lundi 2 novembre 2009

Le temps est le complément infini du fini.

Pour poursuivre sur la notion de temps et de néant, au point qu'on pourrait proposer le pastiche
Néant et temps, le temps pose la question du réel. C'est une question religieuse. Dans un rapport transcendantaliste, le temps est inexplicable parce qu'on ne comprend pas ce processus de déroulement à partir d'une conception où le changement est secondaire. On nous explique que le sensible est la partie dégénérée de l'Être. Le temps serait ainsi comme le symbole inexplicable de cette dégénérescence. Le summum du mystère (dans un sens mineur et négatif) culmine avec les interprétations de Simone Weil qui finit par rendre le sensible inutile par rapport à la perfection de l'Être. Dans une optique néanthéiste, le temps est la figuration approximative et déformée du néant positif. Le sensible est une partie ordonnée du réel. Toute partie est fractionnée en donné ordonné. Le morcèlement exprime le mélange inextricable et rédupliqué du néant et de l'être au sein du réel.
Le mélange engendre des séparations infinies parce que le propre du néant est d'échapper à des catégorisations finies. Le processus temporel qui tend à créer un continuum linéaire selon les sens humains indique que nous ne percevons de la réalité que ce qui est ordonné par rapport à ce que nous nommons sensible. Le reste du réel, cette partie néanthéiste vaste et vague, se reporte en temps, soit en complément fractionné et multiple du sensible. Le temps est l'expression d'une limite, qui fait que nous sommes coincés dans une perspective qui nous interdit de comprendre que nous sommes des parties imbriquées dans d'autres parties - morcèlement à l'infini.
Ce que nous appelons instants est divisible à l'infini et ne vaut que par rapport à des conventions. Au fond, le temps est identique à l'espace et doit être approché en termes de morcèlements. Derrière le temps, c'est la question de l'infini qui surgit. Le déroulement du temps est l'inscription de l'infini dans le fini. Le temps est le complément infini du fini.
La limite infinie du fini est le temps - comme rappel et réduplication de l'infini. L'infini n'est pas le prolongement inexplicable de l'Être, mais l'
envers du sensible. Si nous ne parvenons pas à comprendre le temps, c'est à cause de cette configuration d'enversion. L'infini néanthéiste désigne l'indéfini réfléchissement des ordonnations entre l'ordre pur et le néant pur, qui tous deux sont des abstractions et des approximations commodes. La texture du réel n'est pas de l'ordre de la finitude d'un corps délimité.
Elle est dans la réciprocité du rapport d'envers. Le temps ne signifie pas la limite de l'Être, mais ce mécanisme de réfléchissement et le fait que pour donner sens au phénomène temporel, il faudrait sortir de la dimension sensible et maîtriser l'ensemble des jeux de miroirs qui morcèlent le réel en une myriade de dimensions. Le temps est une barrière qui nous signale l'existence de ces dimensions sans que nous puissions par nos sens rivés au champ sensible y accéder.
Nous sommes trop attachés à notre dimension pour effectuer une opération que seule la mort nous oblige à effectuer. De ce point de vue, le morcèlement indique que nous sommes à la fois l'ensemble des morcèlements et le morcèlement dans lequel nous sommes circonscrits. Le lien entre le sensible et les autres morcèlements est souligné par le temps comme limite. Nos expériences les plus intimes sont aussi les plus évocatrices de cette barrière qui indique la présence du néant : le temps, l'espace, la mort.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire