mardi 5 février 2013

La fin = le commencement signifie, non pas qu'il existe une réalité supérieure à l'être fini, l'Etre de l'ontologie par exemple, mais que le réel consiste en l'enversion, soit un schéma anti-immanentiste qui se tiendrait sur le même plan et qui recourt à des équivalences données. C'est le problème que rencontre le discours transcendantaliste, dont l'ontologie n'est qu'une expression intervenant dans l'avènement de la philosophie et constituant la tentative de se poser en discours rationaliste religieux de type rationaliste. Platon exprime cette tentative, que Nietzsche railla depuis son point de vue d'immanentiste tardif et dégénéré.
Nietzsche avait compris que la religiosité ontologique constituait l'antagonisme du discours religieux, discours rationaliste et humain dans la mesure où il essaye de s'opposer à la religiosité transcendantaliste, avec une antienne : seul le monde de l'homme importe dans le réel. Nieztsche martèle : le discours religieux transcendantaliste selon lequel Dieu existe au-delà de l'homme est faux. C'est une espérance, une superstition, créneau que lancera Spinoza et que les spinozistes depuis s'ingénient à répéter.
La philosophie est religieuse pour le nihiliste dans le sens antagoniste à la philosophie religieuse telle que l'espère l'ontologue. Mais les deux ont pour point commun de ne parvenir à définir le réel. Le nihilisme est le premier mouvement, l'impulsion spontanée de l'homme, qui, confronté à la pensée, fuit l'essentiel pour se concentrer sur l'immédiat : ne pas connaître pour mieux savoir. Le nihilisme propose l'antagonisme être/non-être, avec l'anti-définition paresseuse que constitue le non-être. Le transcendantalisme propose une définition en homogénéité, l'Etre, qui englobe l'être et déduit l'englobement du prolongement.
Les deux définitions opposées (donc identiques) ont pour défaut commun de rater le réel : l'observateur du réel ne voit jamais que du donné, de l'homogène et du fini. C'est, tout simplement, parce qu'il n'existe que du donné, de l'homogène et du fini. Comment accepter l'hypothèse de l'Etre, alors qu'il n'est jamais visible et qu'aucune expérience ne témoigne de cette existence? Comment accepter le non-être, alors que cette sous-définition, de type négatif, se contente de ne pas s'occuper de ce qu'on ne comprend pas - en décrétant que ce qui ne se comprend pas immédiatement ne peut se comprendre.
Périodiquement, face à l'avancée de la connaissance, qui contredit sa négativité générale, le nihilisme est contraint de s'ajuster pour ne pas proposer des savoirs obsolètes et ridiculisées. C'est ainsi que face à l'avancée de la science expérimentale, l'aggiornamento de la métaphysique originelle, de mouture aristotélicienne, était nécessaire : ce fut en métaphysique le rôle du cartésianisme, et en science les théories épistémologiques autour de Newton. Aujourd'hui que la métaphysique est morte, le nihilisme pour survivre devra aller au-delà de la logique néo-positiviste de type analytique. Elle ne dispose plus de théorie concurrente face à l'effondrement du transcendantalisme. 
Quant au fait que l'observateur ne peut jamais se représenter de différence qualitative entre le réel immédiat et ce qui le complète, c'est tout simplement parce que ce type de représentation est illusoire. Il n'existe pas d'autre réel que le réel tel qu'il apparaît. Cette affirmation triviale ne recoupe-t-elle pas ou ne retrouve-t-elle pas la doctrine nihiliste, qui est anti-théorique et obscurantiste dans le sens complémentaire du pédantisme? D'une part, le nihilisme ne professe pas que le réel tel qu'il est existe, mais que le réel tel qu'il est coexiste avec le non-être. Ensuite,  le réel tel qu'il est signifie l'application de la doctrine cartésienne, selon laquelle le métaphysicien doit pactiser avec l'explication divine, donc transcendantaliste, à partir du moment où il lui confère des accents irrationalistes.
Reste une hypothèse : le néanthéisme n'a pas besoin d'expliquer l'espace vacant à côté et au-delà de l'être fini. Il introduit une hypothèse qui est contraire au nihilisme et qui le classe dans la continuité du transcendantalisme : l'extensibilité, la malléabilité. Alors que l'Etre est inexplicable, quasi miraculeux, alors que le nihilisme ne peut expliquer davantage le non-être, intégralement négatif, le néanthéisme propose la propriété de l'extensibilité qui explique à la foi que l'être soit fini et que sa finitude croisse et se montre changeante.

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