raison, on prolonge du fini vers l’infini. Mais la raison n’est pas capable d’aller au-delà de sa faculté d’analyse par réduction, puis prolongement. Tel est le transcendantalisme, telle est l’ontologie. Mais la raison a mal été identifié par le transcendantalisme et la philosophie comme son instrument principale, celle qui forge la pensée. La raison est trop limitée pour ne pas être au service d’une faculté supérieure, qui concorde avec la quête de l’infini. C’est ce qu’a senti Spinoza, quand il place l’intelligence au service du désir, sauf qu’il le fait dans une optique immanentiste qui nie l’infini et le remplace par l’incréé. Mais l’intelligence sent l’infini, quand la raison est une faculté intéressante, mais limitée, qui est capable d’analyser des domaines de fini et de sentir que ces domaines sont trop restreints et contiennent une dimension autre que le fini. La preuve de la limite de la raison, c’est que c’est elle qui forge le terme d’infini, qui est un terme négatif et vague. L’infini est une conception qui ne peut provenir que d’une faculté finie et restreinte, qui comprend qu’il y a autre chose que sa restriction et que la finitude, mais depuis l’extérieur, sans comprendre ce qu’est l’infini. La raison est au service de la faculté qui est en mesure de nommer l’infini. Cette faculté, c’est la créativité. Le nom de l’infini, c’est le faire.

dimanche 14 avril 2013

Comment expliquer que l'homme ne comprenne pas le réel, que le réel repose sur une compréhension cachée? L'enversion l'explique, tandis que le transcendantalisme et le nihilisme le rendent inexplicable. 
Le transcendantalisme comporte une erreur : l'homogénéité du réel, qui pousse à estimer que l'identité existe, mais qu'elle s'accommode de la disjonction (être/Etre), ce qui rend l'opération miraculeuse; alors que le caractère indéfinissable du réel rend la représentation douteuse. La surprise, c'est que, par cet irrationalisme, le transcendantalisme se rapproche du nihilisme - du mouvement originel qui est son adversaire et son reflet.
La plus haute manifestation du réel est l'être. Ce qui implique que l'illusion soit une manifestation avortée et inférieure, quand le possible désigne dans l'être la catégorie extensible. Ce qui est possible avorte ou est.

samedi 13 avril 2013

Il faut que toute manifestation soit réelle.

mercredi 20 mars 2013

Pas d'origine sans temps. La question de l'origine est liée au temps, qui présente pour particularité de ne pas avoir de limites, pour la raison que le propre du temps est de créer la limitation. La limitation est la résolution connexe à l'être, pas un problème inhérent au réel.
Il faut une reconstitution artificielle du réel selon les conditions de représentation de l'être, dans lesquelles la conscience humaine se trouve plongée. Et dans cette reconstitution, le réel crée l'être comme moyen de résolution de sa contradiction originelle intenable. Le temps est la condition d'être qui conduit à la limitation et au décompte.
La contradiction ne peut mener à l'autodestruction et la disparition, parce que le propre de la contradiction est d'aboutir à une forme supérieure. Le propre du réel est contenu dans le religieux, qui relie. Il ne peut relier du continu, de l'uniforme et de l'homogène mais la contradiction initiale contient la faculté de dédoublement comme condition de la pérennité du réel.
La contradiction désigne le moment du renversement disjonctif dans le mécanisme de l'enversion, entre l'être seul, prive d'extensible, et l'être forme en enversion, qui se trouve dote du pouvoir d'extensibilité et qui de ce fait n'est pas un stade finaliste, mais un processus disjonctif, non linéaire, créatif.
Quand les mathématiques écrivent que - 1 x 1 = -1, le négatif qui l'emporte sur le positif pourrait indiquer que l'hypothèse nihiliste se révèle justifiée - qu'il existe le néant, qui correspond en mathématiques au négatif. C'est oublier que le négatif renvoie encore à quelque chose et renforce plutôt l'hypothèse selon laquelle il ne peut qu'être - toute manifestation relève du quelque chose. 

jeudi 14 mars 2013

Plus l'individu est faible, plus il se modèle sur la loi du plus fort.
La  mort engendre le désespoir lucide du donné; sinon elle constitue la bonne nouvelle du renouveau.

