jeudi 27 août 2009

Avant d'introduire le principe du néanthéisme, un rappel succinct des deux principes qui meuvent le transcendantalisme :
1) l'on part du principe qu'il faut une prolongation;
2) l'on part du principe connexe qu'il faut une limitation.

Le néanthéisme propose simplement de définir le néant comme ce qui est. Par rapport au sensible qui est, le néant est - aussi. Dans le dualisme nihiliste, le néant n'est pas. Il n'est pas possible de concevoir le néant positivement sans mener son concepteur vers le néant qui l'aspire dans la mesure où il y aspire. Le néant positif est le centre de gravitation de la pensée nihiliste. Cette pense est incohérente. En réaction à cette pensée fausse et dangereuse, le transcendantalisme a opposé ce postulat inverse et fort : il n'y a que de l'Etre - que quelque chose. La question métaphysique : "Pourquoi quelque chose plutôt que rien?" résume cette pensée transcendantaliste. Quand le transcendantalisme s'est effondré, l'Etre s'est effondré. L'Etre est le concept central et explicite du monothéisme, mais il a toujours existé en régime transcendantaliste. L'Etre qui s'effondre, c'est le retour du néant. L'immanentisme moderne remet à l'honneur le nihilisme atavique parce que soudain le concept de Dieu/Être perd en netteté. Dieu monothéiste ou l'Etre ontologique et rationaliste sont une conception totalisante où le sensible est conçu comme partie. Pour compléter cette partie et tendre vers le tout, on dispose de deux solutions complémentaires :
1) on fait de notions comme le hasard des points de détail et des quantités négligeables;
2) on prolonge l'être sensible, qu'un Heidegger appelle les étants, en Être.
Selon le schéma platonicien, si le sensible est la partie, il n'est partie que parce qu'il est morcèlement du tout qui est l'Etre, soit son prolongement. L'effondrement de l'Etre signifie que le prolongement s'effondre. Pour que le prolongement s'effondre, il faut que la spéculation ontologico-métaphysique se soit évanouie sous les coups de buttoir de la science moderne. Quelle est la spécificité de la démarche moderne? Montrer que les conceptions monothéistes (et leur branche métaphysique) sont fausses dans le sensible. Donc si le sensible est une représentation fausse, alors le prolongement comporte des erreurs plus grandes encore.
La réhabilitation du nihilisme sous les traits de l'immanentisme découle de la rupture avec le prolongement être/Être. C'est pourquoi le néant a besoin d'une approche religieuse viable, étant entendu que le nihilisme est une religion perverse, tenant autour du déni (religion du déni de la religion). Le religieux néanthéiste suppose que le prolongement soit commué en complémentarité.
Le néant n'est pas l'inverse de l'être comme dans le nihilisme où le dualisme est exacerbé. Il en est l'
envers. L'endroit et l'envers sont les nouveaux pôles relationnels du néanthéisme, au même titre que le même et l'autre étaient les repères du transcendantalisme. Le même et l'autre impliquent que l'on se situe sur la même ligne du prolongement. Prolongement dont la donne la plus logique consiste à instaurer le même comme le domaine du divin.
Dans le néanthéisme, le rapport d'
enversion induit la complémentarité au sein du réel. On entérine la fin du prolongement, que l'on remplace par l'enversion. Reste à savoir si la deuxième grande caractéristique du transcendantalisme, la limite, est chamboulée à son tour. L'Etre se présente comme la définition de l'infini et de l'illimité dans la mesure paradoxale et compréhensible où il est justement limité.
La limitation de l'Etre se manifeste par le fait que l'Etre se trouve intégré dans le monde de l'homme. Pour que l'homme ait un monde habitable, viable, il a besoin d'un horizon qui dépasse son quotidien et ce qu'il peut expérimenter. L'idée de
gémellité remplace la finitude et lui donne une nouvelle tournure. L'infini comme expression finie était la seule possibilité de l'Etre prolongement. La gémellité crée l'idée d'un vis-à-vis ou d'un indéfini aller-retour qui crée les conditions de définition de l'infini. Le jeu de miroir ou le reflet indéfini sont les deux expressions qui viennent pour définir ce rapport qui se manifeste dans l'échange plus que dans les termes.

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