samedi 17 octobre 2009

Si l'on veut comprendre l'inexorable marche de l'homme, l'homme est celui qui va sans cesse de l'avant, au sens où il agrandit sans cesse son territoire. L'animal (pour uniformiser toutes les espèces) n'agrandit pas son territoire. L'homme évolue sans cesse, comme l'illustre sa longue croissance. L'homme est la seule espèce à croissance continue. Croissance dans l'intervalle d'une vie humaine, mais aussi croissance qui se poursuit de générations en générations, par-delà les limites de la seule existence individuelle physique.
Cette originalité s'applique à l'apprentissage. L'homme est le seul animal à développer ses connaissances. D'où vient cette caractéristique qui fonde la supériorité de l'homme sur les autres espèces, à tel point que si l'homme demeure affilié à l'évolution, il n'est en même temps pas un animal au sens strict? Il est un animal doté de conscience, de savoir. Avant tout : de progression continue.
On a souvent tenté de définir de manière ultime l'homme comme l'animal religieux. De ce point de vue, l'homme change de système religieux à mesure qu'il accroît son territoire. Quand il est partagé en une myriade de tribus, il est polythéiste. Quand il tend à s'unifier, il vire au monothéisme. Cette évolution intervient depuis les débuts jusque vers l'époque moderne, ce qui constitue une période considérable et qui montre que la mémoire humaine contemporaine ne retient des péripéties de son espèce que les dernières bribes.
Depuis que l'homme a achevé son unification sur le globe de son apparition, il végète, il stagne. L'immanentisme se développe comme nihilisme. Le malthusianisme et l'eugénisme jumeau apparaissent comme horizons moroses et suicidaires (décroître au lieu de croître, l'inversion ou la perversion du sens). De cette constatation on peut inférer que le divin est la projection de l'homme, son image. Dieu conçu à l'image de l'homme : principe du religieux.
L'homme projette sur le divin son état dans le réel. L'homme partie de la Terre-Tout : c'est le transcendantalisme. A l'intérieur de cette mentalité, le polythéisme signale la pluralité des hommes, scindés en tribus. Le monothéisme intervient avec l'unification de l'homme. L'unification de l'homme se manifeste par la possession de la Terre. La fin du transcendantalisme intervient avec la fin du mystère de la Terre.
C'est quand la Terre cesse d'être l'ensemble plat pour devenir
une planète sphéroïde (à l'instar d'une kyrielle d'autres) que le transcendantalisme implose et que l'homme perd la boule - dans le nihilisme. Pourquoi le transcendantalisme est-il relié si étroitement à la Terre?
C'est que dans l'imaginaire humain, la Terre est l'incarnation finie du monde. Le monde de l'homme ne peut dépasser la Terre, car la Terre est le monde. On imagine la révolution de la Terre ronde et partielle (infime) : le monde de l'homme change, il explose. L'action transcendantale comme conception du religieux s'explique parce que Dieu ne peut que transcender à l'ensemble du monde terrestre qui est l'ensemble du monde physique.
Dieu vient après le monde sensible. Le monde sensible coïncidant avec le globe plat et totalisant, Dieu est ce qui transcende à ce monde. Il prolonge le monde total en le transcendant. Il donne du monde une image fausse en ce qu'il prolonge le fini intégral par l'adjonction d'un complément qui ne peut être que transcendantal. Le transcendantalisme est l'action qui prolonge et limite.

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