mardi 21 septembre 2010

Définir le néant est la tache qui incombe à l'aventure humaine qui se poursuit. S'il est vrai que souvent l'homme définit théoriquement après avoir mis en pratique un postulat qu'il a plus pressenti que rationalisé, le choix du néant pour remplacer l'Etre et pour définir le divin a de quoi déconcerter. Le néant est fort mal connoté par la tradition - notamment monothéiste (en particulier la branche de l'ontologie occidentale descendant de Platon). Il est vrai qu'on l'accole au nihilisme, dont l'immanentisme est la forme moderne.
Cependant, il convient de se demander pourquoi le nihilisme reparaît avec autant de force lors de la crise occasionnée à l'intérieur du transcendantalisme par le passage du polythéisme au monothéisme. C'est que le nihilisme est le courant originel qui pose la question profonde à laquelle les monothéistes ne répondent qu'imparfaitement - quoique valablement du point de vue du quelque chose. Ce n'est pas pour rien que les sophistes connaissent un tel succès à l'époque de la crise de passation entre polythéisme et monothéisme : parce que malgré leur démesure, ils posent la question profonde du néant.
Comme diraient les hommes d'affaires, ils mettent la question du néant sur la table. Pour le reste, ils apportent au problème les pires des réponses, à l'exemple du sophiste pessimiste moderne Schiffter, dont le seul intérêt historique est, comme dirait son maître Nietzsche, symptomatique. Tout l'effort spécifique du maître de l'ontologie d'obédience monothéiste Platon consistera à enterrer la question du néant pour la recouvrir de sa chape de l'Etre. Tout le mérite d'un Platon est de proposer une alternative pour pérenniser l'homme après la crise polythéiste.
Platon comprend que la question du néant telle qu'elle est résolue par les nihilistes ne tient pas la route - ou seulement pour peu de temps. Du coup, il propose un système hérité des pythagoriciens (descendants sur le sol grec du savoir égyptien) qui a la particularité de prolonger cette pérennité menacée par la crise de la fin du polythéisme et de l'avènement du monothéisme. Platon se situe comme l'un des principaux fondateurs du monothéisme dans la culture occidentale.
Mais il ne parvient à rejeter le nihilisme personnifié par les sophistes qu'au prix du rejet obstiné de la question du néant. Les monothéistes la recouvre du manteau englobant et géant de l'Etre. Dieu est le synonyme de l'Etre en tant que vocabulaire ontologique. Or l'Etre permet certes de prolonger le quelque chose tandis que le néant de facture nihiliste engendre la destruction et la disparition. Mais ce prolongement n'est que provisoire.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire