mardi 3 novembre 2009

Quand il s'agit de donner une cartographie du réel, osons une approximation : le réel est le produit du réfléchissement indéfini entre deux approximations qui n'existent jamais à l'état brut - l'être et le néant. Le néant n'existe jamais à l'état de néant, quand le réel n'existe jamais de manière complète. Le réel est le produit de ces deux abstractions. De ce point de vue, quand on veut approcher notre condition d'être sensible, l'on a tendance à oublier que nous n'existons jamais à l'état exclusif d'êtres sensibles. Notre unicité d'individus morcelés n'est que la conséquence de notre immersion dans l'exclusivité du sensible. Platon reprenait l'idée des prêtres égyptiens selon laquelle nous sommes les parties d'un corps qui nous dépasse et qu'ainsi la structure de l'Être est celle d'un indéfini emboîtement à la manière des poupées russes. Il est vrai que la structure de raisonnement du prolongement encourage la projection de nos structures vers les microstructures qui nous composent comme vers les macrostructures que nous composerions. Dans la théologie chrétienne, qui reprend ce concept à ses devanciers polythéistes, on trouve l'idée d'une simultanéité de l'éternité et du temps, de l'instant qui dure et des instants qui passent. La divinisation de la différence se fait au nom d'une immobilité qui en correspond pas à la répétition (dont l'expression penche du côté du nihilisme). Quittant les rives du temps comme cercle, comme devenir ou comme sphère, nous voilà maintenant aux prises avec la conception néanthéiste du temps : le temps comme reflet. De ce point de vue, le remplacement de l'Être par le néant positif implique que le réel soit une succession d'ordonnations dont la finitude n'a de sens que dans une représentation ordonnée. La déconnexion entre une certaine ordonnation et l'ensemble du réel indique que le morcèlement passe pour le tout objectif : la partie morcelée croit vraiment que son morcèlement est le fondement alors qu'il n'est que l'expression du néant qui est toujours présent dans chaque processus d'ordonnation quoiqu'il ne soit jamais à l'état pur.

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