jeudi 23 juillet 2015

L'activité philosophique est parfois décrite comme le fait de penser l'ensemble du réel, sans qu'on nous explique alors comment on y parviendrait. Autre défaut de cette proposition : elle propose une image du réel stable, sans chercher à expliquer le changement. On peine à expliquer l'origine des idées. Qu'est-ce que la créativité? Au lieu d'en faire une spécificité divine, dont la capacité humaine ne serait que le dégradé, ce qui n'explique pas davantage la créativité en tant que telle, il serait temps de se demander ce qui fait la spécificité de la créativité par rapport à la raison. Pourquoi envisager la créativité comme une faculté plus que comme un état - alors que la raison est définie selon cette seconde acception? Il est étonnant qu'on envisage la raison comme la faculté propre à la philosophie, car son activité propre consiste à diviser ce qui est, à décortiquer ce qui est. Comme telle, ses ressources sont importantes et il n'est cohérent que la raison ait été tenue pour la faculté propre à la philosophie, sauf si celle-ci se déploie dans l’univers de l'être. En découvrant que la philosophie a pour mission principale de permettre à l'homme de sortir de l'être exclusif, de cette vision atavique du réel homogène, la philosophie se rend compte par là même que la raison n'est pas la faculté qui définit la philosophie. C'est en se rendant compte que le réel est composé de malléabilité et d'être que la philosophie prend conscience de ce qu'est la créativité, tant pour elle que pour les pratiques artistiques, qui en constituent l’approche indirecte : c'est la faculté, non à embraser l'ensemble du réel tel qu'il est donné, mais le réel tel qu'il évolue, de telle sorte que se montrer créatif, c'est appréhender le réel tel qu’il sera et donc connecter l'être avec le malléable, au moins sur la prochaine forme. Raison pour laquelle on se montre surpris de ce que les œuvres véritablement créatives anticipent sur sur ce que le réel est devenu. 

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