jeudi 5 juillet 2012

La preuve que tout donné est soumis au principe de contradictoire, c'est qu'il ne peut durer; en outre, plus son exposition reproduit les éléments les plus physiques du donné, plus il est soumis au principe de contradictoire. Le principe de contradictoire est le propre de tout donné. D'ailleurs, le faire, que le nihilisme nomme improprement le non-être, serait assez proche du donné. Gorgias ne s'y était pas trompé en définissant le réel comme le non-étant, et non comme l'Etre. 
Seul problème de cette définition révolutionnaire : si Gorgias essaie de changer l'essentialisation de l'Etre en singularisation du non-étant, il ne définit nullement son substitut de non-étant. On pourrait avancer que le nihilisme est la doctrine trompeuse qui réduit le réel à l'être et qui du coup édicte des règles juste quand elles sont circonscrites à l'être, mais fausses quand elles sont étendues à l'ensemble du réel, parce que le propre du réel est de demeurer dans la contradiction tant qu'il demeure dans la fixité.
La production d'un donné fixe et stable n'est pas le complément viable au faire - mal compris comme non-être. Le contradictoire s'applique à toute production marquée par le fixe. Tout donné qui est figé est ainsi marqué par le contradictoire. Le propre du non-contradictoire est de se situer dans le non-fixe, soit dans le mouvement physique : dans le malléable qui permet que ce qui est ne soit pas figé, mais au contraire en croissance infinie.
Un débat a existé à propos du vide : comment l'expliquer dans le contexte de l'Etre? Si l'Etre est le plein, le vide peut-il exister? Il y a ceux comme Aristote qui estiment que le vide ne peut exister à l'intérieur de l'être, mais en précisant que l'être est fini et entouré de non-être. Contrairement à ce que racontent les historiens de la philosophie actules, Aristote n'estime pas que le non-être n'existe pas, mais qu'il n'existe pas dans le vide. Il est vrai que les historiens de la philosophie sont des métaphysiciens plus que des ontologues, quand bien même ils prétendent amalgamer les deux conceptions antagonistes.
Le vide s'explique dans un système qui n'est ni ontologique, ni métaphysique : c'est la coexistence de l'être et du faire, le néanthéisme par succession de l'ontologie et opposition au nihilisme, dont la métaphysique essaye d'être la forme accommodante et le compromis. Le propre du mécanisme divin consiste à susciter le complément du contradictoire dans la croissance perpétuelle. Le non-contradictoire s'obtient par la production de donné en croissance. Mais la croissance est adaptée au malléable, qui à la fois est un noeud inextricable de contradictions et le moyen d'en sortir par la production de donné croissant.
Si le donné est à la limite la représentation la plus adéquate du faire contradictoire, c'est qu'il ne contient pas le principe de l'accroissement constant, qui se manifeste dans la présence physique du vide dans l'être. Le principe se produit par dédoublement en enversion : le domaine de contradiction secrète par son impossibilité seule le dédoublement en domaine de non-contradiction; dont on peut dire qu'il est non pas un tout plein, mais un donné dont l'infinité ne signifie pas la totalité, mais la pérennité. 
De ce point de vue, on constate le décalage entre la représentation de l'infini du point de vue de l'être et du point de vue de l'enversion : selon le premier plan, on raisonne en termes d'espace plus que de temps, en assujettissant le temps à l'espace et on conçoit l'infini comme le tout remplissant l'intégralité de l'espace. Du coup, on raisonne en termes de complétude et de totalité. Alors que l'infini désigne la faculté de pérennité dans un domaine qui n'a pas pour vocation la spatialisation et dont la dimension spatiale est relative à l'ordonnation dans l'être.

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