jeudi 22 octobre 2009

C'est la limitation qui permet le changement. Quand on se meut dans l'illimité, on ne peut changer puisque la partie se trouve noyée dans l'infini. Tandis qu'avec la technique de la finitudisation, on finit par maîtriser l'ensemble délimité et l'on progresse. On change quand on contrôle et qu'on maîtrise. Face à cette constatation, la croissance est constitutive de la spécificité humaine qui consiste à limiter. Les mouvements de décroissance sanctionnent impitoyablement un déclin de l'homme, qui consiste à disparaître pour ne pas changer. L'homme s'enferme dans la limite qu'il refuse de dépasser et qui, s'il ne la dépasse pas, est un sclérose purulente. L'homme de la limite est ainsi condamné au changement pour perdurer. Dans l'histoire humaine, le transcendantalisme est une certaine conception de la limite : physiquement, la limite se finit avec l'horizon terrestre. Dans cette conception, c'est le prolongement qui fonctionne : l'Être comme prolongement de l'être. L'horizon du transcendantalisme se clôt avec la clôture du mode de fonctionnement du prolongement. La fin de l'horizon terrestre donne deux routes : la route croissante de l'espace - et la route décroissante du repli sur la Terre. Le deuxième choix est nihiliste : c'est l'immanentisme. Derrière les raisons vertueuses, pragmatisme et nécessité, se cache la disparition programmatique de l'homme. Le premier choix est néanthéiste : la seule possibilité de fixer une nouvelle limite qui semble universelle, totale et globale est de se diriger vers l'espace, de casser l'ancienne norme dépassée et de comprendre que le mythe de l'harmonie fixe et parfaite est le symptôme de la mort.

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