jeudi 28 juin 2012

Le 0 n'est pas le rien, mais le domaine du contradictoire. L'ordre de l'être est tenu pour le seul domaine. Il correspond au 1. Son problème est son incomplétude : il se révèle indéfiniment divisible ou extensible. La complétude s'opère entre ce qui est contradictoire et ce qui résout la contradiction de manière incomplète. Tout ce qui est réel perdure : le contradictoire ne peut s'effacer au profit du non-contradictoire, mais tout est non-contradictoire et contradictoire (Gorgias n'a retenu que la seconde moitié de l'énoncé).
Le contradictoire est infini. Le non-contradictoire est fini. L'espace du non-contradictoire revient à définir le néant, dont le propre est de demeurer accepté en tant qu'indéfini (définition de l'irrationalisme). Le nihilisme est un sentiment atavique. Le nihilisme se rapporte à un élément concret, prégnant, peu dicible. C'est le domaine du contradictoire, qui engendre son prolongement en non-contradictoire. Le 0 n'engendre pas le 1, au sens où l'engendrement ressortir du domaine causal. 
Les deux sont en concomitance, au sens où ils ne sont pas incréés, mais donnent naissance au divin. Le divin résulte de l'impossibilité qu'il y ait rien ou que le quelque chose ne soit pas. On se demande si le quelque chose peut ne pas occuper tout l'espace, mais c'est une interrogation qui est assujettie à un entendement fini. Le point rendrait mieux compte de ce qu'est le réel en tant qu'association disjonctive entre ce qui est et ce qui fait, en précisant que le point n'est pas un élément fixe environné de néant, comme le Dasein de Heidegger, mais un point extensible et malléable.
Le 1 n'est pas le terme du réel. Le terme de l'être tient à la compréhension du 0, non en tant que rien (le nihilisme indique qu'il mésinterprète le néant), mais en tant que qu'impossible (le contradictoire) contenant sa résolution concomitante. Le 0 ne peut perdurer sans le 1 et ne précède pas le 1, pas davantage que le divin ne crée le 0 et le 1. La création tient à la faculté d'assurer le lien constant entre le 0 et le 1, en aucun cas à la faculté de remonter miraculeusement les pendules de l'univers. Il est illusoire de se poser la question de l'origine, car le propre du réel n'est pas de se produire de manière causale, mais de ne pas se trouver en concurrence avec un autre élément : le réel est l'exclusif sans double.
Il n'est possible que coexiste avec le réel un autre élément complémentaire ou compatible, sans quoi le propre du réel serait d'assurer le lien et la connexion avec cette partie. Raison pour laquelle l'antagonisme être/non-être n'est pas possible, car l'antagonisme est changé en complément disjonctif et croissant. L'antagonisme se produit dans le domaine limité et restreint, qui implique sa résolution par le complément disjonctif. Le divin est le créé qui assure le lien entre ses deux parties disjonctive set qui réunit ses deux parties disjonctives.
Il n'y a pas d'antériorité; mais la présentation du divin comme Création est attachée au transcendantalisme. S'il est aberrant d'en revenir à une première cause finie qu'Aristote dénomme Premier Moteur, l'impuissance généralement observée par le divin, dont la difficulté pour l'homme à le connaître en termes d'homogénéité et de prolongement, s'explique en fait parce que le divin n'est pas ce Créateur supérieur, parfois tellement exagéré qu'on le répute incompréhensible, mais par le fait que sa création s'apparente à un acte non pas impuissant, mais dont il n'a pas les rênes absolues.
Le divin est plus le lien entre deux grandes textures hétérogènes, dont il assure le lien, que le maître de ses créatures. La liberté, loin d'être un supplément inexplicable et inutile, s'explique par le fait que les créatures ne sont pas soumises à un Créateur, mais qu'elles font partie de ce qui est une création dont le divin fait partie, non pas d'un créature qui existerait avant l'acte de création, et qui aurait une supériorité sur sa création, mais un créateur qui surgit en même temps que la création et qui dépend autant de ses créatures que ces dernières ne dépendent de lui.
Le divin naît de l'union entre le 0 et le 1. C'est lui qui assure sa continuité sans avoir de prérogatives. Les créatures dont nous sommes en tant qu'individus concourent à la création tandis que e divin en serait le produit et n'aurait de pouvoir nécessaire que dans la nécessité de quelque chose. Le divin n'est pas le miracle de 1+1 = 3, mais plutôt la création résulte de l'union entre le 0 et le 1, du constat selon lequel le O ne peut demeurer dans son domaine de contradiction, ainsi que Frege l'avait remarqué, et sort de son domaine intenable afin de susciter en complémentarité le domaine de l'être qui le rend viable et pérenne.
Le 1 est pris à tort par les ontologues comme le terme du réel (l'Etre). Le passage du 0 au 1 s'explique parce que le 0 n'est pas l'absence de quelque chose, la négativité en tant que ce qui est une limite idéale, mais une puissance de malléabilité infinie qui n'est possible que parce que le contradictoire est une source inépuisable de production. Le 0 n'est pas un domaine d'infiniment petit cohérent, mais un domaine de densité exceptionnelle qui est marqué par la contradiction. Le 0 est contradictions en ce que les force sont centripètes et trouvent un complément centrifuge dans l'être. On note la croissance de l'être, qui contredit la physique entropique, parce que la physique, en s'attachant à un domaine, nie la dynamique de l'être, qui illustre la force centrifuge. 
Le propre de la contradiction est de susciter un mouvement interne, qui suscite l'explosion vers l'ordre. La croissance est connexe de l'entropie propre au domaine 0. La non-contradiction est connexe de la contradiction. Le divin est le surgissement de ce mouvement de perpétuation entre le 0 et le 1, le passage entre le 0 et le 1. On peur le baptiser va-et-vient, mais avec deux spécificités : 
1) l'enversion définit le va-et-vient comme la disjonction entre le 1, qui pourrait se formuler en paliers, et le 0, qui mal compris par le nihilisme est dénommé non-être et qui pourrait se traduire en termes de point; 
2) la croissance comme produit de la relation disjonctive 1 et 0 rappelle que le rapport entre l'être et le faire n'est pas définie par la stabilité, car celle-ci en tant que force continue s'expliquerait par l'antagonisme entre les contraires (selon Héraclite); chaque palier se trouve condamné à se déliter et à retourner à l'état de destruction (chaque forme est promise à la mort). Cette caractéristique engendre la croissance, où chaque palier quand il se détruit suscite la création d'un niveau supérieur, suscité par la conjonction entre le faire contradictoire et explosif et le donné sans cesse situé à un niveau supérieur au faire et engendrant la croissance générale.

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