dimanche 24 février 2013

L'immortalité signifie-t-elle que le donné se trouve ajouté à sa dernière forme donnée, ce qui expliquerait la positivité bienheureuse dont elle est parée? La part physiquement et temporellement entendue comme l'après-mort (vie après la mort) ne désigne pas seulement ce malléable plus ou moins anonyme et neutre, mais l'identité même que révèle le malléable : sa mixité avec l'être rappelle que malléable et être ne coexistent pas de manière complémentaire l'un à côté de l'autre, mais sont étroitement imbriqués.
L'immortalité signifie que le donné n'est pas seulement être + malléable, mais constitue la somme des donnés passés, que la texture malléable du réel s'est chargée d'accroître, + leur propriété d'extensibilité. Quand le donné passé disparaît, quand le temps passe au point de s'apparenter à une disparition, que se passe-t-il, sinon que le réel se régénère derrière le déroulement temporel? 
Ce serait réhabiliter le non-être, donc l'incompréhension revendiquée du réel, que de valider l'option selon laquelle quelque chose peut disparaître. En lieu et place de ce non-être traduisant l'incompréhension, l'extensibilité permet de comprendre que l'immortalité est accordée à la succession des donnés passés en ce qu'ils portent en eux en plus de leur somme la propriété d'extensibilité qui les unifie et leur donne une permanence au-delà de l'instant.

samedi 23 février 2013

La violence touche en premier lieu sa victime, souvent quand cette dernière se comporte (ironiquement) en bourreau. Elle est l'élément circulaire qui caractérise le donné et qui fait que la croissance devient violence. Le mouvement circulaire promeut la contradiction. Il se retourne contre lui-même, dans un processus de reflet fini, qui instaure la fixité symétrique.
Pourtant, la violence contient en elle-même les ferments de la croissance. Non de sa croissance, mais de la croissance : elle porte en elle un dépassement qui la dépasse. C'est le signe qu'elle ne peut finir en anéantissement de soi, qu'elle repart si elle se trouve confrontée à l'anéantissement comme stade ultime de la contradiction - la contradiction ne peut aboutir à l'autodestruction qu'elle suggère
Toute crise implique le renouveau, non pas au même plan, tel le Phénix renaissant à l'identique de ses cendres, mais de manière croissante - croissance en disjonction de formes différentes et asymétriques. Cette faculté se comporte comme si la contradiction était constituée d'un noyau irréductible, monades selon l'hypothèse de Leibniz, avec cette précision qu'il s'agirait de monades constituées en reflet par enversion, pas en reflet monoplan. 
Il ne s'agirait pas d'éléments infimes et indivisibles, mais d'éléments qui créent l'enversion pour sortir de la violence qui les environne. L'enversion casse le moule fini, qui est le modèle de la violence. L'enversion est le moyen de sortir de la spirale de la violence, qui instigue les conditions pour sortir de son propre anéantissement. Quand on dit de quelqu'un qu'il sort de ses problèmes, on énonce une vérité profonde : sortir de. L'image est originelle.

