vendredi 20 septembre 2013

La philosophie en est arrivée au moment où son histoire va lui donner le premier rôle : le religieux. Jusqu’alors, elle tenait un personnage trop abscons, abstrait, insaisissable. Elle se trouvait reléguée au rang de démonstration, elle avait pour expression dominante la métaphysique. Si elle lorgnait vers le religieux, c’était avec deux conceptions divergentes : l’ontologie la voulait comme religion élitiste et complémentaire du monothéisme de l’Etre; la métaphysique comme religion antireligieuse (au sens de centrée sur le monde de l’homme) de la raison. Dans les deux cas, le langage philosophique était difficile d’accès, comme si la réalité était difficile d’accès. Mais la réalité était seulement difficile d’accès pour l’optique philosophique, du fait de son dévoiement méthodologique. Pourquoi la démarche religieuse est-elle simple quand celle philosophique deveniat complexe, voire compliquée? Pourquoi cette difficulté à trouver le sens, qui va en croissant avec le temps (Kant, Hegel, Heidegger, Wittgenstein...)? Non parce que la technique philosophique serait difficile mais juste, ce qui impliquerait que le réel soit façonné selon le mode tortueux, mais parce que cette technique réclame une faculté mal conçue : la raison - et s’applique à quelque chose de faux : le fini. La philosophie recèle dans sa démarche une spécificité qui a été mal comprise au moment de sa venue, quand le monothéisme ébroue le polythéisme déclinant. Les philosophes ont cru que la philosophie signait la forme cultivée du monothéisme (et pas que le platonisme) ou qu’elle permettait une alternative au religieux commun par la production élitiste de rationalisme. Dans le premier cas, la philosophie serait une expression monothéiste; dans le second, elle serait l’expression du nihilisme. Mais la philosophie survient comme l’expression du religieux qui est au-delà du transcendantalisme.

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