vendredi 20 novembre 2009

L'ontologie classique tire deux couples célèbres : le même et l'autre; et son parent : la différence et la répétition. Je me méfie de l'usage immanentiste qu'un postmoderne minable et dégénéré, dont le surnom devrait être le Défenestré, a fait du couple différence et répétition. Dans cette acception/conception, d'une part, la différence indique une séparation violente, avec en son programme le déchirement de l'être à partir du néant - l'existence pure du néant; d'autre part, la répétition contient une action de répétition qui signe la redite. Cette action trouve sa correspondance dans l'Éternel Retour du Même de Nietzsche et dans l'apologie de la tautologie selon Rosset.
Le mieux est de repartir de la dyade même/autre. Derrière cette association, Platon entrevoit l'Un, soit la réconciliation de l'Être ou la présence de Dieu. Dans l'histoire du transcendantalisme, l'homme qui naît au monde en Afrique (probablement autour de la région des Grands Lacs au Kenya) ne procède pas au même comme à la répétition. La répétition contient une impression de redite ou de réitération qui envisage l'éternité sur le mode du néant pur. C'est un schéma nihiliste qui s'exprime. La différence n'est pas l'autre. La différence implique l'arrachement au néant, soit le lieu de l'être pur.
Le même signifie la permanence, notion qui diffère de la répétition. La répétition est une forme obsessionnelle et maniaque du même. Le
même indique l'unité. Comment? Par la ressemblance. Loin de la répétition, l'ontologie classique se trouve dans la ressemblance. L'éternité est perçue comme cette ressemblance qui accouche de l'unité. L'autre dénote la différence et la distinction. A partir de quoi? A partir du même, soit de la ressemblance. Nous avons une différence immanentiste qui est arrachement, soit manque de distinction; quand la différence classique est marque de distinction, soit dédoublement à partir de l'un référence.
Selon le schéma ontologique qui est un schéma religieux, un amoindrissement rationnel du religieux, l'explication de l'autre à partir de l'un contient une contradiction : si l'autre est contenu dans le même, ainsi que le clame Platon à la suite des prêtres polythéistes égyptiens, les opérations internes de distinction deviennent inexplicables. Qu'est-ce que cet un qui a besoin du deux pour être - un? L'explication du prolongement est insuffisante puisque l'unité est suffisante - à elle-même.
Dans cette optique, l'interprétation ontologico-religieuse de Simone Weil est surtout totalement pénétrée de mysticisme immanentiste : le sensible dégénéré qui serait un prolongement de l'Être est tout à fait inexplicable. Elle est une déformation de la doctrine ontologique tirée du polythéisme, mais surtout une représentation aussi simplifiée qu'aberrante de l'ontologie antique, comme une inscription immanentiste inscrite dans l'espace newtonien.
L'analyse ontologique montre assez que l'ontologie est le discours rationnel qui prétend surmonter le religieux en le reprenant dans les grandes lignes. L'ontologie naît avec les balbutiements du monothéisme, notamment en Égypte. L'ontologie n'est jamais qu'une sous-branche du religieux. Le religieux ne s'embarrasse pas avec le sens de sa démarche. Le religieux marche. Il donne sens. L'ontologie donne le sens du sens. Elle donne moins sens.

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