mercredi 6 février 2013

L'enversion signifie la reconstitution du schéma originel, selon lequel la contradiction initiale donne lieu à l'enversion. La contradiction forme le cercle vicieux, qui n'est pas viable en ce qu'il crée en son intérieur des tensions et des conflits. La contradiction circulaire engendre le cadre de l'enversion, avec une forme intermédiaire : la forme réfléchie, fixe, où le reflet se situerait sur le même plan. Puis, le reflet monoplane (homogène) donne lieu au reflet par enversion, qui consiste à créer une structure en progrès par la création d'un dédoublement en croissance, permettant à partir d'un point original de progresser en enversion, sans que cette progression ne constitue autre chose que la capacité d'assurer la pérennité du cadre réel. Le contradictoire crée les conditions de sa résolution en enversion, tout comme le schéma inférieur de la nécessité accouche de la forme supérieure de liberté. Au final, s'il s'agit d'un schéma de décomposition explicative et pédagogique, la forme initiale implique une recomposition à partir du mode de pensée de l'être. 
Ce qu'il importe de comprendre, c'est comment cette structure en enversion, qui est faire, par complément de l'être, existerait à côté de l'être, de manière complémentaire et non antagoniste. Cette structure crée le malléable comme complément à l'être fini, non comme élément séparé et extérieur, mais comme élément imbriqué, interne, faculté de l'être à s'étendre, être donné et malléable, pas seulement donné. 
Quand on contemple le donné, ce dernier évoque un corps en croissance. Il contient en son intérieur les éléments de sa croissance. C'est l'archétype du schéma d'enversion, approximation qui traduit une limite dans l'expression, même s'il importe de comprendre que le donné est extensible et que le nihilisme commet l'erreur d'identifier le donné comme ce qu'il est dans l'instant de sa contemplation, sans s'aviser que le réel n'est pas réductible à l'être et qu'il contient aussi le malléable. Le faire exprime la créativité.
Peut-être que le meilleur moyen de retranscrire l'explication au (et non : du) réel consiste à recourir à une comparaison globale et unique, pas à une décomposition artificielle, qui ne peut concerner un état non existant. Alors l'explosion caractériserait au mieux le moment fantasmatique de l'origine, explosion qui engendrerait le processus d'extensibilité. 
Mais l'origine n'existe pas, parce que le réel extensible signifie le réel adaptable, alors que l'origine désignerait ce qui précède à l'adaptation et qui du coup expliquerait l'adaptabilité. Le réel présente la qualité de s'adapter pour assurer sa pérennité, qualité qui passe par la faculté d'accroissement continu et qui empêche la dissociation propre à la question de l'origine, question qui ressortit de l'histoire et se déploie dans l'être.
Toute forme qui fait sécession est à l'opposé de la qualité de malléabilité, qui implique que le tout soit, non un espace à remplir, ce qui rend fort énigmatique (insaisissable) l'infini, mais une faculté à s'adapter - physiquement à croître, ce qui indique que l'infini résulte de la question mal posée, du problème insoluble, et qu'il faudrait substituer à l'infini, terme de surcroît négatif, l'extensible.
Quand on voit un enfant croître, on constate que le principe du malléable est présent dans le donné et qu'il pousse l'homme à se développer physiquement et intellectuellement. En même temps, l'arrêt de la croissance rappelle que le donné finit par primer sur le malléable. C'est la raison du constat nihiliste, qui considère que le donné prime sur le principe que Platon nommait dynamique
Dans le système en prolongement et en homogénéité de Platon, l'ontologie, la dynamique devrait mettre sous l'éteignoir le donné. Si c'est l'inverse qui subsiste, si le nihilisme se mâtine d'ontologie faute de pouvoir subsister seul, par manque de cohérence, c'est parce que le réel ne se façonne pas, ne se constitue pas de manière homogène et linéaire, comme le voudrait l'ontologie; mais que la dynamique fonctionne selon l'enversion, par disjonction et par palier/plateforme. 
Le réel se constitue sur le mode du donné, mais ce donné est malléable : il évolue pour croître et il contient en son sein, non dans son extérieur, le principe de son développement. De ce fait, la croissance interne est limitée aux bornes du donné, tandis que le donné croît par palier, empêchant la croissance externe d'exister indépendamment de son principe interne. Il n'existe pas d'externalité dans un principe qui croît par malléabilité. 
La notion d'extérieur n'est valable que par rapport à la linéarité plus encore que la fixité. La linéarité n'est que le correctif qui reprend la même erreur que la fixité : si le réel n'est pas davantage définissable que le non-être, c'est que tous deux postulent que le réel est homogène et irrationnel. Le réel est incomplet, insuffisant. Il est mû par le dualisme Etre/être ou être/non-être (dont la dyade étants/non-étant constituerait la variante avoisinante). 
Le réel est contradictoire en tant que donné et cette contradiction finit par réapparaître derrière son vernis de stabilité partielle et parcellaire, se présentant comme définitive et totale, à l'image de ce que propose Héraclite. Dans la contradiction comme dans les autres propositions de réconciliation identiques (premier sens de l'identité), le réel se tient sur le même plan. Il est autant identique que borné, ainsi que le suggère Mach avec sa définition saisissante de saturation polysémique : "Être unilatéral dont le complément en miroir n'existe pas".

