mercredi 16 décembre 2009

Dans le système transcendantaliste classique de type polythéiste, le changement n'existe pas ou n'est reconnu que comme quantité négligeable. Le même est l'espace de la divinité. Le changement est le signe que l'on se meut dans le sensible - et que l'on est antithétique à la divinité. Dans la mentalité polythéiste, le changement est tenu pour une dégénérescence : changer, c'est ne pas avoir accès à l'éternité, à l'absolu. Le changement est inclus dans l'éternité du même. La mutation du polythéisme en monothéisme ne rompt pas le transcendantalisme parce que le mécanisme du prolongement demeure. Selon ce mécanisme, le néant n'existe pas.
Le renversement monothéiste divinise à présent le changement de manière paradoxale : il s'agit de constater que le monde de l'homme s'est unifié et que le même correspond à la figure de l'homme unique. Le changement divinisé est une conception bigarrée et complexe, selon laquelle le changement est en même temps l'éternité. Du coup, l'on ne parvient plus à définir cette divinisation qui est unique et qui pourtant ne se révèle pas simplifiée. L'éternité du changement est contenue dans cette unicité. Quand le changement était multiple, il correspondait au sensible dégradé.
Quand le changement est expulsé hors du monde de l'homme, sa divinisation paradoxale correspond à la catégorie de l'impossible : l'unique est aussi le moins compréhensible. Du coup, la stabilité polythéiste passe pour une supériorité par rapport à l'unicité fin de règne (transcendantaliste) du monothéisme. En fait, autant l'avènement de l'instabilité monothéiste était nécessaire, autant elle constitue un progrès évident en ce qu'elle valorise enfin le changement et qu'elle permet une phase de transition du transcendantalisme vers le néanthéisme.
Dans cette grille de compréhesion, l'immanentisme n'est qu'une transition assez décadente et baroque, mais elle possède
aussi toute son importance. C'est elle qui offre la nouvelle clé vers l'espace en introduisant de manière déformée et erronée la nouvelle interprétation du changement : non plus le changement-prolongement, changement plus ou moins dénié; mais le changement-enversion, changement assumé.

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