samedi 16 octobre 2010

Contrairement à une idée répandue, le néant ne rime pas avec le désordre et la confusion. La fusion, peut-être. Le bouillonnement? Le choc. Si l'on est d'accord avec l'idée que l'être signifie l'ordre; et que le réel comprenant l'être et le néant n'est pas intégralement composé d'être; si l'autre partie complémentaire est le néant; si le néant occupe avec l'être le reflet comme figure ontologique, alors le principe de l'être est complémentaire (l'inverse est le complément) avec le faire. Le néant est le faire. Le principe qui engendre l'ordre est le faire. C'est une idée inverse de l'idée selon laquelle le chaos est indétermination et confusion.
Le chaos est ce qui détermine tout en étant incomplet. Le néant est le déterminé au sens où il fait, accomplit, agit. Le chaos fait au sens où il fait l'être comme complément à son incomplétude invivable. Le néant est l'insécable et l'unifié : plus que l'unique, il est l'unifié, soit ce qui n'est pas morcelé. Le néant est l'inverse. On comprend le néant par rapport à l'être par le rapport d'enversion. Le néant seul se détruirait car il est l'unifié incomplet. Il suscite en reflet d'enversion le morcelé incomplet. Le néant est ce qui à la fois ne peut se suffire à lui-même sans se détruire (disparaître); et qui est l'unifié en mesure de faire. La création désigne cet endroit où l'on crée à partir du néant - à partir du faire.
Que serait le néant sans l'être? Peut-on définir le néant sans recourir à des purs inverses et des purs négatifs? Peut-on dire l'envers de l'être? Oui, à condition de partir du faire et de comprendre que le néant fait dans la mesure où il est confusion. Cette incomplétude n'est possible que si l'on définit le néant comme l'explosion - d'où l'être en complément. Depuis l'être, on diminue pour rentrer en contact avec le néant et cette diminution qualitative engendre l'augmentation quantitative. D'où : la diminution par enversion signale que le néant est cet insécable bouillonnant et infime qui crée à tout moment au sens où il est le faire. Créer, c'est sortir de la confusion et du bouillonnement autodestructeur. Créer, c'est faire.
Pour reprendre en le modifiant le schéma des platoniciens et des néo-platoniciens, il est deux sortes de néant : le néant pur et le néant mâtiné d'être. D'un côté, il existe une forme qui forme avec l'être le complément au réel. De l'autre, le néant accompagne l'être dans sa formation, ce qui fait du néant un complément de l'être - en plus du néant qui existe de manière indépendante. On mesure l'erreur nihiliste : avoir senti l'existence du néant, tout en lui conférant une positivité fausse - au sens où leur définition du néant propose une réalité antagoniste du réel (où deux contraires s'affrontent).
Le néant est cet éther (ce vide) qui partout accompagne comme en complément l'ordre à condition de comprendre que l'accompagnement implique la préexistence d'une forme de néant pur qui est insécable et qui engendre le faire. C'est de ce néant que découle l'ordre, car le néant n'est pas complet et ne peut demeurer seul, tel un être sans complément en miroir. Au contraire, le néant est l'un des deux reflets. Il suscite le mouvement éternel du reflet.
Quant à la diminution, elle signale que l'insécable est l'infime. L'infime est une véritable boule d'incompatibilité qui génère des tensions telles qu'il provoque la naissance en reflet de l'ordre réel et fini. D'un côté l'infini, de l'autre le fini; d'un côté le morcelé, de l'autre l'insécable; d'un côté le faire, de l'autre, l'être; les couples sont formés sur le modèle de l'enversion (du reflet). L'envers (reflet) de l'être, c'est le faire. L'envers connote le passage d'un reflet à un autre, d'une incomplétude à une autre, le jeu entre deux ordres complémentaires : l'être et le faire.

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