mardi 5 février 2013

Le problème philosophique par excellence : qu'est-ce que le nihilisme? Pour reprendre l'interrogation leibnizienne, on pourrait poser la question ainsi : qu'est-ce que le rien? L'avantage nihiliste est qu'il isole, au sens physique, le réel, sous forme de domaine, concret, dont l'expression temporalisée est l'instant. Gorgias est un sophiste, au sens où il reconnaît le précipité! 
Le non-étant est une explication de théorie générale contradictoire, une anti-théorie, au sens où elle dresse un tableau général du particulier, qui prétend que l'être n'existe pas (a fortiori l'Etre), que l'étant seul existe. Gorgias rend compatibles étant et non-étant par le lien de leur singularité. Si le singulier peut coexister avec le non-être, le seul moyen d'expliquer le réel de la sorte implique que l'on dresse l'éloge de l'incohérence. 
Rosset est le disciple, immanentiste (spinozo-nietzschéen), de Gorgias, au sens où il se réclame du réel arbitraire : le plus sensible et trivial. Il ne théorise pas sur le néant, au sens où il n'y a rien à en dire - il a retenu la leçon des métaphysiciens, dont Bergson, dont il se réclame près de lui, ou Descartes, à l'émergence de la philosophie moderne. 
Gorgias a été oublié, parce qu'il ruine la théorie plus qu'il ne l'achève, et que son geste destructeur avoue sa profonde inanité dans la ruine de l'enseignement : comment un philosophe peut-il se faire payer pour penser que la pensée n'est rien? Les immanentistes de phase terminale, tel Rosset, sont voués à l'oubli, à l'image de Gorgias : impossible d'échapper à la néantisation de leur pensée, car ils refusent que le réel puisse perdurer. 
Au moins les cousins métaphysiciens entendent-ils que l'être fini est théorisable - raison de leur postérité ambiguë; tandis que nos immanentistes terminaux, poursuivant le processus d'autodestruction du réel "peau de chagrin", en viennent à refuser la possibilité que demeure ce que le vent emporte. Il se pourrait que le crime abominable de Cantat, qui revendique cette formule morose et postromantique, résulte d'un meurtre immanentiste, incompris de son auteur, ainsi qu'il arrive pour tout faux créateur pris dans les rets du mimétisme anti-créatif et sous-artistique : avoir décrété que toute chose était vouée à l'évanouissement rapide et définitif.
C'est ce qui déprime Rosset : citant Zola, il déplore que "quand la terre claquera dans l'espace comme une noix sèche, nos oeuvres n'ajouteront pas un atome à sa poussière" (in L'Oeuvre). Ce qui déprime le nihiliste, c'est qu'il pense que tout ce qui est ne vaut que dans l'instant et se trouve supplanté par ce qui n'est pas. La durée n'existe pas vraiment pour Gorgias, qui substitue à l'infinitif duratif être le participe présent de valeur provisoire étant. La suprématie de ce qui n'est pas induit la disparition de ce qui est, même si elle ne l'explique pas.
Le nihilisme est faux, en ce qu'il mène à la nostalgie et au pessimisme de l'absurde, même si Nietzsche essayera vaille que vaille de le remplacer par l'héroïsme surhumain - ou que Spinoza l'ancêtre-fondateur fera de la joie le sentiment par excellence exprimant la connaissance adéquate du réel, ce troisième genre que Spinoza assimile à l'intuition, avec une approche irrationaliste, puisque l'intuitif coïncide avec celui qui accroît sa liberté par sa puissance le privilège de l'arbitraire : l'intuitif est l'élu capable de posséder cette vision intuitive (dans un sens différent de Plotin), aussi rare que l'artiste créateur de Nietzsche capable de surhumain.
Le nihilisme escompte résoudre la contradiction à l'image de ce qu'en propose Héraclite d'Ephèse : le réel tient parce que les contraires se tiennent dans leur opposition. Cette explication pourrait proposer un certain équilibre, si elle ne posait pas plus encore de questions : car que sont ces contraires qui surgissent pour former le réel?
Le nihilisme est  ce qui refuse l'explication, cette anti-théorie qui se permet d'asséner la contradiction, parce qu'elle estime que la contradiction peut être fondamentale. La théorie d'Aristote du principe de non-contradiction s'explique en ce que l'opposition des contraires crée cette non-contradiction, dont on notera qu'elle n'est théorique que dans la limite où elle est négative.
Le négatif est le refus de l'explication.
Au départ, le divin serait le point qui se transforme - en direction.
La fin = le commencement signifie, non pas qu'il existe une réalité supérieure à l'être fini, l'Etre de l'ontologie par exemple, mais que le réel consiste en l'enversion, soit un schéma anti-immanentiste qui se tiendrait sur le même plan et qui recourt à des équivalences données. C'est le problème que rencontre le discours transcendantaliste, dont l'ontologie n'est qu'une expression intervenant dans l'avènement de la philosophie et constituant la tentative de se poser en discours rationaliste religieux de type rationaliste. Platon exprime cette tentative, que Nietzsche railla depuis son point de vue d'immanentiste tardif et dégénéré.
Nietzsche avait compris que la religiosité ontologique constituait l'antagonisme du discours religieux, discours rationaliste et humain dans la mesure où il essaye de s'opposer à la religiosité transcendantaliste, avec une antienne : seul le monde de l'homme importe dans le réel. Nieztsche martèle : le discours religieux transcendantaliste selon lequel Dieu existe au-delà de l'homme est faux. C'est une espérance, une superstition, créneau que lancera Spinoza et que les spinozistes depuis s'ingénient à répéter.
La philosophie est religieuse pour le nihiliste dans le sens antagoniste à la philosophie religieuse telle que l'espère l'ontologue. Mais les deux ont pour point commun de ne parvenir à définir le réel. Le nihilisme est le premier mouvement, l'impulsion spontanée de l'homme, qui, confronté à la pensée, fuit l'essentiel pour se concentrer sur l'immédiat : ne pas connaître pour mieux savoir. Le nihilisme propose l'antagonisme être/non-être, avec l'anti-définition paresseuse que constitue le non-être. Le transcendantalisme propose une définition en homogénéité, l'Etre, qui englobe l'être et déduit l'englobement du prolongement.
Les deux définitions opposées (donc identiques) ont pour défaut commun de rater le réel : l'observateur du réel ne voit jamais que du donné, de l'homogène et du fini. C'est, tout simplement, parce qu'il n'existe que du donné, de l'homogène et du fini. Comment accepter l'hypothèse de l'Etre, alors qu'il n'est jamais visible et qu'aucune expérience ne témoigne de cette existence? Comment accepter le non-être, alors que cette sous-définition, de type négatif, se contente de ne pas s'occuper de ce qu'on ne comprend pas - en décrétant que ce qui ne se comprend pas immédiatement ne peut se comprendre.
Périodiquement, face à l'avancée de la connaissance, qui contredit sa négativité générale, le nihilisme est contraint de s'ajuster pour ne pas proposer des savoirs obsolètes et ridiculisées. C'est ainsi que face à l'avancée de la science expérimentale, l'aggiornamento de la métaphysique originelle, de mouture aristotélicienne, était nécessaire : ce fut en métaphysique le rôle du cartésianisme, et en science les théories épistémologiques autour de Newton. Aujourd'hui que la métaphysique est morte, le nihilisme pour survivre devra aller au-delà de la logique néo-positiviste de type analytique. Elle ne dispose plus de théorie concurrente face à l'effondrement du transcendantalisme. 
Quant au fait que l'observateur ne peut jamais se représenter de différence qualitative entre le réel immédiat et ce qui le complète, c'est tout simplement parce que ce type de représentation est illusoire. Il n'existe pas d'autre réel que le réel tel qu'il apparaît. Cette affirmation triviale ne recoupe-t-elle pas ou ne retrouve-t-elle pas la doctrine nihiliste, qui est anti-théorique et obscurantiste dans le sens complémentaire du pédantisme? D'une part, le nihilisme ne professe pas que le réel tel qu'il est existe, mais que le réel tel qu'il est coexiste avec le non-être. Ensuite,  le réel tel qu'il est signifie l'application de la doctrine cartésienne, selon laquelle le métaphysicien doit pactiser avec l'explication divine, donc transcendantaliste, à partir du moment où il lui confère des accents irrationalistes.
Reste une hypothèse : le néanthéisme n'a pas besoin d'expliquer l'espace vacant à côté et au-delà de l'être fini. Il introduit une hypothèse qui est contraire au nihilisme et qui le classe dans la continuité du transcendantalisme : l'extensibilité, la malléabilité. Alors que l'Etre est inexplicable, quasi miraculeux, alors que le nihilisme ne peut expliquer davantage le non-être, intégralement négatif, le néanthéisme propose la propriété de l'extensibilité qui explique à la foi que l'être soit fini et que sa finitude croisse et se montre changeante.

