samedi 16 avril 2011

Le nihilisme : comment parvient-il à trouver un écho qui perdure, voire une fascination récurrente? Le nihilisme en promettant le néant et la destruction (son visage premier et effectif) ne présenterait rien d'attrayant ni de positif. Le caractère attrayant du nihilisme tient à son identification de l'état. C'est le nihilisme qui réalise le rêve de l'ontologie de proposer un état fixe et immuable; à ceci près que le résultat de l'ontologie est l'Etre, quand le résultat du nihilisme est le rien, le néant - ou le vide (le terme physique de vide réduit la question ontologique à la représentation physique). Comment le nihilisme parvient-il à isoler l'état? Son erreur consiste précisément à isoler l'état. Car il n'y parvient qu'au prix de l'adjonction du néant irrationnel et inexplicable. La structure du réel se délivre ici, dans cette remarque antinihiliste. Alors que le transcendantalisme, quelles que soient ses propres approximations, sent que l'état n'est qu'une approximation faussée du réel et que le réel ne correspond pas à la définition de l'état, mais à la dynamique qui lui échappe. D'où la définition fausse du nihilisme concernant le réel, qui correspond à un fantasme de définir de manière fixiste au niveau ultime et suprême (fondamental). Du coup, comme le réel n'est pas fixiste, cette définition sclérosante aboutit à créer un manque qu'il convient de réparer de manière désespérée, voire désinvolte, par la production irrationaliste du vide. La fascination du nihilisme est de proposer l'état simple et palpable. Ce qui fait que la fascination perdure malgré l'erreur manifeste et intenable du schéma théorique, c'est que le nihilisme part de l'intuition selon laquelle le réel n'est pas uniforme ni homogène; mais protéiforme - hétérogène. Problème : le nihilisme parvient à isoler le réel en lui adjoignant le néant. L'erreur du nihilisme consiste moins à postuler l'existence paradoxale du néant, cohérente avec la définition de l'état, que l'existence expérimentable (par les sens) de l'état, avec en outre une universalisation paradoxale de l'état : car l'état ne se trouve pas agrandi, mais complet. D'où le fait que l'état n'est pas complet puisqu'il en l'est qu'avec l'adjonction inavouable du néant et que le nihilisme ne parvient jamais à dépasser le deux antagonismes.

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