dimanche 3 février 2013

L'appellation de "différences sexuées" signifie que l'on interroge depuis son extérieur le domaine du sexe; quand le sexuel sans interrogation et homogène tourne en rond en interrogeant son objet de l'intérieur. La question sexuelle indique que le réel se constitue depuis une origine extériuere et qui n'est pas homogène. Elle signalerait presque, de manière biaisée et indirecte, l'enversion. 
Le sexe exprime un phénomène plus large que lui et qui caractérise la formation du réel tel que Platon le nomme le sensible ou que Heidegger définit comme le domaine des étants : le morcèlement. Le morcèlement recouvre un terme peu questionné, alors que rien n'est plus mystérieux que la singularité, notamment des corps, à laquelle s'arrêtent trop facilement, pour arrêter le questionnement, les partisans du multiple. 
La constitution du corps, en tant qu'expression de la singularité, ne s'explique pas dans un domaine seulement homogène, surtout s'il est tenu pour l'unique. De même, l'antagonisme propre au nihilisme n'explique le morcèlement qu'en rendant inexpliqué et inexplicable le non-être censé pourtant en être l'explication.
Mais selon les termes de l'enversion, la constitution des corps représente le moyen de résoudre l'état de contradiction, sachant ce dernier irréductible (en tant que reconstitution postérieure). Résoudre consiste moins à remplacer qu'à croître, en conservant le fondement inférieur pour poursuivre par l'entreprise de croissance. La résolution par la multiplicité indique que la croissance s'effectue dans la multiplicité et que son unité se subsume à partir de sa multiplicité première - en ajoutant le caractère de malléabilité et d'extensibilité, non au-delà ou derrière, ce qui rétablirait l'illusion de l'homogénéité, mais avec l'idée que rien n'existe de supérieur aux corps en tant que prolongement ou linéarité. 
Le possible malléable et extensible n'existe pas dans une incarnation spécifique et supérieur; le lien, définition du divin, s'établit depuis l'inférieur, et sans jamais connoter de réalité ou de proposition supérieure. Son propre est l'extensibilité, pas le donné supérieur, préexistant à l'effort de définition.
Supérieur à la raison, le divin signifie l'extensible.
Alors que les prophètes permettaient de se référer à une extériorité signe de croissance, l'artiste moderne a surgi à l'intérieur du christianisme - à partir de l'innovation monothéiste en général. Peu à peu, il en a pris le relais. Il est devenu la figure antagoniste, au sens où le prophète était le médium du divin, quand l'artiste exprime peu à peu son remplacement immanent. A partir de la modernité, il est devenu l'inverse de ce qu'il prétendait servir : selon l'idéal de la Renaissance, l'application humaine du progrès voulu par Dieu est transmissible dans l'expression artistique. 
Cette dégénérescence de l'artiste vers l'immanence fait de lui la trahison de ce qu'il revendiquait. De relais des prophètes, il devient médium de l'immanence. Bientôt, il incarne le symbole de l'immanentisme qui s'effondre. Trahissant l'art originel, dans sa mission au service du religieux, il se met au service de ce que l'homme possède de plus oligarchique, élitiste, prétentieux. En s'affranchissant des lois, il se croit arbitre des normes : c'est l'artiste d'aujourd'hui, l'artiste hégélien de l'art contemporain et rationnel, l'artiste issu des codes de l'art bourgeois, rebelle et transgressif au sens où il se comporte en figure tutélaire de notre monde libéral. Ce que son positionnement rebelle trahit, c'est qu'il est le héraut au service du libéralisme, celui qui a trahi la mission originelle de l'art moderne. 
L'artiste d'aujourd'hui est d'autant plus célébré qu'il a abandonné la quête de la durée, qui s'expliquait par le but de servir Dieu via les prophètes. Il est un dandy, singulier, qui s'ébat dans l'éphémère et qui se satisfait d'avoir servi, par le truchement de la figure sociale de l'éditeur, le libéralisme, au point d'en avoir été l'apologète avant-gardiste, à défaut de le faire innover. Aujourd'hui, l'artiste au sens de la Renaissance ne peut pas s'intégrer dans le système corrompu de la République des lettres de mouture médiatique, dont la principale caractéristique est de s'entêter à poursuivre le système caduc, déjà obsolète, Gutenberg. L'édition Gutenberg était promise au dépassement dès son départ, en ce qu'elle se trouve sous la coupe du format du monothéisme, mais, depuis qu'elle a entamé sa décrépitude, elle épouse l'influence du libéralisme. 
L'auteur devient un homme-sandwich d'autant plus reconnu qu'il est l'un parmi tant d'autres et que la multiplicité lui garantit la valeur éphémère, proche de l'anéantissement. L'artiste de la modernité a sombré dans la propagande bourgeoise et libérale. Pour relancer la dynamique religieuse, il faut se rappeler que l'artiste n'est jamais que le relais du prophète et de l'homme religieux. Quand il s'en émancipe, il n'en constitue pas l'alternative, mais la dégénérescence, l'incarnation nihiliste, de facture immanentiste (l'immanentisme constitue le mouvement le plus original du nihilisme moderne).
Il convient d'échapper au piège selon lequel il faudrait, pour s'éloigner de cet artiste héraut de l'immanentisme, opérer la relance de l'artiste comme fin. Le projet aboutirait à promouvoir l'alternative au religieux (le projet de l'artiste-fin ramène à l'artiste immanentiste, ce qui indique l'identité profonde des contraires placés sur la même ligne). Le projet de l'artiste ne peut qu'aboutir à du nihilisme si l'artistique est la fin. 
L'expression artistique pour être de qualité doit être inféodée au religieux. On institue un cercle vicieux si l'on escompte sauver le format de l'art-fin. Ce qui permettra de relancer tant l'art que l'homme, c'est l'instauration de nouvelles normes religieuses, pas  artistiques. Ces nouvelles normes religieuses pourront instituer de nouvelles lignes internes de type artistique.
La condamnation platonicienne de l'art ne ressortit pas seulement de la censure bornée et de l'intégrisme ontologique. Elle perçoit dans l'art la limitation dégénérative de l'expression religieuse (Platon pensait que l'ontologie en constituait l'acmé définitive). L'art compris dans la forme innovante du néanthéisme perd sa dimension finaliste. L'expression philosophique gagne en importance, du fait que la mission de la philosophie n'est pas de se tenir au service du religieux, mais de constituer l'expression du religieux. 
Le projet nihiliste de faire de l'expression philosophique le discours nihiliste par opposition au discours transcendantaliste implique que le nihilisme soit une religiosité paradoxale, qui réfute le religieux tout en cherchant à conférer à son discours rationaliste et anti-prophétique une dimension générale. La différence est que le religieux classique est un discours d'ensemble qui inclut l'infini (d'où le prophétisme comme moyen supérieur d'expliquer l'infini); tandis que le nihilisme explique l'ensemble du réel, entendu dans l'acception de fini (et encore, une fois la métaphysique.

dimanche 13 janvier 2013

Dieu complète le cercle vicieux du donné. Tout donné est contradictoire et chaotique. La contradiction est incomplète puisqu'elle mène à l'autodestruction. En instituant le reflet par enversion gradatoire, Dieu complète. Il est le compléteur, mais il ne complète pas de manière définitive le réel. Il complète de manière provisoire le donné. Ce que l'observateur engoncé dans sa représentation finie prendrait pour du définitif est en réalité du provisoire, de l'incomplet, de l'inachevé. C'est l'erreur du nihilisme que de s'en tenir aux bornes du fini et de juger qu'à cette aune le réel est tel. Le raisonnement pourrait être : nous devons nous concentrer sur ce que nous pouvons connaître. Ce qui est connaissable est fini et de ce fait peut être connu. La variante spinoziste consiste à feindre que l'on reconnaît l'infini, tout en s'en désintéressant, pour se concentrer sur le désir connaissable - accessible. Quand l'infini est inconnaissable, il revient au non-être, qui lui est inconnaissable et se trouve déniée par la métaphysique moderne (de Descartes à Bergson). L'infini est connaissable. Cela signifie que la connaissance est en progrès sur le modèle de Dieu. Dieu n'est pas complet, et s'il complète le donné, c'est la preuve de l'incomplétude : ce qu'on nomme complétude est ce qui complète le fini.

mardi 8 janvier 2013

Il n'y aurait de possible que le réel, le possible existant a posteriori et étant une illusion rétroactive du réel. Cette thèse, défendue par Bergson au vingtième siècle, est l'adaptation contemporaine de la vieille thèse nihiliste, que les métaphysiciens ont toujours fait leur (il n'est qu'à penser à l'actualisation chère à Aristote et à la puissance). Bergson se montre encore moins clair, puisqu'il n'explique pas vraiment pourquoi le réel est et qu'il est si le possible n'existe pas, Aristote ayant au moins le mérite d'établir une zone-tampon, entre l'être multiple et le non-être multiple, à charge pour lui de nous expliciter ce qu'est cette mystérieuse puissance et son articulation entre être et non-être. Bersgon nous entretient de l'illusion du possible, illusion rétroactive? Fort bien, mais cela ne nous explique nullement la création de l'être, sauf à reprendre le dogme spinoziste de l'incréé. Dans l'enversion, on peut s'aviser que le possible s'apparente au contradictoire se distinguant de la contradiction ce qu'il contient les éléments de la croissance et l'impossibilité de l'anéantissement. Le possible désigne ce qui précède la constitution en être, mais qui relève de la réalisation. Le possible n'est pas de l'être et s'en distingue par son aspect contradictoire et moins fini. Le fini est bien ce qui est fini dans tous les sens du terme : il est ce qui finit le contradictoire et permet au réel d'être achevé provisoirement. Le possible existe bien comme la pluralité des contradictions desquelles sort un seul être, qui est le possible le plus achevé. Mais le possible n'est ni une illusion rétroactive, comme le prétend Bergson, ni un élément à part entière de l'Etre, qui le placerait sur le même plan que l'être et qui de ce fait introduit une homogénéité inexistante et illusoire - selon le schéma de Leibniz, qui distingue dans le réel les vérités contingentes des vérités nécessaires.
Le contradictoire contient en son sein sa pérennité : sa croissance en enversion. Le contradictoire ne constitue pas l'étape initiale, au sens où il n'existe pas d'étape initiale, mais où l'initial serait la reconstitution chronologique et a posteriori, la scène primitive et fantasmatique de ce qui est antérieur, non seulement au temps, mais à l'espace : le réel. Le réel est ce qui ne peut disparaître, mais cette nécessité (ne pas disparaître) contient la supériorité à la nécessité, la liberté, en même temps. Ce qui ne peut disparaître serait l'aiguillon, mais instaure la limite de notre entendement. Nous ne pouvons comprendre ce qui se situe en-deçà d'un point de vue logique et chronologique de l'être. L'enversion constitue la limite, qui nous permet de dire qu'en-deçà de l'enversion existerait un monde de chaos, de contradictions, mais dont la particularité serait de déboucher sur quelque chose d'être. Il est du faire qui débouche sur l'être. Ce que l'on nomme divin propose un mélange désarmant de nécessité et de liberté. Il serait nihiliste de chercher à définir le divin, soit à emprisonner le divin dans les rets du donné et de la nécessité. Le divin à cet égard constitue un aiguillon incessant, de l'ordre du malléable. Il est l'adaptable constant, qui à partir de l'adaptation crée les conditions de l'espace/temps. Autrement dit, il adapte l'espace à sa cohérence, avec cette idée qu'il a toujours besoin de recourir à l'enversion et au changement pour ne pas disparaître. L'enversion est le moyen trouvé par le divin pour ne pas disparaître. La structure du donné est incomplète et ne correspond pas à la structure du réel. Elle n'en constitue que la partie la plus visible (d'où l'erreur réductrice du nihilisme.

dimanche 6 janvier 2013

La mort engendre le désespoir lucide du donné; sinon, elle constitue la bonne nouvelle du renouveau.
La fin de l'art en tant que fin signifie que l'art ne peut être la fin, mais qu'il est l'expression du symbolisme humain dans le religieux. C'est un sous-religieux au sens où il recourt à une faculté d'expression qui est secondaire (ce qui ne signifie pas qu'elle ne soit pas profonde). La faculté principale est l'intelligence. C'est une faculté en progrès constant, au sens où la définition de l'intelligence s'épure au fur et à mesure qu'elle gagne en précision.